Amnesty International radote — André LACROIX

Amnesty International radote — André LACROIX

Dans la perspective des élections du 9 juin – qui en Belgique seront non seulement européennes, mais aussi nationales et régionales – Amnesty International a lancé une vidéo humoristique dans laquelle les présidents de parti, figurés en pâte à modeler, s’engagent à faire exactement le contraire de ce qu’ils ont toujours fait (1). Ainsi, par exemple, le président du MR (ex parti libéral) s’engage à respecter le droit de manifester, le président des Engagés (ex parti social-chrétien) s’engage à prolonger le délai rendant possible une IVG, le Président du PS s’engage à ne plus exporter d’armes wallonnes, etc. Quant au Président du PTB (Parti du Travail de Belgique), il s’engage à dénoncer les crimes dont seraient victimes les Ouïghours.

Petit regard dans le rétroviseur

Il faut savoir que le PTB a été le seul parti en Belgique à ne pas céder à l’hystérie collective antichinoise. Le 15 juin 2021, au Parlement belge, il s’est prudemment abstenu de voter une résolution dénonçant un « risque sérieux de génocide » contre la minorité musulmane des Ouïghours. Ce qui lui a valu une volée de bois vert dans quasiment tous les médias (2).

Le 18 avril 2021, avait eu lieu, sur le plateau de RTL, un débat animé par Christophe Deborsu dans l’émission « C’est pas tous les jours dimanche » (3).

Ce débat opposait d’une part le député PTB Nabil Boukili et le professeur Emmanuel Wathelet, et d’autre part le député écolo Samuel Cogolati et Philippe Hensmans, le directeur de la section francophone d’Amnesty International-Belgique. Celles et ceux qui ont suivi ce débat se souviendront des contre-vérités et des propos injurieux sortis de la bouche de Samuel Cogolati. Mais ce qui m’a le plus peiné, c’est l’attitude de Philippe Hensmans, approuvant les délires de Cogolati et répétant, comme si elles étaient parole d’évangile, les accusations forgées contre la Chine par le missionnaire d’extrême droite Adrian Zenz et propagées en boucle par les médias aux ordres de Washington et de Mike Pompeo. Trois jours après de débat, j’ai adressé à Philippe Hensmans une longue lettre argumentée à laquelle il n’a pas daigné répondre (4).

En ne prenant pas ses distances par rapport à Samuel Cogolati, Philippe Hensmans a pris le risque d’engager Amnesty International dans une fuite en avant indéfendable, c’est-à-dire l’appui à la faction islamiste terroriste ouïghoure, revendiquant la création d’un État sécessionniste baptisé « Turkestan oriental » (5).

Gageons qu’Amnesty ne suivra pas les fantasmes de Cogolati, mais le mal est fait : difficile à l’avenir de prendre cette ONG au sérieux.

Errare humanum est, sed perseverare diabolicum

On aurait pu espérer que la sympathique remplaçante de Philippe Hensmans à la tête de la section francophone d’Amnesty, Carine Thibaut, prenne ses distances par rapport à tant d’aveuglement.

En 1990 déjà, l’ONG Amnesty International s’était lourdement trompée en accréditant un faux témoignage sur des bébés qui auraient été arrachés de leurs couveuses dans la maternité de Koweit City par des soldats irakiens, les emportant et les laissant mourir sur le sol froid. Quand Amnesty International finira par émettre des doutes sur cette accusation, nul ne l’écoutera plus. Comme l’écrira bien plus tard Mireille Duteil dans Le Point : « Les opinions publiques sont convaincues que Saddam Hussein est le mal absolu et que son armée est coupable de toutes les barbaries. L’opération de désinformation a pleinement réussi. » (6) Comme le dit si bien cet adage attribué à Mark Twain, « Un mensonge peut faire le tour de la terre le temps que la vérité mette ses chaussures. »

Combien faudra-t-il de temps à Amnesty International pour se désolidariser enfin de toutes ces fausses accusations portées contre la Chine pour sa politique au Xinjiang ? Combien de temps lui faudra-t-il pour admettre que le soi-disant génocide des Ouïghours n’était qu’une monumentale fake news et que la baudruche se dégonfle chaque jour un peu plus ?

Un peu de sens critique, s.v.p.

Je me permets de recommander chaudement le dernier ouvrage du chercheur luxembourgeois Albert Ettinger, La Chine, un ennemi fabriqué par la propagande ? (éd. La Route de la Soie, 2024), qui consacre 130 pages à démasquer rigoureusement le vrai du faux à propos des Ouïghours. En 2020 déjà, Maxime Vivas avait levé le lièvre en publiant chez le même éditeur Ouïghours, pour en finir avec les fake news, largement snobé par les milieux universitaires, politiques et médiatiques. Et dans son dernier ouvrage Ouïghours, l’horreur était dans nos médias, (éditions Delga, 2024), Vivas fait le point sur l’attitude d’une cohorte de journalistes sur la « question ouïghoure », leur manque de sérieux, leur malhonnêteté intellectuelle, leurs manœuvres minables.

Et pourtant, ils n’ont jamais manqué, les analystes sérieux (essentiellement anglo-saxons) ne se contentant pas de suivre paresseusement le courant sinophobe.

On y trouve de grands journalistes comme les Étasuniens Max Blumenthal, Dan Cohen, Alan Macleod, Ben Norton, Gareth Porter, Bill Williams ou les Canadiens Shane Quin et Ajit Singh, la journaliste allemande Theresa Winterberg, le journaliste allemand Jens Berger, etc., qui tous, à leur manière et au terme d’enquêtes approfondies, démontrent que les accusations contre le Chine reposent sur du vent.

On trouve aussi de nombreux spécialistes du droit international : l’expert américano-suisse Alfred de Zayas, l’analyste britannique Tom Fowdy, le professeur émérite de Princeton Richard Falk, le professeur d’université allemand Thomas Heberer, la juriste australienne Jaq James, l’avocat étasunien Patrick Macfarlane, le professeur émérite australien Colin Mackerras, le diplomate australien John Menadue, le chercheur étasunien Michael O’Hanlon, le professeur italien Fabio Massimo Parenti, le célèbre avocat des droits humains (britannique d’origine juive) Perry Graham, le professeur étasunien Jeffrey Sachs, le professeur canadien William Schabas, l’expert turc des droits humains Mehmet Sukru Guzel, l’universitaire taïwanaise parlant la langue ouïghoure Qiner Wu, etc., qui, tous à leur manière et au terme d’études sérieuses, démontrent la fausseté des accusations de génocide et autres crimes qu’aurait commis la Chine au Xinjiang.

Comment comprendre qu’Amnesty International qui souvent défend des causes éminemment respectables puisse, dès qu’il s’agit des Ouïghours, snober les études qui s’écartent de la doxa étasunienne et même considérer comme nuls les innombrables témoignages des visiteurs étrangers ayant parcouru le Xinjiang en tous sens ? En voici une liste non exhaustive par ordre alphabétique du patronyme : Lee Barret, blogueur britannique, Andy Boreham, blogueur néo-zélandais, Daniel Dumbrill, homme d’affaires canadien, Raz Galor, blogueur israélien, Jerry Goode, observateur sud-africain, Jerry Grey, touriste australien, Noel Lee, photographe singapourien, Carlos Martinez, journaliste britannique, Laurent Michelon, entrepreneur français, Mubarak Mugabo, journaliste ougandais, « Stu », voyageur britannique, Yvonne (GoYvon), voyageuse hollandaise.

Allons visiter le Xinjiang

Parmi tous ces visiteurs qui ont pu témoigner de la réalité du Xinjiang, je mentionnerais spécialement Maxime Vivas et les trois personnalités françaises qui l’ont accompagné lors de son troisième voyage au Xinjiang en août 2023, et qui en ont fait un rapport particulièrement significatif. Il s’agit de Christine Bierre, rédactrice en chef de Nouvelles Solidarités (6), du philosophe et éditeur Aymeric Monville (7) et du politologue Jean Pégouret (8).

Aujourd’hui que la crise sanitaire est derrière nous et surtout depuis que n’importe qui peut entrer en Chine sans visa, je recommande vivement aux responsables d’Amnesty International d’aller faire un tour au Xinjiang. Car, comme le dit un proverbe … tibétain : « mieux vaut aller voir une fois qu’entendre raconter cent fois. »

(1) Voir https://youtu.be/pWD-jUjt_Oo?si=ct4auBSPoEQmvnum ou https://www.lavenir.net/elections/2024/05/14/elections-2024-video-humo….
(2) Notamment :
* dans Le Soir : https://www.lesoir.be/365346/article/2021-04-08/repression-des-ouighou…;;
* dans Le Moustique : https://www.moustique.be/actu/2021/04/22/repression-des-ouighours-le-s…;;
* dans Le Vif : https://www.levif.be/belgique/la-face-cachee-du-ptb-qui-soutient-la-di….
(3) Voir la vidéo originale : https://fb.watch/53AmTFdQ34/ à partir de 01.32.12.
(4) Voir : https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2021/04/face-a-l-intox-ant….
(5) Voir photo dans https://www.liberation.fr/international/europe/engage-contre-la-repres….
(5) In https://www.lepoint.fr/societe/les-faux-bebes-koweitiens-16-08-2012-16…;; voir aussi https://maroc-diplomatique.net/limportance-davoir-un-regard-critique-s….
(6) Lire : https://www.legrandsoir.info/le-xinjiang-un-developpement-economique-s….
(7) Lire : https://investigaction.net/je-reviens-du-xinjiang/ et https://www.legrandsoir.info/xinjiang-et-ouighours-la-presse-retourne-….
(8) Lire : https://www.legrandsoir.info/de-retour-du-xinjiang-sept-tableaux-qui-c….

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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