L’autrice est secrétaire de PDF-Québec
La Wpath (World Professional Association for Transgender Health) est une organisation qui existe depuis 1978 et qui conseille le corps médical en ce qui a trait aux meilleures pratiques pour la santé des personnes trans. Avec le temps, cette organisation est devenue la référence mondiale. Elle s’est imposée partout dans le monde.
Mais depuis la fin du 20e siècle, les militants transactivistes ont pris de plus en plus de place, au détriment des médecins et autres professionnels de la santé. Le discours de l’organisation s’est peu à peu transformé pour faire avancer un programme militant plutôt que pour offrir le meilleur éclairage médical afin de traiter les personnes trans ou avec dysphorie de genre au point où, depuis un peu plus de dix ans, ce programme militant a fini par supplanter tout contenu médical. On constate aujourd’hui que cette organisation n’a plus, au cœur de ses préoccupations, la santé de ses patients, et il est clair que ce n’est plus une organisation scientifique, mais bien plutôt une organisation qui fait primer l’idéologie avant le bien des patients.
Cette affirmation peut paraître exagérée, et l’avancer sans preuve serait malhonnête. Or, des preuves, il y en a depuis le début du mois de mars : des fuites nombreuses nous donnent accès à des vidéos, des conférences, des discussions se déroulant au sein de l’organisme, nous démontrant noir sur blanc que des pratiques plus que douteuses, voire scandaleuses s’y trament. Mia Hugues en fait un rapport très inquiétant.
Des exemples? Au cours d’une discussion, une clinicienne se vante de référer pour des soins « transafirmatifs » tout le monde, dont des gens aux prises avec de sérieux problèmes mentaux. « Just prescribe and operate ». Pendant une discussion sur la façon d’obtenir un consentement éclairé de la part de patients mineurs, des intervenants discutent du fait que ces jeunes, bien souvent, ne comprennent pas les processus biologiques de base : ils voudraient avoir de la barbe, mais pas de pomme d’Adam. Comme s’il était possible de choisir à la carte les effets des hormones sur son corps. D’autres ne savent pas comment faire des bébés, mais on leur demande pourtant de consentir à des opérations qui les rendront stériles. Les enfants ne comprennent pas ce à quoi ils consentent lorsqu’on leur parle de préservation de la fertilité, de fécondation in vitro. Ils consentent parce qu’ils veulent aller mieux. Un médecin le dit on ne peut plus clairement : « Il y a un accord entre les membres du panel au sujet de l’incapacité des enfants à comprendre les puissants effets de la thérapie hormonale et des changements définitifs qu’elle induit. ». La médecin Dianne Berg avoue même que ces jeunes ne peuvent pas comprendre, car leur développement mental ne le leur permet pas. Et pourtant, on continue de prescrire ces thérapies.
Le Dr Metzger, au sujet d’une discussion sur la perte de fertilité, sait très bien que certains de ses patients la regrettent. Lors d’une conférence donnée à Montréal en 2020, une étude montrait que 27 % des patients devenus infertiles à la suite de traitements de réassignation de genre, selon la Dr Joyce Asseler, regrettaient de ne pas pouvoir avoir d’enfants. Quand on sait que cet échantillon déjà très significatif cache peut-être des taux de regret plus importants, car une bonne part de ces patients échappent au suivi à long terme, il y a de quoi s’alarmer.
On peut également lire que, dans un forum de la Wpath, des médecins s’inquiètent de l’âge de patientes de 14 ans souhaitant avoir une double mastectomie; des médecins remarquent également le nombre élevé d’autres troubles mentaux chez les personnes demandant une transition . Il semble, malheureusement, que même ces inquiétudes avouées ne réorientent en rien les lignes directrices de la WPATH.
Nous pourrions continuer pendant des pages à donner des exemples démontrant très clairement que les cliniciens avancent à tâtons, sans idée des effets à long terme des traitements qu’ils prescrivent. Le rapport fait plus de 200 pages. Il y a de quoi ébranler la confiance du corps médical envers les lignes directrices fournies par la Wpath en ce qui a trait à la médecine transaffirmative. Il est clair que tous ces traitements sont expérimentaux et que plusieurs effets indésirables se produisent déjà, sans que cela ne crée d’émoi, ou que cela ne ralentisse le processus d’implantation de ces services dans plusieurs pays. On a mis fin à des soins aux effets beaucoup moins inquiétants, alors que la vie entière de ces jeunes risque d’être lourdement affectée. Dès l’automne 2023, Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) s’en est inquiété dans une lettre adressée au ministre de la Santé et des Services sociaux au sujet des mutilations (mastectomies) pratiquées sur des jeunes filles mineures; la réponse qui nous est finalement parvenue fut que le Ministère mettait toute sa confiance dans la WPATH.
Le principe de précaution devrait s’appliquer ici, face à tous ces problèmes soulevés, ces inquiétudes ou ces manques de connaissances. On devrait ralentir le train, comme le font déjà certains pays. Il est parfaitement possible de fournir des soins adéquats aux jeunes ayant des problèmes identitaires sans les pousser à endommager leur corps pour l’ensemble de leur existence.
Toute organisation, institution ou ministère qui base ses protocoles de soins sur les recommandations de la Wpath ont un travail réflexif à faire : veulent-ils réellement offrir les meilleurs soins à leurs patients? Si oui, il faudrait bloquer l’introduction de procédures expérimentales et se donner du temps pour réfléchir et analyser les données probantes concernant l’impact à moyen et long terme de ces traitements dans la vie des jeunes en dysphorie de genre.
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