Je ne suis pas religieux ni croyant, ni fédéraliste, ni membre d’aucun parti politique; je suis un indépendantiste, plutôt indépendant qu’indépendantiste. Mais pourquoi donc je précise tout ça?
«Au Québec, c’est comme ça que l’on vit», nous a dit François Legault. Autrement dit, au Québec c’est l’autoritarisme pur et dur.
Les religions ou le Québec, c’est la même chose : c’est comme ça que ça vit : c’est l’autoritarisme; c’est le croit ou meurt. Autrefois c’était ça, et aujourd’hui, c’est encore ça autrement.
Au Québec, il n’y a que l’autoritarisme, c’est comme ça au Québec. Le Québec est laïc. La laïcité est le nouvel absolutisme au Québec, l’autoritarisme; et ce n’est que le début.
Dans l’esprit des gens, qu’on se le dise : au lieu de prêcher le respect des différences, au Québec ce sera ce retour à l’uniformisation forcée, l’autoritarisme au-delà de toutes les chartes des droits et libertés de la personne et de la jeunesse.
Au Québec, la différence et sa seule vue seront considérées louches, tendancieuses, suspectes, ostentatoires, dangereuses, condamnables, criminelles. Et avec le temps et l’intransigeance croissante, la race québécoise deviendra unique, grande, apostolique et universelle. De la raideur, aucune souplesse, tous pareils comme autrefois, sinon, l’exclusion; la violence de l’exclusion (Paul Ricoeur) : l’enfer.
«Au Québec, c’est comme ça que l’on vit». Écoutez Simon Jolin Barette, écoutez Guillaume Rousseau, écoutez François Legault; c’est comme ça que l’on vit au Québec.
Vive le Québec! Vive la laïcité! Vive l’intransigeance! Vive l’uniformisation! Vive la nation! Vive l’autoritarisme! Vive le nationalisme! Au Québec, Dieu est enfin mort pour toutes et tous; c’est comme ça que l’on vit au Québec.
Au Québec, c’est le contenant d’abord, la valeur de l’apparence d’abord; peu importe le contenu. Nous serons toutes et tous de bons petits Québécois comme ça! Comme ça d’abord! Le contenant comme valeur première : race blanche sans hésitation, laïc sans hésiter, français évidemment pour bien se comprendre dans notre autoritarisme. Sans compromis, c’est comme ça que l’on vit au Québec. Et c’est normal; c’est ça la normalité.
L’autoritarisme ou l’humanisme? Au Québec, c’est l’autoritarisme. Point.
Quand on parle de victoire, on parle nécessairement de gagnants et de perdants. Le Québec s’enlise dans un nationalisme malsain, croyant que l’évolution de l’humanité doit se pétrifier dans un rétrécissement, dans une voie, dans une situation extrême, par une solution extrême et rigide d’une loi où seule l’intransigeance de l’autoritarisme sera de plus en plus croissante et le tout.
Une paix des nations forcée par la loi et non par un respect de chacune et chacun. Quand on impose le respect, on est à un cheveu près de la guerre. Et le ton monte…
L’éducation au respect est mieux, mais plus exigeant : l’éducation du peuple est mieux que l’imposition par la force de la paix. Si les Québécois sont incapables de comprendre leur propre charte des droits et libertés de la personne et de leur jeunesse, le problème de cette nation est grave en termes d’humanité et d’humanisation. Nous sommes alors un peuple souffrant, ignorant de son glorieux passé humaniste et donc un peuple dangereux par son intransigeance qui impose par la force. C’est l’histoire que nous devrons réapprendre sinon nous n’aurons pas compris ce cheminement fatal.
«À une époque où l’humanité est en flagrant besoin de repères, je ressentais de la fierté à l’idée de réintégrer Hegel au panthéon de maîtres de la pensée. Car il n’y est pour rien dans nos fausses routes, celles qui nous ont menés au nazisme, au communisme, au stalinisme, au racisme, au capitalisme… La faute revient à notre étonnante flexibilité qui, il faut bien le dire, n’est que pure passivité. En subissant docilement les événements, la flexibilité s’adapte aux mutations, aux aberrations et aux chimères les plus dangereuses que l’histoire enfante. Elle embrasse le mouvement et prend la forme de leurs soubresauts, sans aucune résistance. Telle est la direction du vent, telle sera la trajectoire de mon navire. S’il faut donc désigner un coupable quant aux tristes événements ayant marqué notre siècle, c’est bien la flexibilité et non pas Hegel qu’il faut pointer du doigt.»
Catherine Malabou, dans
«Femmes philosophes», par Maya Ombasic,
FIDES, 2023, pages 131-132
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec