C’est presque fait : Marine a un boulevard pour 2027, où une cohabitation se dessine entre son souverainisme – on souligne bien son – et la Macronie, qui ne lâchera évidemment pas le pouvoir comme ça. La Banque a d’autres employés que Macron, qui pourra continuer à gérer les affaires (de Rothschild et BlackRock) dans l’ombre, comme Sarkozy l’a fait à droite après 2012. Oui mais voilà : et Poutine ?
Lifting idéologique délicat mais réussi
Pour comprendre l’évolution de Marine et de son RN, montons dans la machine à remonter le temps (et les principes). Zoum, nous voilà en 2015.
Invitée de l’Interview d’Euronews, son entreprise de dédiabolisation vient à peine de commencer : les journalistes sont toujours agressifs avec elle.
Marine lance avec aplomb, donnant beaucoup d’espoirs : « Je suis là pour sauver la peau du peuple français. » Le moment intéressant arrive à 2’33.
Sophie : Pour schématiser, vous préconisez une sortie de l’Union européenne, une sortie de l’euro. Mais si la France sort seule de l’euro, ça sera très compliqué…
Marine : Écoutez, dites pas trop ça parce que les pays qui sont pas dans l’Union européenne, de l’Europe, ils se portent très bien, quoi.
Sophie : Oui mais ils sont pas entrés, c’est toute la différence.
Marine : Ah, d’accord, donc à partir du moment où on est rentrés, on est condamnés à rester, c’est ça ? Mais ça, il fallait le dire avant.
Sophie : D’ailleurs on le sait pas puisqu’on a aucun recul puisque personne n’a jamais tenté l’expérience.
Passons à la question Poutine, qui ressemble étrangement à la question Soral (à 4’02) :
« Est-ce que vous êtes idéologiquement proche de Vladimir Poutine ? »
« Vous avez dit que vous aviez une certaine admiration pour le personnage » relance Sophie, les yeux plissés, signe d’une ruse. Marine répond avec ruse également :
« J’admire qu’il ait réussi à rendre à une grande nation, qui a été tout de même humiliée et persécutée pendant 70 ans, une fierté… »
Sur l’Ukraine enfin, Marine colle Sophie au mur avec sa tirade sur les « gentils nazis » et les « méchants nazis ».
Une décennie plus tard, Marine ne veut plus sortir de l’UE et son secondant s’est carrément affiché pour l’Ukraine de Zelensky, donc pour l’Empire.
« Le soutien moral, politique et matériel à l’Ukraine relève pour moi de l’évidence. » (Jordan Bardella, L’Opinion, 22 février 2023)
Marine laisse dire, se fait discrète, mais les députés RN (et LFI) du Parlement européen en 2022 ne votent pas les aides militaires à l’Ukraine, qui passeront quand même. Marine ne s’oppose plus à Zelensky et aux « nazis ukrainiens » ouvertement, mais ne soutient plus Poutine non plus ouvertement.
Sa méthode : ne pas intervenir sur un sujet clivant (comme sur les Gilets jaunes).
Stratégie anti-coups, hypocrisie de circonstance ou lâcheté en termes de convictions ? Pour l’instant, stratégie non perdante.
Le raz-de-Marine
Retour en 2024. Chez les non-jeunes, pour Marine, tout va bien : les actifs, comme en 2022, votent majoritairement pour elle. Et les projections pour 2027 renforcent sa percée sociologique chez les productifs (Macron a été élu par les improductifs et un énorme coup de pouce de l’Intérieur et des médias) :
Chez les dirigeants d’entreprises, Marine Le Pen perce à 38% dès le premier tour.
28% des salariés du secteur public et 40% des actifs choisissent la présidente du groupe RN, qui atteint également 32% chez les…retraités !!— Pierre Charron (@marinpetrus) February 7, 2024
Le premier tour serait un véritable raz de marée pour la Présidente, élue dès le 1er tour chez les ouvriers et superforme chez les actifs.
Le Pen 36% (+3)
Philippe 22% (-3)
Mélenchon 14% (+1)Zemmour 6%
Roussel 4,5% (-1,5)
Wauquiez 4,5 (-0,5)
Faure 2 (-1)— Pierre Charron (@marinpetrus) February 7, 2024
Chez les jeunes, grâce à Bardella, le RN cartonne. Jordan est la superstarlette de TikTok.
Sur ce RS infesté de jeunes, Bardella caracole en tête : les jeunes Renaissance sont obligés de le reconnaître et de tenter de lui coller au cul (cliquez sur la photo pour voir) :
Maintenant que Marine a changé (en apparence), elle peut tout espérer, au détriment des principes fondamentaux du souverainisme, comme Mitterrand avec le socialisme. Poutine est-il encore son modèle ?
Elle regarde peut-être du côté de l’Ukraine et des élections américaines, pour savoir qui sortira gagnant du conflit entre la Russie de Poutine et l’Amérique de Biden, et enfin sortir de son attentisme.
Bonus : Jordan a choisi son camp
: Le député Meyer Habib semble sermonner Manuel Bompard avant d’embrasser Jordan Bardella..
La scène s’est déroulé juste avant l’hommage rendu aujourd’hui aux victimes françaises du 7 octobre dans la cour des Invalides.pic.twitter.com/fd6jMakdJU
— Les Spectateurs (@les_spectateurs) February 7, 2024
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation