Pourquoi refuse-t-on de déterrer la vérité ?
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- Mais pas pour Jacques Rouillard, professeur émérite au département d’histoire de l’Université de Montréal. Pour lui, cette histoire de sépultures anonymes ne tient pas la route. « C’est un sujet radioactif que les grands quotidiens au Canada veulent éviter », m’a-t-il écrit.
- Le nez plongé dans ces chroniques de la vie quotidienne des religieuses québécoises, l’historien à la retraite poursuit une quête commencée il y a trois ans. Il cherche les preuves d’un crime gravissime. Et, bien sûr, il n’en trouve pas. Certains l’accuseront de ne pas chercher aux bonnes places. De refuser d’entendre les témoignages d’anciens pensionnaires autochtones, tous plus déchirants les uns que les autres. Certains le traiteront de « négationniste des pensionnats », une faute que le gouvernement fédéral songe ni plus ni moins à criminaliser. Ça me paraît excessif, comme mesure. Je ne crois pas que ce soit la meilleure façon d’avancer sur le chemin de la vérité et de la réconciliation que d’empêcher les Canadiens de poser des questions, fussent-elles radioactives, pour reprendre l’expression de Jacques Rouillard. Cela dit, il faut manipuler ces questions avec le plus grand soin.
- Jacques Rouillard ne nie pas les sévices commis dans les pensionnats ni le taux de mortalité horriblement disproportionné des enfants autochtones qui les ont fréquentés. Selon le Centre national pour la vérité et la réconciliation, au moins 4100 enfants sont morts dans ces institutions, souvent emportés par des vagues dévastatrices de rougeole ou de tuberculose. Ce que l’historien refuse d’admettre, c’est qu’on laisse entendre que les frères et les sœurs québécois responsables du pensionnat de Kamloops ont froidement, délibérément tué des enfants, puis tenté de camoufler leurs crimes en les enfouissant dans le verger. En 2022, The Fifth Estate faisait état de garçons pendus, de bébés jetés dans une fournaise, d’enfants forcés de creuser dans le verger, en pleine nuit, pour enterrer leurs camarades. Jacques Rouillard persiste et signe : il veut des preuves.
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