On n’a pas le droit de reprendre en entier les articles du Monde, surtout s’ils sont payants, mais on peut, journalistiquement parlant, les citer et les commenter. Ce sera le cas avec cet article-découverte pour Kauffmann, l’éditorialiste du Monde, c’est-à-dire celle qui incarne la ligne politique ou idéologique du journal.
Un journal a toujours une idéologie. Le problème, c’est quand cette idéologie commence à réguler l’information, et à la dénaturer. C’est le cas du Monde, qu’on a surnommé le journal des Lobbies et des Marchés, depuis l’OPA du trio Minc-Colombani-Plenel dans les années 90. La preuve, une de plus, de la collusion et de l’entente cordiale entre gauchisme et grand capital.
La propagandiste a donc mis deux bonnes années, voire plus, pour découvrir que les conflits organisés par l’Empire allaient rapprocher la Chine de la Russie, deux grands pays qui n’ont pas toujours été en bons termes dans l’histoire, malgré leur communisme mutuel. Car le communisme chinois s’est vite éloigné du communisme russe, ou soviétique, apprenant des erreurs de ce dernier.
Résultat, au moment où le communisme s’effondrait en Russie (1989), en Chine, il se cabrait (Tien’anmen, 1989) puis se dotait d’un armement économique capitaliste qui ne gêne pas l’idéologie dominante. À la limite, on peut dire que les Russes étaient trop purs dans leur communisme, alors que les Chinois, qui fonctionnent avec des paradoxes créateurs (yin & yang), ont en quelque sorte repris la NEP (nouvelle politique économique) de Lénine, qui n’était qu’une parenthèse pour les Russes, pour arriver là où ils en sont aujourd’hui.
Au-delà de ces différences originelles, qui ont donné au XXIe siècle deux pays à la puissance et aux aspirations différentes, les deux géants se retrouvent, dans les deux sens du terme, face à l’Empire. C’est l’agressivité américaine qui a poussé Chine et Russie l’une contre l’autre, leurs leaders (en place depuis plus de 20 ans, une garantie de stabilité) scellant un pacte militaro-économique évident. Et ce, avant même (le 4 février) la reprise du Donbass par les Russes le 24 février 2022.
Dès l’intro de Kauffmann, on sent le poids de l’OTAN et des USA sur la France et le journal. C’en est presque indécent. Comment accepter une telle soumission ? L’Amérique donne ses ordres, les politiques français s’exécutent, et la presse mainstream suit. Et puis, comment prendre au sérieux le benêt Séjourné ?
Avant la visite du chancelier allemand, Olaf Scholz, en Chine, qui se termine mercredi 17 avril, et avant le voyage du président chinois, Xi Jinping, en Europe, où Emmanuel Macron le recevra à Paris le 6 mai, Washington a martelé un message à l’adresse des Européens : puisque vous entretenez des relations suivies à haut niveau avec Pékin, mettez-les à profit pour faire pression sur la Chine afin qu’elle cesse d’aider la Russie dans sa guerre en Ukraine.
Ce message, activement relayé ces dernières semaines, par Stéphane Séjourné, le ministre français des affaires étrangères, à Pékin, par les dirigeants américains eux-mêmes et par Olaf Scholz, qui s’est exécuté mardi, reflète l’inquiétude des États-Unis face à l’un des effets géopolitiques les plus spectaculaires de la guerre en Ukraine : l’approfondissement de la relation Chine-Russie.
La cimentation sino-russe face à un Occident agressif, comment peut-il en être autrement ? Le partenariat économique sino-russe a évidemment une incidence sur la production de guerre. Si la Chine n’envoie pas d’armes directement à la Russie, elle fournit de la machine-outil en pagaille.
Pour convaincre ceux qui en doutaient que cet approfondissement a un impact concret sur le déroulement de la guerre et explique en partie la résilience de l’économie russe, Washington a rendu publiques, le 12 avril, des données jusque-là classifiées : au dernier trimestre 2023, par exemple, la Chine a fourni à la Russie plus de 70 % de ses importations de machines-outils utilisées pour la production de missiles balistiques. Et, pour toute l’année 2023, 90 % des importations russes de microélectronique, cruciale pour la fabrication de missiles et de chars, sont venues de Chine.
On peut remercier Kauffmann et Le Monde d’avoir choisi le camp américain, cela nous permet d’avoir accès à ce genre d’informations, capitales. La propagandiste s’étonne de la résliience de l’économie russe qui, selon notre pauvre Le Maire, aurait dû s’écrouler sous l’effet des sanctions. On sait tous qu’elles ont été contournées, et que la France et l’Europe continuent d’acheter, en douce, des matières premières aux Russes : 5 milliards de mètres cubes de GNL pour la France, 13 milliards d’euros de métaux en 2023 pour l’UE… La France participe donc à l’effort de guerre russe !
À la fin de son article, Kauffmann cherche des raisons d’espérer. L’Ukraine se casse la gueule, le partenariat économico-militaire Chine-Russie fonctionne, l’Europe est divisée, l’Amérique se refracture avant les élections, bref, le camp occidental est malade. En face, le Sud global autour des BRICS commence à croire à son étoile. Heureusement, elle a trouvé une faille dans le mariage sino-russe.
Autre réserve chinoise : les deux pays n’ont pas la même vision de l’évolution de l’ordre mondial. « La Russie cherche à saper l’ordre régional et international existant par la guerre, alors que la Chine veut résoudre les conflits pacifiquement », écrit l’universitaire Feng Yujun dans The Economist, par ailleurs guère impressionné par les performances militaires de Poutine en Ukraine, où le « mythe de l’invincibilité de la Russie s’est effondré ». Le suzerain n’est pas tendre avec le vassal.
On dirait que Kauffmann a confondu la Russie avec les États-unis, en tant que pays sapant ou reconfigurant l’ordre international par la guerre. La Russie se défend, et défend ses intérêts, tandis que l’Amérique attaque partout où elle peut, directement ou à travers des proxys. Quant à l’effondrement militaire russe, on l’attend encore. Kauffmann dit elle-même en intro que l’armée russe semble de plus en plus forte. Il faut dire qu’elle n’affronte pas seulement l’armée ukrainienne, mais une bonne partie de l’OTAN, avec les États-Unis derrière… Comme effondrement du mythe de l’invincibilité russe, on fait mieux. Par exemple l’effondrement du mythe de l’invincibilité américaine ?
On laissera le mot de la fin à la propagandiste américanophile, qui passe un peu vite sur la dépendance industrielle européenne aux produits chinois…
Face à cet axe Chine-Russie, les États-Unis consolident leur bloc indo-pacifique, tout en demandant aux Européens d’avoir une « conversation musclée » avec Pékin sur l’Ukraine. Encore faudrait-il que lesdits Européens soient disposés à le faire.
Derrière la réunification sino-russe, la guerre américaine contre l’Europe
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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation