Dans les années 1960, quand Gordy Howe (le meilleur joueur de hockey au monde) gagnait 50,000. $ par année, ma mère et mon père gagnaient ensemble 5,000. $ annuellement. Ils avaient 5 enfants à nourrir, à habiller, à éduquer, à soigner, à faire instruire et à loger.
Il y a encore des élites qui pensent que les salaires de plus de 500,000. $ par année sont justifiés pour avoir le gratin au bon poste. Le président du Mouvement Desjardins, un ancien caissier de Caisse populaire, gagne plus de 4,500,000. $ par année; il dit qu’il est responsable de 55,000 employés pour justifier sa rémunération! Et depuis 2005, les dirigeants des Caisses, autrefois bénévoles, gagnent plus de 150.00 $/l’heure (chiffre de 2015, celui de 2024 est gardé secret).
Des salaires surdimensionnés semblent venir d’esprit monarchique ou dictatorial ou mafieux. Disons que ce raisonnement nous vient plutôt des Américains où c’est toujours le plus fort qui rafle la mise. Les faibles restent dans leur médiocrité. Autrement dit, il y a le peuple, les pauvres, la classe moyenne, et il y a les élites qui méritent l’or des rois : il y a les «kings», les rusés et les autres… qui tirent le diable par la queue.
Et l’on s‘étonne encore des disparités sociales, de nos problèmes sociaux catastrophiques, des suicides des jeunes et moins jeunes, des tricheurs, de la vente des drogues pour oublier, des sans-logis été comme hiver… et quoi d’autre?
La réussite doit-elle se mesurer en millions de dollars? Et doit-elle être réservée qu’à ce 1% et même ce .1%? Je ne pense pas. Le bonheur des gens ne se calcule pas en centaine de milliers de dollars. Savoir être utile à la société ne commande pas des rémunérations gargantuesques; penser ainsi sa place dans la société c’est mépriser le monde, tout le monde. Tout le monde veut de l’argent; les riches comme les pauvres, les gens de droite comme les gens de gauche. C’est la mesure qui doit être trouvée; si celle-ci verse dans la démesure, nous commettons là une erreur, nous sommes insensés.
Il faut avoir lu «Portrait du colonisé» d’Albert Memmi (1966) et «Le discours de la servitude volontaire» d’Étienne de la Boétie (1576) pour réaliser combien les peuples sont abusés et ne se révoltent pas. On compte sur nos doigts de la main les révolutions qui ont renversé ces rois maudits; nous y sommes bien gardés de ces révolutions par des forces de l’ordre armées qui nous tiennent en joue… Nous devons obéir aux lois sinon… Mais arrive un moment où les révolutions sont la solution; le prix d’une vie saine et raisonnable est devenu lui-même raisonnable : on fait la révolution au prix de nos vies.
Tristement alors, nous réalisons l’erreur et le coût du retour du balancier à un équilibre : celui-ci coûte cher, très cher, trop cher. Pourrions-nous faire en sorte que ce prix soit réfléchi avant d’exécuter la saignée mortelle?
Il y a des choses insensées dans nos sociétés pensées par des gens sensés. Le génie humain n’est pas toujours génial. Penser que pour avoir le meilleur à des postes de travail, il faut donner une rémunération qui dépasse l’entendement, c’est croire que Dieu existe pour faire naître un paradis sur Terre.
Que ferions-nous sans les éboueurs de toutes les villes du monde?
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec