Chaque prédateur a sa proie préférée : le Lion aime le Buffle, la Hyène le Gnou, le Guépard l’Antilope, et le Léopard le Phacochère. À la Rédaction, certains aiment l’entrecôte, d’autres les pâtes, c’est un peu en fonction du rang dans l’organisation.
Cependant, ces herbivores sont tous armés : le Buffle possède de terribles cornes qui peuvent éventrer une lionne d’un coup, le Gnou a pour lui sa vitesse de course, l’Antilope peut faire des bonds de six mètres de longueur sur deux de hauteur (mais quinze et quatre pour les springboks !), et le Phacochère dispose de quatre canines tranchantes. Plus de cris stridents assez pénibles à supporter. On dirait une alarme quand on ouvre un coffre-fort avec des diamants.
Intéressons-nous à la chasse du Léopard : le félin devra donc, s’il saute sur un phacochère, éviter ces paires de couteaux. D’où la prise par derrière, comme suit, avec des pattes larges et griffues qui permettent de maintenir toute réplique à distance, comme une clé au sol avec étranglement en MMA :
Autre illustration avec un gros phacochère se croyant en totale impunité, genre intouchable, et qui se fourre tout seul dans la gueule du loup.
La mise à mort peut être longue, et le risque, pour le léopard qui a assuré sa prise, c’est de voir venir les hyènes, toujours voleuses, à l’affût d’une proie déjà tuée. C’est le grognement de l’animal agonisant et ses cris stridents qui attirent ces paparazzis de la savane !
Le Léopard peut aussi se contenter de petits phacochères, comme ici, mais ça fout un peu la honte : l’animal noble prend confiance quand il tue une grosse proie. Abattre un phacochère obèse donne des ailes !
En politique, c’est un peu pareil : les gros prédateurs aiment bouffer de grosses proies. Mais ce qui est spécial en politique, par rapport à la savane, c’est que les prédateurs peuvent devenir des proies, ça dépend des saisons, et du contexte international.
Par exemple, à la fin des années 20 en Allemagne, le peuple allemand est en quelque sorte la proie de l’oligarchie ; trois ans plus tard, c’est l’inverse, l’oligarchie devient la proie du peuple. On ne peut donc pas dire untel est un léopard, untel un phacochère.
Normalement, chez nous, en France, celui qui se situe tout en haut de la chaîne alimentaire s’appelle le Président. Théoriquement, personne ne peut le bouffer, sauf cas exceptionnel, quand un troupeau entier vient le chercher là où il est, là où il donne des leçons, là où il déconne parfois. Ça s’appelle la révolution et ça chamboule toute la chaîne alimentaire.
Dans la Russie de 1921, la société est renversée cul par-dessus tête. Naturellement, cela donne lieu à quelques épisodes délicats, les proies d’hier en voulant un petit peu à leurs anciens prédateurs.
Chez les animaux, l’ordre des choses est plus immuable : le Léopard, sauf erreur de stratégie, a raison du Phacochère.
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