Face à la faillite morale de l’Occident, quel avenir pour la Palestine ? — Daniel VANHOVE

Face à la faillite morale de l’Occident, quel avenir pour la Palestine ? — Daniel VANHOVE

La faillite morale de l’Occident n’est plus une métaphore ou une figure de style. C’est une réalité. Qui se vérifie chaque jour, où que le regard se pose. Cet Occident et ses incessantes leçons de bonne gouvernance martelées à travers de grands discours à la face du monde, de bien-pensance érigée en doxa, de phare civilisationnel distribuant les bons et les mauvais points aux Etats obéissants ou à ceux qui osent relever la tête, vient de démontrer en quelques années, toute son hypocrisie, toute sa veulerie, menant irrémédiablement à sa faillite.

D’abord dans sa gestion calamiteuse du Covid-19 et les multiples tromperies et contre-vérités répétées ad nauseam via des médias aux ordres, et dont les retombées dureront encore sur les plus crédules pendant des années. Ensuite, dans sa guerre qu’en réalité l’OTAN fomentait de longue date et mène contre la Russie par l’Ukraine et son saltimbanque de président interposés. Et maintenant dans l’abject soutien à la colonie nommée ‘Israël’, dénoncée depuis des décennies par nombre d’ONG et de militants ayant été sur le terrain pour témoigner de l’odieux système d’apartheid mis au point par le régime sioniste à l’encontre des populations autochtones. Tous ces ténors politiques et leur aréopage servile se sont révélés être des imposteurs, des manipulateurs, des escrocs et souvent, autant corrompus que corrupteurs.

Ces trois derniers évènements majeurs dans les convulsions d’un monde malade, se sont succédé et témoignent de l’imposture d’un système qui s’effondre sous nos yeux, en majeure partie parce que ses responsables politiques dont la probité devait être exemplaire, se sont révélés champions toutes catégories dans leur propension à mentir, travestir les faits, tricher de toutes les manières possibles, et qui plus est, de manière de plus en plus décomplexée, ayant pris la justice en otage et les citoyens pour des idiots incapables de discerner entre la vérité et la duperie. Heureusement, contre ces vents mauvais, existent encore quelques personnes intègres et actives, qui font leur travail d’investigation comme il se doit, afin de démêler le vrai du faux, sans succomber aux avantages multiples qui leur sont offerts pour les détourner de leur tâche. Mais nos voyous gouvernementaux les ignorent, quand ils ne les pourchassent pas et les laissent croupir en prison, tel Julian Assange qui a révélé ce qui les compromet.

Le constat pour les citoyens occidentaux est dès lors des plus amer : ce sont nos gouvernements et leur système, et non ceux qui nous sont désignés par nos instances au pouvoir, qui sont du mauvais côté de l’Histoire et nous entraînent avec eux dans cette faillite. Ce sont nos gouvernements et leur système qui sont les exemples à ne surtout pas suivre. Ce sont donc nos gouvernements, leur système et leurs institutions mises en place pour avoir le contrôle sur tout ce qui ne leur appartient pas mais qu’ils convoitent par tous les moyens, y compris les plus indignes, les plus brutaux, les plus injustes qu’il faut renverser parce qu’ils sont bien les barbares absolus dans leurs manières d’agir et leurs pratiques avec nos pairs. Et quand un responsable occidental nous tient des discours sur l’axe du mal en pointant les autres, c’est définitivement d’eux-mêmes dont il s’agit. Ceux-là mêmes que les peuples devront prendre l’initiative de destituer, de gré ou de force !

En ce qui concerne la situation la plus urgente qui devrait tous nous mobiliser tant des vies innocentes sont sacrifiées en direct sous nos yeux, comment dire et ajouter à tout ce qui a déjà été écrit sur le drame palestinien en cours, sans tomber dans les redites et les doublons ? L’actualité nous inonde chaque jour, chaque heure de ses récits insoutenables. Au point d’en arriver à l’indicible… quand les mots ne parviennent plus à dire… quand les mots manquent… qu’ils s’étranglent d’impuissance dans nos gorges, sans pouvoir traduire la désolation, la souffrance et la mort qui rôde à chaque instant, à chaque battement de paupières, de par les complicités assassines de nos gouvernements. Ne faut-il pas alors prendre le recul nécessaire afin d’en dégager une analyse plus froide et plus détachée, pour s’interroger sur ce qui autorise de tels crimes sans que ne bougent la plupart de nos responsables politico-médiatiques d’habitude si prompts à délivrer leur sentence du haut de leurs certitudes quand personne ne leur demande quoi que ce soit ? Et pour commencer, ne faut-il pas pointer ici plus qu’ailleurs peut-être, la somme incalculable de mensonges qui ont été proféré sur l’ensemble de ce dossier tragique, et ce, dès l’origine ? Ne faut-il pas relever les innombrables falsifications qui ont été propagées par des médias de connivence ayant nourri un récit truffé de tromperies, et qui continuent à le faire, sans vergogne ? Ne faut-il pas démonter pièce par pièce une affabulation qui nous a été présentée comme ‘vérité’ alors que tous les indices et les témoignages nous prouvent le contraire de ce qui nous est raconté ?

En réalité, la Palestine historique est la vérité quand la colonie israélienne est un leurre, une invention, une projection virtuelle. Et c’est à cette vérité-là qu’il nous faut revenir. C’est avec la géographie et avec l’histoire qu’il faut nous réconcilier. Et abandonner définitivement tous les récits trompeurs et fallacieux qui font d’une soi-disant promesse divine, que chacun peut interpréter à sa manière, une réalité tangible sur laquelle se fonderait la vie et l’évolution d’un peuple.

Nous, de l’Occident, sommes collectivement en faillite ! Nos grands principes, nos belles paroles, nos textes érudits et alambiqués, nos articles de lois complexes et notre droit pointu que l’on veut imposer à toutes les nations au nom de nos ‘valeurs universelles’ ne sont que du vent dont les peuples du monde découvrent et vérifient chaque jour l’inanité par l’inadéquation entre ce que nous proclamons haut et fort, et nos agissements à géométrie variable lors de nos interventions. Et plus le temps passe, plus nous sommes vus comme des menteurs, des profiteurs, des imposteurs. Incapables d’appliquer le droit et la justice dont nous nous glorifions, dès lors qu’ils ne nous conviennent pas. Dans le deux poids, deux mesures en permanence. Sans la moindre cohérence. Nous sommes en contradiction continuellement. Nous ne respectons ni nos paroles ni nos écrits. Ni nos partenaires, bien sûr. Nous mentons, nous trichons, nous biaisons sans cesse. Nous n’avons plus aucun honneur, plus aucune dignité. Nous nous renions sans cesse. Et nous pensons pouvoir continuer à nous en tirer par une bonne ‘com’. Savamment étudiée. Bien huilée. Alors que notre seule boussole, notre seule obsession est la maximisation des profits… quel qu’en soit le prix, y compris en vies humaines quand aux yeux des quelques puissants qui ont le contrôle de ce système mortifère, elles ne valent rien. Une vie vaut-elle une autre vie ? Aux yeux de ceux-là, bien sûr que non ! Quels que soient leurs discours, une vie de suprémaciste blanc vaut bien plus, infiniment plus que la vie de n’importe quel basané, condamné dès ses origines.

Un peuple exsangue se bat depuis près d’un siècle pour sa terre, son droit, sa dignité au nom de la justice. Nous regardons, multiplions les déclarations aussi vaines et vides qu’inutiles, et pensons que cette situation peut perdurer tant que nos puissances militaires ont le contrôle des choses et nous garantissent notre sécurité. Eh, bien, c’en est terminé ! Que vous l’acceptiez ou non, les choses ne seront plus jamais ce qu’elles étaient avant la révolte armée des factions de la résistance gazaouie rassemblée sous la bannière du Hamas. La colonie ‘Israël’ ne sera plus jamais celle qu’elle pensait être et se projetait pour elle-même. Malgré ses déclarations victorieuses, elle ne se relèvera pas des coups fatidiques de la résistance déterminée palestinienne. Et dans la foulée, l’Occident collectif qui a soutenu des décennies durant ce mythe trompeur d’un ‘’droit d’Israël à exister’’ et n’a jamais contraint ce dernier à se conformer aux Résolutions de l’ONU, s’effondrera également. L’axe de la résistance gagnera du terrain, gagnera en nombre et les forces atlantistes qui se pensaient invincibles et qui sont de plus en plus minoritaires seront défaites. Comme l’armée israélienne. La roue tourne, l’histoire continue et ne repasse pas les mêmes plats. Chez nous, le désordre sera tel, que les poussées d’extrême-droite toujours à l’affût pour rétablir un ordre nouveau après une période trouble, seront plébiscitées par des foules déboussolées et perdues d’avoir crû aux lendemains prometteurs qui n’auront pas tenu leurs promesses, puisque celles-ci n’étaient qu’illusions, mensonges et trahisons de ceux qui s’en sont servis pour se hisser et se maintenir au pouvoir. Et quelques uns se rappelleront peut-être alors que les promesses n’engagent que ceux qui y croient… et auront tout le temps pour en méditer les leçons et prendre la mesure du changement qui s’annonce.

En attendant, alors qu’ici, sous nos latitudes encore quelque peu préservées, les illusionnistes qui nous distraient ergotent sur tel ou tel mot à utiliser ou non dans des déclarations que plus personne n’écoute ni ne prend au sérieux, là-bas les vrais résistants ont compris depuis longtemps qu’ils ne devaient compter que sur eux-mêmes et leurs capacités à se battre contre nos Etats défaillants, mais encore bien armés. Et puisque l’Occident n’entend que le langage de la force, qu’à cela ne tienne, ils se sont organisés en conséquence. Ils se sont patiemment armés, entraînés et aguerris pour ce qui les attend. La lutte sera dure, sévère et ne fera pas de quartier. Ils le savent et sont prêts à y donner leur vie. Et ils la donnent, convaincus qu’à terme, la victoire sera la leur.

Nous n’avons plus cette capacité. Nous n’avons plus cette force intérieure. Nous n’avons plus cette détermination. Nous pensons que nos mots et quelques manifestations pacifiques – of course ! – suffisent. Nous sommes en fin de civilisation, tout occupés à nos loisirs, notre bien-être individuel, nos distractions futiles, nos centres d’intérêts égo-centrés, notre jour de congé supplémentaire, nos quelques rides en moins, nos plans de pension, notre épanouissement personnel ‘coaché’. Nous n’avons plus la moindre notion de solidarité. Ni la moindre capacité de révolte. Nous nous sommes faits berner par les escrocs lors du Covid, qui ensuite ont soutenu le parti nazi de Kiev, et alimentent maintenant le génocide de Gaza qui nous tétanise sans nous dresser contre eux comme il le faudrait. Nos combats se situent à la marge, en périphérie de l’essentiel. Au point même de ne plus savoir qui nous sommes : homme ou femme ? Nous nous imaginons encore être le centre du monde, enviés par tous ceux qui rêveraient de rejoindre nos contrées. Alors que si nous leur en donnions l’occasion et les conditions, la plupart d’entre ces pauvres hères ne désirent qu’une chose : rester chez eux, dans leurs familles, leurs coutumes, leurs cultures qui bien souvent, n’ont rien à envier à la nôtre.

Il y a quelques années, j’écrivais que le compte-à-rebours du régime colonial israélien avait commencé. Mais qu’avant, les douleurs et les affres seraient terribles, allant sans doute jusqu’à la destruction de la mosquée al-Aqsa au profit de la reconstruction du Temple de ces fous de Dieu sionistes… et serait le détonateur du grand renversement. Nous y sommes presque. Pendant que les regards sont braqués sur les horreurs dans la bande de Gaza, les colons racistes s’acharnent impunément contre ce qu’il reste de la Cisjordanie, et l’étau sur la mosquée al-Aqsa se resserre dangereusement. L’échéance se rapproche. Le monde en sera complètement retourné et l’ordre actuel des choses ne sera plus jamais celui que nous connaissons. La Knesset vient de se prononcer à une large majorité contre l’établissement de tout Etat palestinien. Au moins les choses sont claires. Mais, à l’inverse de ce qu’ils croient, la colonie ‘Israël’ et ses ramifications délétères seront effacées et englouties par les forces de l’axe de la résistance pour qui la ligne rouge a été franchie. Et nos Etats, ramassis de technocrates et fonctionnaires zélés, soutiens inconditionnels de cette folie suicidaire, risquent bien d’être emportés par cet ouragan.

24.02.24

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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