Après 13 ans de calvaire, enfin libre : Julian Assange, l’homme qui a fait capituler l’Empire américain

Après 13 ans de calvaire, enfin libre : Julian Assange, l’homme qui a fait capituler l’Empire américain

Par Jack Dion

Publié le 25/06/2024 à 12:07

Au terme d’un compromis juridique, le fondateur de Wikileaks, poursuivi pour « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale », a retrouvé la liberté et échappe à la menace de prison à vie aux Etats-Unis. Les documents qu’il a révélés nous ont permis de ne rien ignorer des crimes de guerre américains en Irak, des conditions de vie à Guantanamo. Entre autres.

On avait fini par désespérer de son cas, tant les Etats-Unis en avaient fait l’homme à abattre. Pourtant, c’est fait : Julian Assange est libre. Le fondateur de Wikileaks était menacé d’extradition vers un pays qui entendait le jeter en prison pour le reste de ses jours, en raison de ses révélations – via la publication de centaines de milliers de documents confidentiels – sur les crimes de guerre américains en Irak et en Afghanistan. Le voilà assuré de pouvoir en finir avec un calvaire qui dure depuis 13 ans et qui l’avait mené dans une prison de haute sécurité de Belmarsh (surnommée « Our Guantanamo »), au Royaume-Uni. 

À 52 ans, Julian Assange va retrouver sa femme, ses enfants, sa famille, ses amis et une vie (presque) normale, si tant est qu’on puisse se remettre d’un tel chemin de croix.

Ce qu’on doit à Assange

Sa libération est le fruit d’un accord juridique qui lui permet d’échapper à la sentence initialement prévue. Désormais poursuivi pour « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale », Julian Assange a accepté de plaider coupable devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire américain du Pacifique. Il devrait être condamné à 62 mois de prison, déjà purgés en détention provisoire à Londres. Il pourra donc regagner libre son Australie natale, pays dont le gouvernement a multiplié les interventions afin d’arriver à une telle issue. 

On n’en dira pas autant de certains autres, à commencer par les membres de l’Union Européenne, dont la France, qui a oublié à l’occasion qu’elle était le pays des droits de l’homme. Quand il s’agissait d’Alexeï Navalny et de Vladimir Poutine, l’Elysée donnait de la voix. Mais pour Julian Assange, le silence était de mise. Pas question de froisser le grand frère américain, alors pourtant que l’actuel Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, fut l’un des avocats du fondateur de Wikileaks. Visiblement, il ne s’en souvient plus. On pourrait en dire autant d’associations et de journaux qui avaient fini par abandonner Julian Assange à son triste sort après l’avoir encensé.

C’est grâce à lui que l’on n’ignore rien des crimes de guerre de l’armée américaine en Irak ; des conditions de détention dans les geôles de Guantanamo, ce morceau de territoire cubain occupé par les Etats-Unis ; du régime Assad et ses sbires en Syrie; de l’espionnage des principaux dirigeants européens par les services américains ; ou des étranges pratiques d’oligarques ayant pignon sur rue. Rien que pour ça, le fondateur de Wikileaks mériterait le respect de tous ceux qui attendent de la presse qu’elle joue son rôle. 

Lâché 

Pourtant, des journaux comme Le Monde et Libération ont fini par le lâcher. Le journal du soir , qui l’avait salué en 2010 comme le « héros de l’année », n’a pas hésité à évoquer ses « impasses », son prétendu aveuglement anti-américain, voire ses compromissions avec le régime russe.

Libération a repris les mêmes sous-entendus en dénonçant son « activisme contre Hillary Clinton » lors de la présidentielle de 2016. Assange était alors soupçonné d’avoir surfé « sans honte aucune sur le soutien opportuniste des franges trumpistes les plus radicales et complotistes ». Pour Libé , c’était « la trace évidente d’une opération des services de renseignement russes » (sic).

Problèmes de digestion

En vérité, certains n’ont jamais digéré les révélations de Julian Assange. À défaut de le démentir, ils ont donc entrepris de le décrédibiliser, en fabriquant des accusations de viol qui n’ont jamais abouti, en le suspectant d’avoir fait battre Hillary Clinton alors qu’elle était assez grande pour perdre toute seule, on en le faisant passer pour un agent du Kremlin. C’est désormais une règle d’or : derrière tout dénonciateur de l’Empire américain, il y a forcément un homme de main de Poutine.

À LIRE AUSSI : Procédures contre Julian Assange : « Trop, c’est trop », dénonce le Premier ministre australien

D’autres, heureusement, n’ont pas pris ces chemins de traverse et ont su garder le sens de l’honneur. La campagne en faveur de Julian Assange a gagné toute la planète, avec des soutiens parfois inattendus. Elle a fini par avoir un écho jusqu’à la Maison Blanche, alors même que Joe Biden s’était promis d’avoir la tête d’un homme qui lui a donné des sueurs froides. À la veille d’une élection présidentielle fort incertaine pour lui, le président américain a dû considérer qu’il lui suffisait d’avoir le dossier Gaza sur les bras, et qu’à défaut de se débarrasser de Netanyahou, il pouvait déjà en finir avec une affaire qui minait sa réputation. 

Persister à considérer le fondateur de Wikileaks comme un espion devenait délicat. Persister à lui infliger un traitement qualifié de « torture mentale » par un représentant de l’ONU devenait politiquement dangereux. Tant mieux pour Julian Assange et pour tous ceux qui l’ont défendu contre les pires calomnies. On laissera les autres se regarder dans une glace, au risque d’être tentés de l’essuyer.                

Source : Marianne

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À propos de l'auteur Profession Gendarme

L'Association Professionnelle Gendarmerie (APG) a pour objet l’expression, l’information et la défense des droits et intérêts matériels et moraux des personnels militaires de la gendarmerie et de toutes les Forces de l'ordre.Éditeur : Ronald Guillaumont

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