En 1949 paraissait un petit livre « l’abolition de l’homme » qui expliquait qu’à oublier la vérité et les vertus toute instruction était vouée à la destruction de l’homme.
En lisant ce court résumé dont tous les principes ont été abolis ces dernières décennies on comprend pourquoi et surtout comment les sociétés modernes ont tué la vraie civilisation et qu’on parle tant de transhumanisme plutôt que de l’homme.
La manière dont on conçoit l’éducation varie du tout au tout selon que l’on défend la possibilité de l’erreur et de la vérité du jugement moral, et l’universalité de la raison pratique – ce que C. S. Lewis désigne par le terme de voie, ou « Tao », dans ce livre de 1943. Pour ceux qui sont à l’intérieur de la voie, l’éducation consiste à favoriser la naissance de ces réactions au monde qui sont justes en elles-mêmes, indépendamment du fait qu’on les éprouve ou non – ces réactions dont la possibilité définit l’humanité même. Ceux qui sont étrangers au Tao doivent par contre, s’ils sont logiques, regarder tous les sentiments comme également irrationnels, comme des sortes de buées qui nous cachent la réalité. Ce n’est pas que ce soient des hommes mauvais : ce ne sont plus des hommes du tout. En sortant du Tao, ils sont entrés dans le vide. Quant à ceux qu’ils dominent, ils ne sont pas forcément malheureux ; ce ne sont pas des hommes non plus : ce sont des produits fabriqués. La victoire finale de l’homme ce n’est pas un affranchissement de I’ »ordre naturel » ; c’est au contraire un retour à la nature, mais qui s’affranchit de toute médiation culturelle. Aujourd’hui, cette libération s’appelle « écologisme » et « transhumanisme ». Ce sont les autres noms de l’abolition de l’homme.
C. S. Lewis (1898-1963), philosophe et professeur de littérature à Oxford puis Cambridge, est l’auteur notamment des Chroniques de Narnia.
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