Pour une raison assez surprenante, alors que le secrétaire général de l’OTAN Stoltenberg annonce que, dans le cadre de la guerre contre la Russie, les pays de l’OTAN, dont la France fait partie, discutent de mettre les armes nucléaires en alerte, les médias français restent d’une discrétion très appliquée. Cela pourtant nous concerne, puisque la France est la seule puissance nucléaire en Europe [continentale, ou de l’UE, NDLR]. Et qu’en cas de confrontation directe avec la Russie, les pays européens seront à nouveau un champ de bataille, avant de ne devenir un champ de ruines.
Jans Stoltenberg, dans une interview au Daily Telegraph, vient de déclarer qu’une discussion est conduite entre les pays de l’OTAN, afin de mettre l’arsenal nucléaire en alerte.
« Je n’entrerai pas dans les détails opérationnels sur le nombre d’ogives nucléaires qui devraient être opérationnelles et celles qui devraient être stockées, mais nous devons nous consulter sur ces questions. C’est exactement ce que nous faisons. »
L’idéal de l’OTAN serait, paraît-il, de construire un monde sans nucléaire, mais puisque ces armes existent, l’OTAN doit rester prête. Surtout face à la menace présentée par la Russie et la Chine. Dans un gloubiboulga géopolitique, il déclarait déjà le 12 juin que l’arme nucléaire était la garantie ultime de la paix.
L’on appréciera également la précision :
S’il est bien connu que les États-Unis ont déployé des bombes nucléaires dans plusieurs endroits en Europe, l’OTAN parle rarement publiquement de ces armes.
Ces déclarations interviennent, alors qu’il y a peu, il démentait la dispersion des armes nucléaires américaines dans les pays européens, à moins qu’il ne s’agissait de manière typiquement hypocrite, de la dispersion d’armes nucléaires dans de nouveaux pays européens, en plus de ceux dans lesquels ces armes sont déjà discrètement dispersées…
Bref, l’Europe est prévue pour être le champ de bataille, où les élites atlantistes vont défendre contre la Russie au prix de nos pays leurs intérêts supérieurs. Rappelons que sur le continent européen, se trouvent donc des têtes nucléaires françaises, puisque la France est la seule puissance nucléaire européenne continentale, et des têtes nucléaires américaines.
La déclaration de Stoltenberg intervient alors que le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) vient de publier son rapport sur les armes nucléaires dans le monde. Ainsi, les neuf puissances nucléaires, à savoir officiellement 5 avec la Grande-Bretagne, les États-Unis, la Russie, la Chine et la France, auxquelles on ajoute 4 non officielles avec Israël, l’Inde, la Corée du Nord et le Pakistan, ont toutes développé de nouvelles armes.
Le stock mondial s’élevait à 12 121 ogives nucléaires, dont 9 585 étaient en réserve en janvier 2024. Les États-Unis et la Russie possèdent environ 90 % de toutes les armes nucléaires de la planète. Au cours de l’année, la Chine a considérablement augmenté son arsenal, passant de 410 ogives nucléaires en 2023 à 500 en 2024.
Selon Stoltenberg, les Américains et les Européens modernisent leurs stocks d’armes nucléaires, face à la menace russe.
Les troupes américaines modernisent les bombes gravitationnelles, les pays européens modernisent les avions destinés à la mission nucléaire de l’OTAN. De plus, la Grande-Bretagne dispose d’un arsenal nucléaire.
La facilité avec laquelle le recours à l’arme nucléaire est envisagé en Occident tant dans le discours politique, que médiatique par les experts de plateau, est inquiétante. L’arme nucléaire a été conçue à l’époque comme l’arme ultime, car si elle est employée, nous pouvons au minimum détruire notre écosystème, c’est-à-dire l’équilibre naturel qui nous permet de vivre, voire détruire notre planète. Or, il semblerait que la peur du nucléaire ait quitté nos élites parfaitement hors-sol. La guerre, pour elles, est une sorte de jeu vidéo, où les parties peuvent être rejouées tant que les joueurs n’en sont pas fatigués. Or, la partie nucléaire ne se joue qu’une seule fois.
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