Même en plein développement du Plan Condor exécuté par les dictatures du Cône Sud, on n’a pas vu l’irruption de policiers cagoulés à la chasse d’un réfugié politique dans un siège diplomatique comme celui du Mexique à Quito. L’objectif a été atteint et le gouvernement de Daniel Noboa a arrêté l’ancien vice-président Jorge Glas. Condamnation presque unanime en Amérique latine.
Depuis que les cartels transnationaux de la drogue ont traversé ses frontières, l’Équateur n’était plus un pays sûr pour personne. Maintenant, une ambassade et la petite portion de territoire qu’elle représente ne l’est plus non plus. Celle du Mexique à Quito, dans ce cas. Même en plein développement du Plan Condor exécuté par les dictatures du Cône Sud, on n’a pas vu l’irruption de policiers cagoulés à la chasse d’un réfugié politique dans un siège diplomatique. « Ça a été un acte d’une extrême gravité institutionnelle et politique. Et il est étrange qu’un gouvernement légitimement élu l’ait fait en enfreignant les lois internationales sur l’asile, » a dit une source diplomatique à ce journaliste.
L’arrestation de l’ancien vice-président Glas, condamné pour corruption en Equateur
Il a purgé 5 ans de prison entre 2017 et 2022 et est sorti à cause d’une mesure provisoire–a eu des airs de série télévisée. Il se trouvait à l’ambassade depuis le 17 décembre 2023, mais vendredi dernier dans la soirée, la décision d’aller l’attraper a mûri. Daniel Noboa, le président de droite héritier d’un empire bananier, a soutenu cette opération dans un communiqué. Il a mis en avant l’argument polémique que le dernier procès contre Glas pour détournement d’argent prévalait sur sa condition de réfugié.
Sorti par la force et menotté de l’ambassade, l’ancien vice président de Rafael Correa et de Lenin Moreno, a fini à la prison de haute sécurité de La Rocca, à Guayaquil. La violation de la Convention de Vienne sur les relations diplomatique qu’a commise le gouvernement de Noboa a suscité des critiques presque unanimes dans toute la région. De la Colombie, de Cuba, du Venezuela – les premiers pays à se prononcer – jusqu’à la chancellerie argentine, ils ont condamné ce fait. Le Nicaragua a même fait un pas de plus, il a rompu ses relations avec l’Equateur. Le précédent créé par cette opération à Quito dépasse tout ce qu’on avait vu jusqu’à présent.
Même la dictature génocide de 76 dirigée par Jorge Rafael Videla n’avait pas osé une telle chose avec l’ancien président Hector Cámpora, réfugié à l’ambassade du Mexique, à Buenos Aires, après le coup d’Etat du 24 mars. Son séjour dans la résidence de la rue Arcos, du quartier de Belgrano, s’est prolongé pendant 43 mois jusqu’en 1979. Le régime de Jeanine Áñez n’est pas non plus allé aussi loin quand elle a provoqué le coup d’Etat contre le Gouvernement d’Evo Morales en novembre 2019. Une dizaine d’anciens fonctionnaires a été reçue à l’ambassade du Mexique à La Paz. Des troupes spéciales l’ont encerclée pendant des semaines, mais elles n’y sont pas entrées comme c’est arrivé en Equateur.
Les affaires mentionnées rappellent une longue tradition d’asile que le Mexique a maintenu jusqu’à aujourd’hui. Cette politique dure depuis trois siècles. José Marti en 1875, Trotski en 1937, 25 000 républicains après la guerre civile espagnole, Fidel Castro après la prise ratée de la caserne Moncada, Cámpora lui-même persécuté sous la figure de « délinquant idéologique », et des milliers d’exilés argentins et chiliens dans les années 70, la prix Nobel, Rigoberta Menchú, Manuel Zelaya et Evo Morales sont les personnalités parmi les plus célèbres auxquelles le pays que préside Andrés López Obrador a souhaité la bienvenue. Aucune nation n’est reconnue mondialement pour cette politique systématique de solidarité, quel que soit le moment historique ou de qui il s’agit. C’est ce qu’a révélé une fois de plus l’asile accordé à Glas, violemment interrompu par la police qui a bousculé le chef de l’ambassade, Roberto Canseco.
La décision du Gouvernement équatorien l’a privé de soutien dans la région. La majorité des pays a condamné cette opération destinée à arrêter un réfugié. Même l’OEA, souvent en contradiction fonctionnelle avec les États-Unis, s’y est jointe. L’ancienne candidate à la présidence de l’Équateur pour la Révolution Citoyenne, Luisa Gonzalez, n’a pas était en reste. Elle a demandé la démission de Noboa. Ce pays qui avait accordé l’asile à Julian Assange pendant sept ans dans son ambassade à Londres sous le premier mandat de Rafael Correa en 2012 a fini par entacher sa réputation internationale.
NOTE de Bolivar Infos :
Les États-Unis et l’Union européenne ont également condamné l’attaque de l’ambassade du Mexique en Équateur
Traduction : Bolivar Info
Actuellement Jorge Glas n’a pas pu avoir accès à son avocat et à été hospitalisé pour une tentative de suicide. Fin Mars fut aussi assassiné une maire du parti Revolucion Cuidadana, Brigitte García.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir