Le 14 février 1949, 2000 mineurs d’amiante d’Asbestos, aussitôt suivis par 3000 mineurs de la région de Thetford Mines, déclenchent une grève qui allait marquer l’imaginaire de tout un peuple. Il y a 75 ans, le Québec était le principal producteur et exportateur de ce minerai sur la planète que l’on a longtemps qualifié « d’or blanc ». Cependant, les entreprises et le gouvernement de l’époque ont toujours refusé de reconnaitre l’importance des effets néfastes de l’amiante sur la santé qui étaient bien connus à l’époque et tels qu’exposés par M. Burton LeDoux dans Le Devoir au mois de janvier de la même année.
L’Association des victimes de l’amiante du Québec (AVAQ) tient à souligner aujourd’hui le courage de ces hommes et de ces femmes qui ont demandé de meilleures conditions de travail dans l’espoir de ne plus mourir d’une maladie causée par leur travail. L’amiante comme on le sait aujourd’hui est classifiée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme étant un agent cancérogène pour l’humain. Plus de 60 pays en ont banni l’usage sur leur territoire. Le Canada interdit, par règlement, l’amiante et les produits contenant de l’amiante depuis le 30 décembre 2018. Malheureusement ce règlement ne s’applique pas aux résidus miniers amiantés sauf pour les activités comportant un risque élevé. Et où trouve-t-on ces résidus miniers amiantés ? Au Québec bien entendu…
Cette grève des mineurs d’amiante a duré plusieurs mois et a été la scène d’actes violents tel que démontré par les images de travailleurs ensanglantés et battus par les policiers qui firent le tour du monde.
C’est seulement en 1975, près de 30 ans plus tard et suite à une seconde grève de l’amiante d’une durée de sept mois à Thetford que les choses commencent à bouger. Suite à cette grève qui portait également sur l’enjeu de la santé au travail, le gouvernement du Québec a mis sur pied le Comité d’étude sur la salubrité dans l’industrie de l’amiante. C’est en se basant sur les recommandations du rapport de ce comité que le gouvernement du Parti québécois adopte la première Loi sur la santé et la sécurité du travail qui a créé le réseau de prévention en milieu de travail que nous connaissons aujourd’hui. En 1990 et en 2013, il y a eu adoption de deux dispositions réglementaires qui exigent des mesures de prévention très rigoureuses pour tout travail avec des matériaux contenant de l’amiante afin d’éviter toute exposition à la fibre d’amiante lors de ces travaux.
En juin 2022, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec a déposé un plan d’action visant à valoriser les haldes de résidus miniers amiantés. C’est en raison de cette volonté du gouvernement actuel que l’AVAQ insiste sur l’importance de ne pas oublier les leçons du passé concernant les dangers d’une exposition à la fibre d’amiante. Les statistiques annuelles de la CNESST révèlent que les maladies liées à l’amiante représentent 80-90 % des décès causés par des maladies professionnelles.
En conséquence, nous tenons à rappeler au gouvernement la conclusion du rapport du BAPE, déposé en 2020, sur «l’État des lieux et la gestion de l’amiante et des résidus miniers amiantés ». En effet, les auteurs de ce rapport émettent le principe directeur suivant : «La destruction des fibres d’amiante est requise dans toute valorisation pour l’extraction de métaux et de matières premières». Il est donc essentiel pour nous que l’Observatoire national de l’amiante créé par le plan d’action gouvernemental garde en tête ce principe directeur dans le cadre de ses travaux.
L’Association des victimes de l’amiante du Québec vise à promouvoir la solidarité et l’entraide entre les victimes de l’amiante, qu’elles aient été exposées dans le cours de leur travail, par le contact quotidien avec des travailleurs ayant été exposés à l’amiante ou dans l’environnement.
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal