Chalk River : Ottawa doit stopper le projet 

Chalk River : Ottawa doit stopper le projet 

Des groupes de citoyens ont lancé un avertissement urgent au sujet des déchets radioactifs qui seraient enfouis dans une gigantesque décharge sur une colline, à 1 km de la rivière des Outaouais en amont d’Ottawa, Gatineau et Montréal. Ces groupes citent des experts dans le domaine du nucléaire qui affirment que certains déchets seront fortement radioactifs pendant des milliers d’années et que nous devons les enfouir en profondeur pour protéger la population.
 
La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a approuvé récemment cette déchargé haute comme un édifice de sept étages, connue sous le nom d’Installation de gestion des déchets près de la surface (IGDPS).

En 2017, le rapport d’un comité d’experts a mentionné les perceptions selon lesquelles la CCSN est en relation trop étroite avec l’industrie nucléaire et qu’elle promeut des projets qu’elle devrait réglementer.
 
Si elle était construite, l’IGDPS contiendrait plus d’un million de tonnes de déchets radioactifs et d’autres déchets dangereux résultant de 80 ans d’exploitation des Laboratoires de Chalk River ; cette installation de recherche nucléaire contaminée appartient au gouvernement fédéral. Des déchets radioactifs commerciaux et provenant d’autres sites du gouvernement fédéral y seront placés.

L’IGDPS est sur le site des Laboratoires nucléaires canadiens (LNC), à 180 km au nord-ouest d’Ottawa, sur la rivière des Outaouais, juste en face de la province de Québec. Des études démontrent que cette décharge de déchets aura des fuites radioactives pendant son exploitation et qu’elle s’effondrera après quelques centaines d’années à cause de l’érosion. Cela contaminera la rivière des Outaouais, source d’eau potable de millions de Canadiens.
 
Concerned Citizens of Renfrew County and Area, l’Association des propriétaires de chalets d’Old Fort William, le Ralliement contre la pollution radioactive et le Regroupement pour la surveillance du nucléaire figurent parmi les nombreux organismes qui critiquent depuis 2016 la conception de cette décharge géante de déchets radioactifs. Selon eux, l’information est trop vague concernant les déchets destinés à l’IGDPS même si la Commission de sureté nucléaire et les Laboratoires nucléaires canadiens ont affirmé à plusieurs reprises que seulement des déchets radioactifs de faible activité y seront placés.

 » Les installations de gestion des déchets près de la surface ne conviennent pas aux déchets radioactifs de moyenne activité qu’on voulait y mettre au début, « déclare Ginette Charbonneau du Ralliement contre la pollution radioactive.  » À la suite des protestations du public, les promoteurs du projet disent maintenant que l’IGDPS n’acceptera que des déchets de faible activité. Malheureusement, ce n’est pas crédible. Il est très difficile de séparer des déchets de faible activité et de moyenne activité qui ont été stockés ensemble dans des colis non marqués. Il est donc inévitable qu’il y ait encore des déchets de moyenne activité dans cette décharge en surface. C’est très dangereux « .

 Johanna Echlin de l’Association des propriétaires de chalets d’Old Fort William (Québec) mentionne que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est l’organisme responsable de la sûreté et de la sécurité nucléaires au niveau mondial. Selon l’AIEA, les déchets hérités par les Laboratoires de Chalk River sont de « moyenne activité  » et ils devraient être enfouis à des dizaines ou des centaines de mètres sous terre.
 
Les groupes de citoyens citent également les déclarations de James R. Walker (Ph.D), un ancien cadre supérieur responsable des déchets radioactifs hérités des Laboratoires de Chalk River. M. Walker énonce clairement dans ses commentaires à la CCSN que certains déchets destinés à l’IGDPS sont des  » déchets de moyenne activité  » qui nécessitent plutôt un stockage souterrain. Il affirme que la décharge serait dangereusement radioactive pendant des milliers d’années et que les radiations provenant de l’installation dépasseraient les niveaux autorisés.
 
 » Le Cabinet et le Parlement ont le pouvoir et le devoir de renverser cette décision le plus tôt possible « , déclare Lynn Jones de Concerned Citizens of Renfrew County and Area.  » Il est clair que les actionnaires d‘Atkins Realis (anciennement SNC-Lavalin), de Fluor et de Jacobs seront les seuls à bénéficier du projet d’IGDPS. Tous les autres n’en tireraient que des problèmes : pollution de la rivière des Outaouais, risques sanitaires accrus, coûts de nettoyage astronomiques et une grande tache noire sur la réputation internationale du Canada « .
 
Dans une lettre envoyée le 5 février aux élus et aux responsables locaux, les groupes de citoyens demandent au gouvernement canadien de stopper ce projet et de couper son financement. Les études menées par le promoteur lui-même démontrent clairement que les déchets destinés à l’IGDPS sont fortement contaminés par de grandes quantités de substances radioactives de très longue durée de vie provenant des réacteurs nucléaires, expliquent-ils dans leur lettre. Ces déchets pourraient provoquer des cancers, des malformations congénitales et des mutations génétiques chez les populations exposées.
 
Le Canada devrait s’engager à construire des installations de gestion des déchets radioactifs de classe mondiale, afin de garantir la sécurité des Canadiens et de créer de bons emplois dans l’industrie nucléaire, tout en gérant les déchets de manière sûre pour les générations futures, disent ces groupes de citoyens.
 
Le coût de la dépollution du site des Laboratoires de Chalk River a été estimé à 8 milliards de dollars lorsque le site a été confié au secteur privé par le gouvernement Harper en 2015. Le consortium multinational appelé « Canadian National Energy Alliance « *, dirigé par SNC-Lavalin (aujourd’hui appelé Atkins Realis), a remporté le contrat de plusieurs milliards de dollars pour gérer et nettoyer « rapidement et à moindre coût » le site de Chalk River et d’autres sites fédéraux. Depuis que le consortium a pris le relais, les contribuables canadiens ont vu le coût d’exploitation des Laboratoires nucléaires canadiens (autrefois les Laboratoires de Chalk River) gonfler de 336 millions de dollars par an à plus de 1,5 milliard de dollars par année.

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* Le consortium connu sous le nom de Canadian National Energy Alliance est composé d’Atkins Realis (anciennement SNC-Lavalin), qui a été radié par la Banque mondiale pendant 10 ans et qui a fait l’objet d’accusations de fraude, de pots-de-vin et de corruption au Canada. La société texane Fluor Corporation a payé 4 millions de dollars pour mettre fin à des allégations de fraude financière liées à des travaux de nettoyage de déchets radioactifs sur un site américain ; et la société texane Jacobs Engineering, qui a récemment acquis CH2M, un membre initial du consortium, a accepté de payer 18,5 millions de dollars pour mettre fin à des accusations criminelles fédérales sur un site de nettoyage de déchets radioactifs aux États-Unis.
 

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