Mahmoud Abbas accroché à une branche pourrie — Mohamed EL BACHIR

Mahmoud Abbas accroché à une branche pourrie — Mohamed EL BACHIR

« Seul l’arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c’est dans cette lutte que ses racines, mises à l’épreuve, se fortifient. » Sénèque

Dans un article datant du 2 juin 2022, intitulé “ Face à une tempête mondiale, sortir de l’impasse d’Oslo ” (1), un paragraphe est consacré au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Ci-dessous le contenu de ce paragraphe :

– Pour revenir au droit d’exister du peuple palestinien et à sa souveraineté sur sa terre ancestrale, il est utile de rappeler que le 23 septembre 2021, le président de l’AP, Mahmoud Abbas, avait déclaré à l’Assemblée générale de l’ONU : « Israël a un an pour se retirer des territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est » et que « si nous n’y parvenons pas, alors à quoi bon maintenir la reconnaissance d’Israël dans les frontières de 1967. »

Nul besoin de savoir lire dans le marc de café, le 24 septembre 2022, les colons sionistes continueront à jouer leurs rôles avec la protection de l’armée occupante et le peuple palestinien le sien : résister. Mais le 24 septembre 2022 le président de l’AP aura-t-il la sagesse d’enlever la plaque “ Impasse d’Oslo ” et appeler à l’unité du mouvement national de libération palestinien ?

Car il est temps de réaliser que l’AP sert doublement : donner bonne conscience à l’impérialisme occidental tout en diabolisant les forces de résistance palestiniennes. Fin de citation.

A la déclaration de Mahmoud Abbas, l’ancien ministre de la défense de l’Entité sioniste Benny Gantz répondit le 26 septembre 2021 dans les termes suivants : « il grimpe un arbre immense dont il va être difficile de redescendre ».(2)

Entre parenthèse, puisque Mahmoud Abbas n’a pas tenu sa promesse, on ne peut que donner raison au ministre israélien : Mahmoud Abbas est accroché à une branche pourrie de l’arbre qu’il a grimpé en 2021.

Trois ans plus tard, en Cisjordanie, la colonisation continue et à Gaza.

« C’est un cauchemar qui est bien plus qu’une crise humanitaire. C’est une crise de l’humanité. […] Et ayant quitté Gaza cette semaine, je peux vous assurer que c’est pire que ce que je peux décrire, ou que les photos peuvent montrer, ou que vous pouvez imaginer. » (3)

C’est ainsi que Dominic Allen, le représentant du Fonds des Nations unies pour la population de Palestine (FNUAP), décrit la situation à Gaza. Un génocide dont l’impérialisme occidental, France comprise, s’est rendu complice en fournissant des armes à l’Etat d’Israël. Et en déclarant que l’Etat français « aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux » (4) au Rwanda en 1994, Emmanuel Macron, rappelle les fautes du passé pour mieux masquer, sans doute, les fautes du présent.

Mais revenons du côté de l’Autorité palestinienne. Au lieu de dénoncer l’impérialisme occidental avec à leur tête, les Etats-Unis, le Fatah de Mahmoud Abbas a accusé, le 15 mars 2024, le Hamas « d’avoir causé le retour de l’occupation israélienne de Gaza. » (5)

Et en toute cohérence, le parti Fatah inféodé au président de l’Autorité palestinienne (AP) a publié le 3 avril 2024 une déclaration « rejetant l’implication de l’Iran dans les affaires internes palestiniennes. […] Cette ingérence extérieure, en particulier celle de l’Iran, n’a d’autre objectif que de semer le chaos dans l’arène interne palestinienne, ce qui ne profitera qu’à l’occupation israélienne et aux ennemis de notre peuple. » (6)

La déclaration précédente suscite deux remarques.

1°) le contenu de la déclaration ne tient nullement compte de la précision apportée par le dirigeant du Hezbollah, au lendemain de l’attaque du 7 octobre 2023, à savoir : « l’opération du 7 octobre a été planifiée dans le plus grand secret, même les autres factions palestiniennes n’étaient pas au courant, sans parler des mouvements de résistance à l’étranger. »(7)

2°) La déclaration du Fath a été émise deux jours après l’attaque par l’Etat d’Israël de l’ambassade de l’Iran en Syrie. Et suite à l’annonce iranienne que cette attaque ne restera pas sans réponse militaire de l’Iran.

Simple coïncidence ou volonté délibérée de Mahmoud Abbas et de se désolidariser de la Résistance palestinienne et de se diluer dans le bloc de l’impérialisme israélo-occidental ?

Une soumission qui s’ajoutent à celles déjà adoptées par les Etats arabes qui continuent d’entretenir des relations économiques, commerciales, voire militaires, avec l’Etat d’Israël. Des Etats complices du génocide de la population de Gaza. Une complicité que le manteau humanitaire ne peut camoufler !.

Mais quelle que soit la réponse, Mahmoud Abbas, accroché à une branche pourrie, ignore que l’arbre qui lui a donné naissance finira par s’en débarrasser.

El Bachir

(1)https://www.mondialisation.ca/face-a-une-tempete-mondiale-sortir-de-li…
(2)https://fr.timesofisrael.com/gantz-sexprime-sur-lultimatum-dabbas-qui-…
(3)https://french.almanar.com.lb/2897105
(4)https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/04/rwanda-pour-emmanuel…
(5)https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/16/guerre-israel-…
(6)https://fr.timesofisrael.com/le-fatah-demande-la-fin-de-lingerence-ira…
(7)https://fr.timesofisrael.com/liveblog_entry/nasrallah-lassaut-du-7-oct…

Adblock test (Why?)

Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You