Rafah était la dernière zone de la bande de Gaza qui n’avait pas encore été détruite par l’entité sioniste. De nombreux pays l’ont appelée à ne pas attaquer Rafah – en vain. Parce qu’elle ne tient compte de personne ni de rien, ne respecte personne ni rien et est au-dessus de tout et de tout le monde. C’est une chose en soi. Une aberration.
Ce qui a commencé comme un avant-poste colonial occidental proliférant par calcul, s’est métastasé en une machine à tuer… qui est même en train d’accélérer sa propre disparition (bien que pas assez vite). Comme l’a dit Norman Finkelstein dans cette interview extraordinaire : « ‘Israël’ a maintenant atteint un endroit insensé où la survie, non seulement des régions, mais de la planète, est en jeu. »
La grande et nue question * qui restera dans les livres d’histoire (si l’humanité survit aux plans de l’entité sioniste) est : pourquoi le reste du monde a-t-il été incapable d’arrêter le génocide ?
On peut d’ores et déjà exclure « l’Occident » (le monde anglophone et l’Europe) de cette question, car il est et a été le moteur de cette monstruosité ; cet avant-poste colonial incarne l’essence même du monde occidental contemporain – sa morale, ses principes, ses objectifs. Il représente le sommet de 500 ans d’avidité, d’hypocrisie, d’orgueil, d’exploitation, de pillage, de racisme, de colonialisme et de génocide.
Et le reste du monde ?
Les Palestiniens eux-mêmes se battent pour leur vie depuis la création de « l’État d’Israël » ; malgré les innombrables morts et les souffrances indescriptibles, leur esprit continue de perdurer. Le Yémen est désormais profondément engagé dans cette bataille et la considère comme leur lutte commune. L’ensemble de l’Axe de la Résistance en Asie occidentale fait ce qu’il peut pour contrer les crimes sionistes. Les représailles iraniennes ont remonté le moral des Palestiniens et de l’Axe de la Résistance et ont changé le paradigme en Asie occidentale. L’Afrique du Sud a essayé de faire ce qu’elle pouvait avec son dossier devant la Cour internationale de Justice et continue de chercher à obtenir des mesures punitives supplémentaires. La Colombie a rompu ses liens avec « Israël » et le Nicaragua a accusé l’Allemagne de complicité avec le génocide devant la CIJ. La Russie – parallèlement à sa lutte contre le nazisme dans « l’autre guerre » en Ukraine – est le fer de lance de la création d’un monde multipolaire ; et la Russie et la Chine condamnent le génocide, ainsi que de nombreux autres pays. 143 États membres de l’ONU sur 193 ont voté pour reconnaître l’État palestinien. Partout dans le monde, des étudiants, des universitaires et d’autres jeunes ont finalement commencé à protester contre le génocide.
La majorité mondiale – 88 % de la planète – est en opposition contre la minorité – l’Empire et les vassaux en Europe – qui soutient directement et indirectement et même légitime le génocide.
Et pourtant… les massacres continuent
Certes, on peut chercher à justifier cet échec de la majorité mondiale – 88 % de la planète – à mettre fin au génocide en disant : « c’est compliqué », « ce n’est pas notre guerre ; nos nations sont confrontées à leurs propres conflits et menaces », « les sionistes ont des armes nucléaires et les utiliseront contre nous lorsqu’ils seront acculés », « nous ne pouvons pas engager une escalade qui provoquerait la Troisième Guerre mondiale », « les gens au sommet de l’économie mondiale sont des sionistes », « nous n’avons pas le structures juridiques internationales pour nous impliquer directement », « nous devons penser aux conséquences économiques », « l’entité sioniste s’use et se suicide, il faut juste être patient », « il faudra du temps pour créer une nouvelle et une ONU plus juste », « nous devons attendre un ‘nouvel ordre mondial’ pour -…”
Et alors… les massacres continuent
À un moment donné dans le futur – si la planète existe encore – soit la totalité ou la plupart des Palestiniens auront été massacrés et le reste expulsé, comme le prévoit le plan sioniste, ou bien l’armée sioniste et la société sioniste se seront épuisées grâce à la stratégie d’usure employée par l’Axe de la Résistance et à l’esprit d’endurance des Palestiniens eux-mêmes (qu’ils auront payés à un prix incalculable). Dans ce dernier cas, ce triomphe leur appartiendra – et à eux seuls ! Le « Reste du Monde », moi y compris, devra vivre avec une cicatrice sur la conscience.
En attendant …
Aujourd’hui, à chaque instant, des innocents meurent d’une mort atroce. Bien sûr, pour l’instant, ils ne sont « que des Palestiniens ».
Ceux qui ne réalisent pas qu’il s’agit d’une guerre contre nous tous, d’une guerre contre l’humanité, d’une lutte entre responsabilité éthique et barbarie, se font des illusions et empêchent en fin de compte de trouver des solutions. Le génocide à Gaza n’est que la « partie visible » d’un programme plus vaste. Il ne faut pas oublier que l’entité sioniste n’est qu’un avant-poste colonial – ou, pour le dire dans une formulation plus contemporaine : « le porte-avions de l’Empire en Asie occidentale ». Et, comme je l’ai écrit dans un essai précédent, cette « entité » colonialiste se présente désormais comme une malédiction fatale pour les personnes de foi juive également.
Ces jours-ci, il y a des discussions entre Netanyahou et Biden sur le fait que Rafah soit une « ligne rouge » – mais ce ne sont que des mises en scène de façade. Douze sénateurs républicains auraient menacé les membres de la Cour pénale internationale de « sanctions sévères » si des mandats d’arrêt étaient émis contre des personnalités comme Netanyahou, Gallant et le chef d’état-major des forces d’occupation israéliennes (FOI), Herzi Halevi, pour crimes de guerre – ce qui serait interprété « non seulement comme une menace à la souveraineté d’Israël mais aussi à la souveraineté des États-Unis ». L’idée d’une entité sioniste commandant l’Empire est absurde et, comme d’habitude, constitue un détournement des véritables pouvoirs de l’Empire.
Nous ne pourrons pas procéder à la naissance d’un Nouveau Monde sans affronter tout cet « agenda »… et sans comprendre tout ce qu’implique le choix entre responsabilité éthique et barbarie.
Alors… comment pouvons-nous désormais parler sincèrement de « l’avenir de l’humanité » ?
Comment pouvons-nous maintenant parler, ne serait-ce que de manière pragmatique, d’un « futur monde multipolaire » – un monde plus équitable de nations diverses, libres et souveraines alors que la question la plus urgente et la plus essentielle concernant notre humanité ne peut pas seulement ne pas être traitée, mais ne peut même pas être formulée de manière officielle ?
Alors que nous espérons sortir d’un monde unipolaire en déclin et commencer à construire un nouveau monde multipolaire, la question se pose de savoir quelle place notre humanité et notre empathie y occuperont. Avons-nous un objectif commun ? Quelles sont nos ressources philosophiques et spirituelles ? Quelles sont nos valeurs les plus élevées et comment pouvons-nous les consacrer dans nos sociétés ? Et quel est le rôle de la culture aujourd’hui ?
Quand – à un certain moment où nous aurons tous survécu – les Palestiniens et l’Axe de la Résistance auront triomphé dans leurs luttes, ce seront eux qui auront les leçons les plus importantes à donner au monde.
Et j’espère que nous pourrons tous en tirer des leçons, non seulement sur la manière d’éviter de futurs génocides et la descente vers la barbarie, mais aussi sur la manière de nous concentrer davantage sur l’humanité.
La dédollarisation est vitale mais pas suffisante… la décolonisation est également nécessaire
Les esprits ont été colonisés partout dans le monde. Pour qu’un monde multipolaire de nations véritablement souveraines puisse naître, il devra se débarrasser des derniers vestiges du racisme, du colonialisme, du néolibéralisme, de la technophilie et de la destruction culturelle avec lesquels il s’est laissé infecter par les colonisateurs et les infiltrés de l’Occident moderne.
Pour commencer, des organisations aussi nobles que les BRICS+ peuvent-elles ouvrir une nouvelle catégorie pour leurs prochains sommets ? Parallèlement – ou peut-être même avant – à tous les sujets actuels importants que sont le commerce équitable, la coopération économique, l’amélioration de la logistique, la sécurité commune, les développements technologiques bénéfiques, etc., il existe des questions philosophiques, éthiques et civilisationnelles indispensables qui doivent être abordées. Les sujets culturels, sociaux et spirituels ne doivent pas être laissés de côté… car ils constituent le fondement d’une société juste.
* big and NAKED question : interrogation fondamentale ?
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir