Depuis les déclarations d’Emmanuel Macron du lundi 26 février 2024 sur l’intervention de troupes occidentales sur le sol ukrainien, les craintes d’une escalade guerrière menant à une Troisième Guerre mondiale est dans toutes les têtes. Pour se rassurer, l’on se dit que cette manœuvre du président de la République a une visée strictement interne, qu’elle n’est pas sans arrière-pensées purement électorales.
Il faut dire qu’il avait été particulièrement secoué par sa visite du Salon international de l’agriculture du samedi précédent (le 24 février). Face à un public très remonté, il était sorti de ses gonds, usant d’une gouaille de charretier, dégradant ainsi son image d’énarque-gendre-idéal-au-langage-châtié. La riposte ne s’est pas faite attendre : le surlendemain a été tout bonnement évoquée la possibilité d’un conflit ouvert avec la Russie.
De surcroît, en tant que chef de la majorité – toute relative qu’elle soit – il entend que le résultat de la liste Renaissance aux élections européennes du 9 juin prochain ne soient pas trop catastrophiques vis-à-vis du Rassemblement national (R.N.), largement en tête dans les intentions de vote que publie régulièrement la presse.
En conséquence il initie une nouvelle forme de diabolisation du mouvement lepéniste. À l’accusation de pétainisme il substitue celle de poutinisme. Les troupes russes, elles, seraient déjà sur place, dans nos rues, dans les villes et dans les campagnes, au sein même de l’Assemblée nationale, par l’entremise des partisans du RN.
Aujourd’hui un « pro-Russe » n’a pas droit de cité, toute parole publique lui est interdite, comme en témoigne la volonté de la préfecture de Moselle d’empêcher une conférence de Xavier Moreau, entrepreneur et essayiste français expatrié en Russie, et d’Alain Escada, président de Civitas, le 16 mars dernier, laquelle a pu malgré tout se tenir.
Désormais ce n’est plus le « takiri » – c’est-à-dire le terroriste d’Al-Qaïda ou Daech – qui est l’ennemi systémique, comme ce fut le cas dans les années 2010, mais le pro-Russe. L’attentat qui a frappé Moscou dans la nuit du 22 au 23 mars nous replonge dans la décennie précédente : Daech n’est pas mort, il peut encore perpétrer ses effroyables crimes sur n’importe quel endroit de la planète.
Pour un temps les graves tensions entre Occident et Russie s’apaisent. Après avoir menacé d’une participation militaire aux côtés des Ukrainiens face à l’« agression » russe, Macron adresse son entière solidarité à la Russie. De même que les Américains, qui disent avoir prévenu les autorité russes de l’imminence d’une telle opération terroriste. Au vu du contexte ce sont des larmes de crocodiles, des condoléances d’hypocrites.
L’Occident mérite bien le syntagme d’empire du mensonge que lui a accolé Vladimir Poutine. Car en plus de faire la guerre à la Russie par l’intermédiaire de l’Ukraine – qui, s’il le faut, devra sacrifier la totalité de sa population aux intérêts « otaniens » –, l’Ouest dispose de deux autres moyens de combattre les Russes. Des moyens dissimulés, par lesquels il peut les déstabiliser, les affaiblir, en agissant sur leur sol même. Et ce sans qu’on ne puisse le soupçonner de quoi que ce soit.
L’entreprise hégémonique occidentale, écrivais-je dans un ouvrage paru en 2018, « ne dispose pas d’un mais de deux instruments, de deux armes redoutables pour mettre au pas la Russie et la Chine. D’un côté les insurgés pro-occidentaux partisans des droits de l’homme et de la démocratie de Maïdan à Kiev, de Hong-Kong et sa “révolte des parapluies” (et peut-être, demain, ceux de Saint-Pétersbourg, de Moscou, de Pékin et de Shangaï) ; de l’autre les takfiris agissant depuis la Tchétchénie et le Xinjiang. »
Il s’avère que l’attentat du Crocus City Hall de Moscou suit de peu les manifestations anti-Poutine qui se sont déroulées dans le cadre de l’hommage rendu à l’opposant Alexeï Navalny, mort en prison le 16 février 2024. Elles ont eu lieu le 1er mars dans le sud-est de la capitale russe et ont été l’occasion d’exprimer son opposition à Poutine : « épris d’un courage collectif, d’abord timidement, puis de plus en plus fort, la foule a hurlé les slogans passibles de plusieurs années de prison en Russie : “Poutine assassin !”, “Non à la guerre !” »
Ces deux événements relèvent en réalité de la même logique, et c’est pourquoi il s’agit, outre de les associer entre eux, d’associer cette paire d’événements à une autre, concernant des faits s’étant déroulés à Marseille à l’automne 2017.
Sur ce blog, dans un article publié les 15 avril 2020, j’avais « relevé la concomitance de l’organisation à Marseille d’une cession de présentation au public de Google (vocable à rapprocher de “Gog”), via des formations et des activités ludiques, qui eut lieu peu avant, le week-end du 22 et 23 septembre, avec l’effroyable double homicide de Mauranne et Laura, en octobre 2017 par un psychopathe dégénéré possédé par les mortifères espérances millénaristes de Daech. Soit, après Gog, Magog.
Le maire des 13ème et 14ème arrondissements Stéphane Ravier est bien seul pour nous rappeler à leur mémoire, nous devons lui accorder ce mérite, par-delà toute considération politicienne, pour ne pas dire politicarde. »
Le trident est le symbole de l’Ukraine, son blason, qui figure sur certains de ses drapeaux. Poutine affronte un trident : l’Occident auquel il fait face dispose de trois pointes. La première, la plus évidente, la plus visible, est le régime de Volodymyr Zelensky, fidéicommis de grands oligarques ukrainiens cornaqué par les Five Eyes, soit l’union de cinq agences de renseignement incluant les deux les plus réputées au monde, le MI6 et la CIA.
La deuxième force de déstabilisation est la « politique des droits-de-l’homme » – lequel homme étant de plus en plus apparenté à un LGBTQI+ – qui trouve des soutiens dans les grandes métropoles, Moscou et Saint-Pétersbourg en tête, chez une population jeune et diplômée. Le grand rêve occidental est que cette frange lance une nouvelle prise du Palais d’hiver. Sauf que les autorités veillent au grain. Et qu’elles sont fortes.
Alors un troisième truchement est à la disposition de l’Occident, dont la dénomination de son alliance militaire comporte le vocable « nord » (le « N » d’OTAN) : or, nous dit le livre d’Ézéchiel, l’Éternel fait venir Gog de l’« extrême-nord » (chapitre XXXIX, verset 2). Gog est de surcroît inséparable de Magog, qui s’avère ce tiers recours de l’Occident, à savoir Daech, le terrorisme takfiri.
Thèse reprise discrètement par le fils du journaliste Frédéric Haziza dans un papier paru le 11 novembre 2016 dans la revue de Bernard Henri-Lévy La Règle du Jeu, mais sous une forme contrefaite – est-ce si surprenant ? – en vue de dénoncer Donald Trump, alors nouvellement élu : « Nous disions : Ni Daech, ni Poutine. Mais mardi, c’est Poutine qui a gagné. Et avec lui, le fantôme de notre propre violence s’est réveillé : Gog et Magog, horde contre horde. Si nous ne les rencontrons pas pour la première fois, les forces du chaos sont désormais bel et bien au complet. »
Il a fallu plus de deux ans pour que l’Ouest, en représailles à l’opération dite spéciale initiée le 22 février 2022, dégaine son arme la plus sournoise. « Au début de ce mois, le gouvernement américain disposait d’informations sur un projet d’attentat terroriste à Moscou, visant potentiellement de grands rassemblements, y compris des concerts, et Washington a partagé ces informations avec les autorités russes », a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.
Il y a deux semaines l’ambassade américaine en Russie avait averti ses citoyens qu’elle « suivait de près des informations selon lesquelles des extrémistes ont des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts ».
Il est effectivement aisé d’avoir connaissance de ce dont on est à l’origine. L’empire du mensonge mérite décidément bien son nom. Nul autre sur terre ne cultive l’art de la ruse à un état de perfectionnement aussi avancé que lui.
NOTES
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec