La télé n’a jamais eu pour but de dire la vérité, ou des vérités, et encore moins toute la vérité. Il y a eu, dans les années 60, l’espoir fou de faire de la télévision (à chaîne unique) un outil d’instruction de masse, pour les petits et les grands. Il avait même été question qu’elle entre à l’école.
Ceux qui croient que la télé peut faire le bien ou rendre intelligent se trompent : elle peut, mais c’est par accident, ou dans des failles ténues. Elle est pourtant le lieu du journalisme. Mais elle est aussi le lieu du divertissement. Logiquement, ces deux fonctions qui s’excluaient ont fini par fusionner, « grâce » à Canal+ dans les années 90.
L’info en noir et blanc des années 60 sur la seule chaîne était journalistique, austère, froide comme un article du Monde (de l’époque, pas de l’ère sioniste et américanisée du trio Colombani-Minc-Plenel). Peu à peu, elle a pris des couleurs, est devenue souriante, puis sexy, donc rassurante, à l’image de ses blondes présentatrices.
Certains ont vu dans cette dégradation un effet de la féminisation du secteur : en réalité, cette féminisation était à la fois la conséquence et l’outil de la dépolitisation du 20 Heures. Ensuite, on le sait, tout s’est effondré, et l’info télé est devenue propagande totale et divertissante pour le Système.
Mais si la télé n’a pas pour but de dire la vérité, elle n’est pas non plus obligée de mentir, avec les moyens puissants qui sont les siens. Cependant, mentir est un mot fort, et relativement faux : la télé ne ment pas, elle désinforme, et il y a plusieurs façons de désinformer. En sous-informant, en més-informant, ou en sur-informant.
Ce n’est pas au 20 Heures de TF1, produit pour dépolitiser, que la version profonde (proche du réel) du conflit IP va être exposée au public. Et quand la télé se pique d’analyser les choses en profondeur, en faisant intervenir des spécialistes, ou des « experts », elle les choisit de sorte que l’information profonde n’ait qu’une jambe, jamais deux. Elle boite.
En permanence, pour ce qui concerne l’information, ce média navigue entre toutes les formes de désinformation, en essayant bien sûr de ne pas (trop) se faire choper par la patrouille du Net, qui est vigilante, et qui saute sur la moindre erreur. Cela n’empêche pas les dispositifs médiatiques de continuer à délirer, par exemple lors des émissions spéciales Ukraine sur LCI, qui versent tantôt dans l’humour involontaire, tantôt dans la connerie pure.
Là, on ment volontairement aux foules, car il s’agit d’un ordre venu d’en haut. On ne peut tout simplement pas dire la vérité sur ce conflit, ses origines, ses commanditaires, ses profiteurs, son évolution. La conséquence de ce « choix », c’est l’effondrement de la crédibilité, non seulement de toute la chaîne, mais aussi des journalistes internes ou concurrents qui ne dénoncent pas cette déviance. Ils ne font pas leur travail. Car le rôle du journaliste n’est pas seulement de pondre des sujets ou des papiers, mais aussi de corriger ses confrères, quand ils sortent du cadre de la vérité, ou de la déontologie, bref, quand ils désinforment.
Ceci étant dit, passons à la pratique avec deux exemples, Léa Salamé chez Konbini, et le plateau d’Hanouna qui fait le procès de Soukayna, une Française de confession musulmane. Point n’est besoin de commenter longtemps ces deux extraits.
En 23 secondes, tout est dit de la dérive actuelle des médias. Confusion entre journalisme et infotainment. Effacement des faits, recherche de la polémique à tout prix, superficialité, prime à l’outrance, la provoc, la radicalité : tout ce qui fait buzzpic.twitter.com/L4jFhweXfh
— Claude Weill (@WeillClaude) May 4, 2024
Dans sa malhonnêteté inconsciente, Salamé-Glucksmann est assez honnête. Elle rappelle le PDG de TF1 qui avait parlé de cerveaux rendus disponibles par les émissions de divertissement (synonyme de dépolitisation), afin que les spots publicitaires frappent et impriment les esprits bien au fond.
Soukayna, une femme voilée invitée hier dans Touche pas à mon poste :
« Il y a un génocide en Palestine »
Réponse de Cyril Hanouna : « On parle de ce qu’il se passe sur le sol français ». pic.twitter.com/Mb7L4kS9Oq
— AlertesInfos (@AlertesInfos) May 3, 2024
Soukayna, en se faisant étriller sur ce plateau israéliste par le juge Hanouna et ses assesseurs Messiha-Benaïm, aura au moins révélé, une fois de plus, les limites politiques de la télé française. Des limites qui ont été établies par une minorité agressive, qui n’hésite pas à désinformer.
Dieudonnniser (se) : 1. Stigmatiser, sous couvert d’humour, une catégorie de personnes, puis se victimiser face aux protestations et pratiquer la surenchère. 2. Pour un humoriste, monétiser les références antisémites en nazifiant les juifs. #Meurice https://t.co/mrMaKaNJUB
— Licra (@_LICRA_) May 3, 2024
On aurait pu inclure la radio dans cette petite étude : la radio offre un peu plus de liberté en matière d’information, mais au bout du compte, elle craint elle aussi les vérités douloureuses sur et pour le Système, on l’a vu avec l’éviction récente de Guillaume Meurice, qui a pourtant longtemps donné des gages.
La preuve ultime de la désinformation volontaire des médias, c’est que la parole soralienne, alors que les événements lui donnent raison, est interdite de télé et de radio. Voilà pourquoi il y a ERFM.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation