Depuis 2021, la ministre de la Culture est mise en examen pour corruption passive. Les soupçons concernent 900 000 euros versés de 2010 à 2012 par Renault.
Par Alexandre Boudet
FREDERICK FLORIN / AFP
Rachida Dati, ici au Parlement européen en 2012, est soupçonnée d’avoir touché illégalement 900 000 euros de la part de Renault. La nouvelle ministre de la Culture est mise en examen depuis juillet 2021.
JUSTICE – C’est une situation qui n’a pas gêné son entrée au gouvernement. Malgré une mise en examen en 2021, Rachida Dati est devenue jeudi 11 janvier la nouvelle ministre de la Culture. Un choix que Gabriel Attal a dû assumer dès sa première interview, le soir même sur TF1.
Le Premier ministre a rappelé la jurisprudence Éric Dupond-Moretti pour expliquer qu’une mise en examen ne signifiait pas condamnation et que la présomption d’innocence était un principe cardinal qu’il entendait respecter.
Rachida Dati a toujours démenti les accusations à son encontre qui prennent naissance dans l’affaire dite « Renault-Nissan ». Après avoir été placée sous le statut de témoin assisté fin 2020, l’ancienne Garde des Sceaux a été mise en examen quelques mois plus tard pour corruption passive, trafic d’influence passif et recel d’abus de pouvoir. Le Parquet national financier (PNF) cherche depuis 2019 à connaître les conditions de rémunération de la maire du VIIe arrondissement par le groupe automobile de 2010 à 2012 quand Carlos Ghosn en était le patron.
900 000 euros pour quoi faire ?
C’est une plainte déposée en 2019 par une actionnaire de Renault qui accusait Rachida Dati, le criminologue médiatique Alain Bauer, mais aussi Carlos Ghosn et son épouse qui a déclenché les investigations.
Le tout tourne autour de la question suivante : durant ces années, celle qui était alors eurodéputée a-t-elle été rémunérée 900 000 euros pour des activités de conseil (elle est avocate) ou cela correspond-il à un emploi de complaisance pour masquer des activités de lobbying qui sont interdites pour des parlementaires européens ?
Au moment de sa mise en examen, Rachida Dati avait contesté toute illégalité. « Tout a toujours été déclaré et contrôlé. J’ai apporté toutes les preuves de mon travail », déclarait-elle alors, précisant que, dans cette affaire, Renault « n’est ni plaignant, ni victime et aucun argent public n’est en jeu ». Pour elle, il s’agissait alors d’une décision politique prise à l’été 2021 alors qu’elle envisageait de se présenter à la primaire de la droite pour la présidentielle 2022.
Le PNF doit prochainement proposer de renvoyer ou non les protagonistes devant un tribunal correctionnel. Les juges d’instruction trancheront ensuite sur le cas de Rachida Dati avant un éventuel procès.
Source : Le Huffpost
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