En 1853, sous Napoléon III, la France a pris possession du pays Kanak pour le baptiser « Nouvelle-Calédonie » en toute illégitimité et dans la prétention toute impériale de l’époque : cet impérialisme, stade suprême du capitalisme. Ce vol des terres ancestrales du peuple Kanak fut adoubé de la mise à l’écart de ce dernier jusqu’à le parquer dans des réserves. Pratique inhumaine et raciste inspirée de la ségrégation aux États-Unis pour voler la terre des autochtones.
Après plusieurs révoltes, dont celle de 1878 qui illustra la barbarie du colon dans toute sa splendeur, c’est dans les années 1980 que la révolte des Kanaks fut la plus forte, la plus organisée et la plus décisive, contraignant la France et les nouveaux habitants d’origine essentiellement Européenne, dont les descendants d’anciens bagnards, à signer des accords en juin et août 1988 qui prévoyaient l’émancipation politique à terme par voie démocratique. Ces accords ont été approuvés, en France, par le référendum du 6 novembre 1988. Un autre accord sera conclu à Nouméa, en 1998, gelant le corps électoral et transférant des pouvoirs de l’Etat.
Pour comprendre la logique de ces accords, il faut revenir sur les conséquences de cette colonisation quasi-génocidaire provoquant le recul de la population Kanak qui est passée de 96% contre 4% pour les colons en 1866 à 39% contre 27% d’Européens – 23% d’asiatiques et Océaniens et 11% d’autres. Une première politique de recolonisation forcée avait été mise en place par Pierre Messmer – Premier ministre de 1972 à 1974 sous Pompidou.
Ces accords ont été signés par les partis, dont la France, et ont donné lieu à des rendez-vous référendaires qui montraient la progression du camp du « oui à la décolonisation ». Si, à la dernière consultation, le peuple Kanak et d’autres citoyens conscients et partageant de plus en plus l’idéal anticolonialiste, ont fait le choix de ne pas y participer, c’est parce qu’ils en avaient demandé le report pour cause de deuil coutumier – Covid obligeait.
La mascarade de consultation a été maintenue par le gouvernement pour donner un résultat tronqué. Maintenant, la manœuvre consiste à dégeler le corps électoral, en complet reniement de ce qui a été signé depuis tantôt, dans le seul but de s’assurer une base électorale en faveur du statut quo. Il est évident que le gouvernement Macron joue avec le feu mais ce n’est pas la première fois. La décision de Macron est donc une autre tentative de recolonisation pour s’assurer la présence du capitalisme occidental, aux côtés de l’Australie, dans le pacifique.
Pour comprendre la décision du gouvernement de Macron, il faut saisir la crise du capitalisme occidental en cours face aux nouvelles donnes géopolitiques imposées par les B.R.I.C.S. Il y a bien un lien entre la crise de l’idéologie néolibérale mondialiste – un des avatars politiques du capitalisme après l’esclavagisme, le colonialisme, l’impérialisme – et le changement de cap du gouvernement Français, serviteur assumé des financiers de l’ultra-libéralisme occidental depuis 4 décennies, mais radicalisé depuis Sarkozy.
Toutes les tentatives médiatiques de détourner l’attention vers l’Azerbaïdjan (un si petit pays) ou même la Russie voire la Chine sont une injure à la revendication et à l’intelligence politique du peuple Kanak. Tout ce capharnaüm est mis en place pour cacher la perte de vitesse du capitalisme occidental qui, avec ses serviteurs zélés, imposent le non-respect des engagements antérieurs pour « sauver » ce qu’ils pensent leur rester pour ne pas dire « leur revenir de droit » : le nickel et l’espace maritime.
Ainsi, si c’est la France qui a signé les accords, cette dernière n’est plus désormais qu’un appendice de l’Union Européenne, elle-même soumise aux Etats-Unis – temple mondial de ce capitalisme ultralibéral contesté par les B.R.I.C.S.
Mais qu’on ne s’y trompe pas :
– Ce sont les mêmes qui, en Guadeloupe, n’ont pas respecté les accords du LKP en 2009 au nom des oligarques locaux et au dépens du bon sens social sur un archipel à multiples problématiques. Nous traitant d’aventuristes !
– Ce sont les mêmes qui ont estropié les gilets jaunes au nom de l’ordre « Républicain » mais au dépens de la chose publique. Les traitant de populistes !
– Ce sont les mêmes qui ont imposé une gestion sanitaire catastrophique et le scientisme au nom d’un virage biotechnologique plus juteux et au dépens de la santé publique. Traitant toute objection de complotiste !
– Ce sont les mêmes qui ont promis de mettre l’économie russe à genoux, sans succès, mais dépensant des sommes mirobolantes à perte. Alors qu’ils nous serinent qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses et traitent toute contradiction d’être sous influence de puissances étrangères voire de Poutiniste !
– Ce sont les mêmes qui ont fait passer en force une « réforme » des retraites qui doit être le prélude à une privatisation au nom du marché « libre » et au dépens de l’une des plus grande création ouvrière : la sécurité sociale. Traitant toute contestation de résistance au changement et de passéiste !
– Ce sont les mêmes qui ferment les yeux sur le génocide Palestinien mais font des leçons de morale « Droit-de-l’Hommistes » quotidiennement aux autres. Traitant toute opposition de pro-terroriste !
– Ce sont les mêmes qui, encore une fois, renient la signature apposée au nom de leurs maîtres financiers au dépens du peuple et des travailleurs Kanaks. Les traitant d’émeutiers, de mafieux et de terroristes !
Ils n’ont cure des revendications sociales et populaires mais peuvent en user pour tromper. Ainsi, c’est au nom du Droit des peuples qu’ils « soutiennent » l’Ukraine et sèment partout le chaos par des « révolutions colorées » mais lorsqu’ils font face à de vrais mouvements sociaux ou révolutions. Ils mentent, jettent en pâture, deviennent violents verbalement et physiquement jusqu’à couvrir des milices fascistes qui tuent impunément !
A entendre certains médias, les jeunes Kanaks seraient des voyous alcoolisés et manquants de civilités. Un de ces nouveaux éléments de langage pour ne pas dire « sauvage » comme dans le « bon vieux temps ». Mais ce sont ces jeunes qui sont tués comme du gibier par les milices armées présentées comme en légitime défense.
En conséquence, la FSAS-CGTG exprime son soutien absolu à l’Union Syndicale des Travailleurs Kanaks Exploités (U.S.T.K.E.), syndicat engagé dans les revendications des travailleurs et du peuple Kanak, et condamne fermement la stratégie de dégel du corps électoral mise en place par le gouvernement pour écarter toute expression démocratique allant dans le sens de la décolonisation et de l’émancipation. C’est une volonté manifeste de balayer 35 années de projet commun négocié et signé, une haute trahison du gouvernement Français.
La FSAS-CGTG exige l’abrogation de la loi sur le dégel du corps électoral en Kanaky.
A bas le Colonialisme, à bas l’impérialisme, bras armés de l’exploitation capitaliste !
Philippe BELAIR
In Déclaration Fédérale de la Fédération Santé et Action Sociale – C.G.T. Guadeloupe du 22 Mai 2024
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir