L’illustration de « Ouïghours, l’horreur était dans nos médias » n’est pas une photo de propagande du « régime » chinois. C’est moi qui l’ai prise (en 2016) lors de mon premier voyage au Xinjiang. Bien que sa qualité soit moyenne pour une couverture de livre, on l’a choisie parce qu’elle montre des femmes libres, buvant du thé (?) et mangeant des gâteaux, entre copines, coiffées et vêtues comme elles veulent.
Si l’on regarde bien, elles sont six, leurs Smartphones posés devant elles ou en charge sous une affiche de jeune beauté aguicheuse. Elles sont rieuses (gentiment moqueuses) devant l’étranger avec qui elles ont eu envie d’échanger, nonobstant l’obstacle de la langue.
Et le Xinjiang, c’est ça.
Au mois d’août 2023, mon éditeur, Aymeric Monville, qui venait pour la première fois au Xinjiang, a été surpris de l’ambiance dans le bazar (souk) d’Urumqi où les habitants viennent déambuler jusqu’à tard dans la nuit. Lors de ma première visite, en 2016, la visite du bazar n’était pas possible la nuit en raison des risques d’attentat. Nous ne pouvions nous y déplacer, le jour, sans être accompagnés par un policier en civil, le pistolet dissimulé sous la veste. Je raconte tout ça dans mon premier livre sur le Xinjiang (« Ouïghours, pour en finir avec les fake news », décembre 2020, éditions La Route de la Soie).
C’était six mois après le carnage de la mine de Baicheng où des fanatiques islamistes avaient attaqué des ouvriers à la machette, faisant 16 morts et 18 blessés. La correspondante de l’Obs en Chine osa écrire : « Or, aussi sanglante qu’elle ait été, l’attaque de Baicheng ne ressemble en rien aux attentats du 13 novembre [en France]. Il s’agissait en réalité d’une explosion de rage localisée. » En effet, « Poussé à bout, un petit groupe de Ouïghours armés de hachoirs s’en était pris à une mine de charbon et à ses ouvriers chinois han, probablement pour venger un abus, une injustice, une expropriation… » Traduire « s’en était pris » par « ont massacré ». Comprendre dans le « probablement » que la journaliste n’en sait rien, mais qu’il importe de nous persuader que les tueurs répondaient à une possible agression antérieure dont il nous semble établi que les ouvriers saignés à l’arme blanche n’étaient « probablement » pas responsables.
Les mesures gouvernementales pour annihiler dans l’œuf tout nouvel attentat étaient alors impressionnantes : multiplications des caméras de surveillance, des caméras de reconnaissance faciale, abondance des contrôles de police, check-points sur les routes, apposition de codes QR sur les maisons de suspects, enregistrement des cartes SIM, neutralisation des trottoirs et contre-allées devant les restaurants où nous déjeunions, présence policière peu discrète, policiers en civil à nos côtés, masquage des plaques d’immatriculation des véhicules dans lesquels nous voyagions et bien d’autres sans doute qui n’étaient pas visibles et qui ne devaient rien envier aux mesures en vigueur dans la France de « l’état d’urgence ».
En août 2023, la tension due aux craintes d’attentats avait notablement diminué et la visite touristique et sans escorte était possible la nuit. Les badauds, en famille, souvent des couples avec enfants déambulaient en se prêtant volontiers à des séances de photos que nous sollicitions.
Pour ma part, en ce troisième voyage, sept ans après le premier qui s’était donc déroulé dans une atmosphère tendue, j’ai été surpris surtout par la liberté tranquillement affiché par les jeunes filles : robes chatoyantes de mille couleurs, shorts effrangés, jupes parfois à peine plus longues que les minijupes du temps où j’avais depuis peu cessé d’être un jouvenceau boutonneux. Il m’est impossible de parler du Xinjiang (trois fois la France pour sa superficie) sans penser aux femmes afghanes, de l’autre côté de la frontière, encagées sous une burqa noire, condamnées à l’analphabétisme, serrées de près par leur oncle ou par leur mari (parfois un oncle, épousé quand elles avaient neuf ans) ou par leur frère, ou leur fils aîné, qu’importe, pourvu qu’il soit un mâle.
Nos féministes républicaines devraient s’alarmer d’une possible « afghanisation » du Xinjiang, à moins que le sort de leurs sœurs ouïghoures les indiffère, le Xinjiang n’étant qu’un prétexte à bien se positionner politiquement (c’est ce que je crois) en jouant sur l’émotion provoquée par la vague de menteries états-uniennes relayées par notre presse.
Et je pense à la quasi totalité des députés français qui ont voté en janvier 2022 une résolution pour condamner le « génocide » ouïghour. Les députés de LFI se sont abstenus. La résolution était portée par Olivier Faure, du Parti Socialiste. Le nom même de ce parti est une escroquerie : « Parti socialiste ». Ainsi, il fait croire que des Hollande, Valls, Cazeneuve, Castaner, El Khomri, Faure, Delga, Cahuzac, Fabius, Dray, Le Foll, peuvent être rangés sous la bannière de Jaurès.
Mon livre « Ouïghours, pour en finir avec les fake news » a fait fondre sur moi, avec une violence, une mauvaise foi, une ignorance époustouflantes, une nuée de journalistes dont la connaissance du Xinjiang est née de discussions autour de la machine à café du bout du couloir ou de la lecture d’articles de confrères pantouflards instruits par des dépêches venues de Washington.
Les journalistes qui s’en sont pris à moi n’ont jamais mis les pieds au Xinjiang. Sauf une (au siècle dernier). Celle-là se désole de mes « oeillères ». Or, de tous ceux qui écrivent sur le Xinjiang, de tous ceux que vous avez entendus ou lus ou vus parler des Ouïghours, je suis le seul à m’être rendu trois fois sur place, à avoir pris connaissance en grande partie de l’argumentaire chinois, à avoir à peu près tout entendu, lu, venant des antichinois.
Quand les coups se sont abattus sur moi, plusieurs de mes détracteurs n’avaient pas lu mon livre, demandant à recevoir un « service de presse » (exemplaire gratuit) APRES en avoir fait une sévère critique ou puisant dans des recensions de confrères ou consœurs au risque de citer par copié-collé des passages tronqués ou truqués.
La vérité est que, pour beaucoup, le titre suffisait à condamner l’ouvrage et l’auteur.
Le pire est l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM) organisme français, public, officiel et pro-états-unien, qui, à l’occasion d’une enquête sur la Chine, me livre à l’OTAN et au Pentagone. Dans la version anglaise de leur enquête, mon nom apparaît 61 fois et ma photo 8 fois. Si j’étais craintif, parano ou complotiste, si je ne savais pas que le Pentagone et la CIA (surtout la CIA) sont des organisations morales, pacifistes, non violentes, légalistes, incapables de mauvais coups dans l’ombre, je dirais qu’une branche de l’armée de mon pays m’a désigné à des tueurs étrangers.
Gageons que les chiens de garde (Cf. Paul Nizan) vont encore se déchaîner avec mon second livre, accablant pour notre classe politico-médiatique. Ils vont se ruer sur moi de concert, comme quand s’ouvre la porte du chenil de la meute dressée à la chasse à courre, les aboiements des uns renforçant les jappements des autres, tous confortés par leur nombre, la course des premiers traçant l’itinéraire des suivants, les cous pareillement tendus, les oreilles couchées, les crocs luisants sous les babines retroussées, les baves se mélangeant par frottement sur les flancs en sueur, l’ensemble étant enivré par le cor sonnant l’hallali assez fort pour que je sois inaudible, voire intellectuellement aphone, tandis que des plus grands qu’eux, des plus honnêtes, des plus internationalement respectés, se sont mis à écrire, comme sous ma dictée (1).
Voici le préambule de mon livre :
« MESSAGE À NOS MÉDIAS
Vous affirmez que je suis « un idiot utile » (Frédéric Lemaître, Le Monde), « d’extrême gauche » (Nathalie Guibert, Le Monde), tandis que je suis d’extrême droite (Éric Simon, Charlie Hebdo) et un « dingo » qui nie l’existence de « camps de rééducation pour les Ouïghours » (Laure Daussy, Charlie Hebdo). Vous essayez de me faire dire qu’« il ne se passe rien de particulier au Xinjiang » (Elhia Pascal-Heilmann, Arrêt sur images), que « tout ce qui est dit sur le Xinjiang est faux » (Antoine Bondaz, Fondation pour la recherche stratégique). Vous certifiez que, porteur d’« œillères », j’épouse « sans réserve le récit colonialiste de Pékin » (Laurence Defranoux, Libération), que je suis un « négationniste » quant au Xinjiang (Nathalie Loiseau, ancienne ministre, tweet), un « confusionniste et propagandiste chinois » (Léa Polverini, Slate.fr), un nazi (« rouge-brun ») qui « nie les attentats contre les twin towers » (Tristan Mendès France, Twitter, France Inter, Conspiracy Watch). Vous avez contraint un hebdomadaire littéraire à me censurer, vous soutenez que « je suis bien payé » par le Parti communiste chinois et vous hésitez à me traîner devant les tribunaux « pour l’instant » (Dilnur Reyhan, Institut ouïghour d’Europe). Vous me refusez un droit de réponse après m’avoir mis en cause, vous prétendez que « le martyre des Ouïghours » est une « réalité maintes fois démontrée » et que, pour la nier, j’ai bénéficié d’un « droit de suite sur nombre de canaux, notamment chinois… » (Thibault Sans, Le Média). Vous me rangez dans un « cheptel » qui diffuse « les éléments de langage de Xi Jinping » (Benjamin Jung, Blast). À vous et à d’autres, je vais rappeler ci-après ce que j’ai vraiment écrit sur le Xinjiang dans mon livre « Ouïghours. Pour en finir avec les fake news » et je le compare à vos divagations que contredisent, depuis des années, des intellectuels étrangers mondialement reconnus, et même le « rapport » publié le 31 août 2022 par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU après son enquête au Xinjiang, où l’on cherchera vainement les mots « génocide, esclavage dans les champs de coton, camps de concentration, prélèvements d’organes, persécution de la religion, éradication de la culture et de la langue ouïghoures », accusations terribles qui sont votre fonds de commerce pro-atlantiste et un prétexte à aboyer en bande organisée contre la Chine et à me dire traître à mon pays…
Avec mon voisin gascon Cyrano de Bergerac, je vous préviens, perce-bedaines, coupe-jarrets, trotte-menu et pisse-copie, que je « n’abdique pas l’honneur d’être une cible ». Mieux : je vais rappeler ce que vous avez écrit et dit sur le « génocide » et sur moi ; je vais révéler comment vous caillassez la vérité et ceux qui la protègent. À mon tour, j’ai enquêté sur vous. J’ai découvert que vous êtes montés au mât sans avoir le derrière du pantalon propre.
Vous n’allez pas aimer ».
Le livre est découpé en quatre parties :
Première partie : Où de prestigieux intellectuels démontrent méticuleusement qu’il n’y a pas de génocide.
Deuxième partie : Comment lutter contre le terrorisme en France, en Chine, partout ailleurs ?
Troisième partie : Le constat du Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU au Xinjiang.
Quatrième partie : Le Vivas bashing.
Et l’ONU, dans tout ça ?
Le 31 août 2022, dans un document de 45 pages, le Haut Commissariat des Droits de l’Homme de l’ONU produit les résultats de son enquête du mois de mai au Xinjiang. Il ne reprend aucune des accusations antichinoises de notre classe politico-médiatique : « génocide des Ouïghours, persécution de la religion et de la culture musulmanes, interdiction de parler ouïghour, camps de concentration, prélèvements d’organes, récolte de coton par 500 000 esclaves ». Mon livre en fait une analyse détaillée que nos médias ont oublié de faire. Il livre aussi un scoop sidérant sur la visite de Michelle Bachelet, qui est à l’ONU la Haute-Commissaire aux Droits de l’Homme.
Maxime VIVAS
Note (1) Aucun français ! La honte sur nous
« Ouïghours, l’horreur était dans nos médias », mars 2024, 266 pages, 22 euros.
En librairie ou commandes à editionsdelga@yahoo.fr
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir