Nasrallah : l’opération du 7 octobre préfigure la disparition inéluctable d’Israël

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 3 janvier 2024, à l’occasion de la commémoration du 4^e anniversaire de l’assassinat de Qassem Soleimani et Abu Mahdi al-Muhandis.

Source : Al-Manar

Traduction : lecridespeuples.fr (Substack)

[…] J’en arrive maintenant à la troisième partie de mon propos, consacrée à l’Opération « Déluge d’Al-Aqsa ». Cette opération a été lancée le 7 octobre par nos frères des Brigades Izz al-Dine al-Qassam (branche armée du Hamas), et nos frères du Jihad Islamique et des autres factions palestiniennes se sont joints à eux. Les causes qui ont amené cette opération ont été rappelées par les responsables des frères du Hamas, du Jihad (islamique) et des autres factions de la Résistance, et j’en ai moi-même parlé de manière détaillée dans un discours précédent, à savoir tout ce qui concerne l’oppression du peuple palestinien depuis 75 ans, le dossier des prisonniers opprimés et persécutés dans les prisons sionistes, les agressions et menaces contre la mosquée Al-Aqsa, les dangers de déportation des Palestiniens de Cisjordanie, l’état de siège continu contre Gaza et la volonté d’y pousser à une lutte interne, dont le but ultime était, comme on le voit maintenant, la déportation des habitants de Gaza, mais via les luttes intestines et l’étranglement économique et social. Les causes et objectifs du Déluge d’Al-Aqsa étaient donc claires et bien connues.

Voir Nasrallah : le Hezbollah fera le nécessaire pour que le Hamas soit victorieux à Gaza 

Le 8 octobre, le Hezbollah est entré dans la bataille à la frontière nord de la Palestine occupée, qui est la frontière sud du Liban, sur une ligne de front longue de plus de 100 kilomètres. Ensuite, nos frères de la Résistance islamique en Irak sont à leur tour entrés dans la bataille en frappant les bases de l’occupation américaine en Irak et en Syrie, ainsi que par des frappes directes contre l’entité usurpatrice avec des drones, contre Eilat et d’autres cibles. Puis nos frères au Yémen sont également entrés en scène, par des frappes de drones et de missiles contre l’entité usurpatrice, et par l’initiative qualitative, énorme, grandiose et d’une influence considérable qu’est le défi dans la mer Rouge. A tous les sens du terme, c’est vraiment une action courageuse, avisée, épique et efficace, au plus haut point.

Le déroulement des événements vous est bien connu, et je ne vais donc pas répéter des choses que vous suivez régulièrement, chaque jour et chaque heure. Ce qui se passe depuis 3 mois et jusqu’à ce jour est d’une part une scène de sacrifices, de martyrs, de blessés, de maisons détruites, de familles massivement déplacées à l’intérieur de Gaza, en Cisjordanie dans une certaine mesure, et même au sud du Liban : c’est la scène du prix à payer, des dangers encourus. Mais à ses côtés, nous avons d’autre part la scène de l’endurance, de la détermination, de l’endurance, du courage, du combat, de la résistance, des défis, des pertes considérables infligées à l’ennemi, d’un caractère indomptable et du refus de la reddition. Et le premier exemple, la première ligne et la plus grandiose en est bien sûr Gaza. Et le reste de l’Axe de la Résistance est à son image. A la lumière de ces deux scènes, il y a des résultats (concrets). Parfois, on se noie dans tel ou tel détail, mais dans cette section de mon discours, je souhaite prendre du recul et considérer la situation de manière générale. Lorsqu’on voit l’ampleur des résultats obtenus, leur importance et le caractère considérable des accomplissements réalisés jusqu’à présent, et qu’on y ajoute ce qui peut être réalisé ultérieurement, on prend pleinement conscience (du fait que cette opération était nécessaire et a porté ses fruits), et nous acceptons plus volontiers et avec satisfaction l’ampleur des sacrifices consentis, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Irak, en Syrie, au Yémen, en Iran et sur tous les terrains et champs de bataille de (l’Axe de) la Résistance.

Permettez-moi de citer rapidement, et de manière succincte, les différents accomplissements en question, même si chacun d’entre eux mériterait qu’on lui consacre un exposé d’une heure, mais on se contentera de les signaler brièvement. Et en vérité, ce ne sont pas là mes propres déclarations, et je n’en ai compilé que quelques-unes, et pas toutes, car le temps ne me permet pas de tout évoquer. Ce que je vais vous exposer, c’est ce que déclarent les Israéliens eux-mêmes, qu’il s’agisse de généraux, de responsables anciens ou actuels, d’analystes, d’experts et stratèges américains ou du monde arabo-musulman, et de certaines déclarations de l’Imam Khamenei, et de nombreuses élites dans la Communauté (arabo-musulmane) et dans le monde. Ce que je veux vous montrer, c’est certains des résultats qu’ont permis d’accomplir jusqu’à présent tout ce sang et tous ces sacrifices, résultats qui auront une grande influence pour l’avenir de la Palestine, de la cause palestinienne, du Liban et de toute la région, mais en particulier la Palestine et le Liban, et de manière générale pour l’ensemble du Moyen-Orient.

Je vais citer les points un par un rapidement.

1/ Le retour de la cause palestinienne au premier plan et avec force, après qu’elle ait été presque oubliée et effacée, qui impose à nouveau partout dans le monde la recherche d’une solution. C’est pour cela qu’ils reviennent nous parler de la solution à deux États, etc. Car avant le Déluge d’Al-Aqsa, la cause palestinienne était sur le point d’être oubliée de tous, si ce n’est les mouvements de la Résistance, leurs positions, les commémorations annuelles de la Journée d’Al-Quds (Jérusalem), etc.

2/ La chute des calculs israéliens qui tablaient sur la fatigue des Palestiniens, leur désespoir et l’abandon de leur cause. Le Déluge d’Al-Aqsa a démontré que ce peuple, dont la Résistance a pris l’initiative de lancer cette opération, et qui a été suivi par l’endurance, la détermination et les sacrifices de tout le peuple de Gaza, cela a démontré que ce calcul israélien était on ne peut plus erroné et illusoire. L’idée que les Palestiniens vont se lasser, abandonner leurs territoires et oublier leur cause, et que la nouvelle génération, qui est celle d’Internet et des réseaux sociaux, va tourner la page, est terminée. Elle était terminée en Cisjordanie, par les Intifadas et les opérations martyres, mais le Déluge d’Al-Aqsa est venu lui porter le coup fatal et l’enterrer définitivement. Aujourd’hui, Israël a clairement compris qu’il fait face à un peuple qui ne saurait jamais oublier sa terre, son histoire, son présent, son avenir et ses lieux saints, et ses élites l’expriment avec regret. Israël est mortifié face à ce peuple indéracinable après 75 ans, et malgré 75 ans de répression, de tortures, d’emprisonnement, de déportation, de camps de réfugiés, et de conditions de vie sévères et très difficiles.

3/ L’augmentation du niveau de soutien à la Résistance et au choix de la Résistance au sein du peuple palestinien et de toute la Communauté arabo-musulmane, et ce malgré les massacres et les tentatives de certains de faire porter la responsabilité des massacres à Gaza aux victimes, aux hommes dignes, à la Résistance (le Hamas), et d’en innocenter le criminel, l’assassin sanguinaire, à savoir Israël. Et cela a également une énorme influence sur l’avenir de la cause palestinienne. Après tout ce qui s’est passé en Palestine, ils considéraient que cet anéantissement de la bande de Gaza, ces meurtres de masse et ces massacres feraient regretter aux Palestiniens d’avoir lancé l’opération du 7 octobre, et qu’ils abandonneraient la Résistance et s’en prendraient au Hamas, au Jihad islamique, aux autres factions et aux combattants, mais les sondages montrent clairement que le niveau de soutien à la Résistance, aux mouvements de Résistance et en particulier au Hamas, auquel on fait porter la plus grande responsabilité dans le Déluge d’Al-Aqsa et ses conséquences, n’a jamais été aussi élevé dans l’histoire de la Palestine, du peuple palestinien et des mouvements de Résistance en Palestine. Cela a une influence considérable sur l’avenir de cette lutte.

4/ La déchéance d’Israël et de son image aux yeux du monde entier, malgré tous les efforts déployés durant les 20 dernières années par les médias américains et occidentaux, malheureusement assistés en cela par une partie des médias arabes officiels qui ont eux aussi œuvré à embellir l’image d’Israël, et à le présenter comme un État de droit, un État démocratique et respectueux des droits de l’homme. Avec l’Opération Déluge d’Al-Aqsa et ce qui s’est ensuivi, et ce qui se déroule aujourd’hui sur tous les fronts, la déchéance d’Israël est totale, que ce soit sur les plans de la morale, de l’humanité ou du droit. Aujourd’hui, aux yeux du monde entier, Israël est un assassin d’enfants, un assassin de femmes, un destructeur de maisons, l’auteur d’une déportation de populations qui les expulse de leurs logements, de leur quartiers et de leurs terres, un affameur des peuples, un oppresseur épouvantable et un terroriste pour les civils, auteur de la plus grande extermination de masse du siècle. L’image d’Israël est brisée en mille morceaux et ne s’en relèvera pas. Et cela aura également une grande influence sur le conflit et sur les équations de lutte dans notre région.

O mes frères et sœurs, dernièrement, des sondages ont été publiés aux Etats-Unis, interrogeant la jeunesse américaine, ce peuple américain qui ne suit pas nos médias, et est abreuvé de la naissance à la mort par les médias américains qui sont contrôlés par les sionistes ou les groupes qui soutiennent le sionisme. Mais face au carnage atroce qui se déroule à Gaza, on voit l’influence du sang des enfants, des femmes et de l’oppression énorme infligée aux Palestiniens, et les bienfaits des réseaux sociaux, qu’ils ont conçu pour détruire l’Islam, nos valeurs et la Résistance, mais le sortilège s’est retourné contre le sorcier, et on voit l’histoire de Pharaon et des sorciers (vaincus par) Moïse (et lui faisant allégeance) se répéter à nouveau. Face à la situation actuelle, plus de 50% de la jeunesse américaine soutient non seulement l’idée d’accorder leurs droits aux Palestiniens, mais bien le démantèlement de l’État d’Israël et l’attribution de toute la terre (historique) de Palestine au peuple palestinien. Comment un tel changement aurait-il pu se produire (sans le Déluge d’Al-Aqsa) ? Qui aurait pu imaginer un tel bouleversement dans l’opinion publique américaine ? Bien sûr, il faut continuer à agir dessus et à la développer davantage, et cela aura des influences énormes et considérables aux Etats-Unis.

5/ Ce qui s’est passé durant ces 3 mois a porté un coup fatal à la voie de la normalisation (des relations des pays arabes avec Israël), qui visait à envelopper le peuple palestinien (de pays normalisateurs), à faire d’Israël un pays normal et à faire oublier la Palestine.

6/ Il est devenu clair aux yeux du monde… Au Liban, on nous chante continuellement ce refrain au sujet du (nécessaire) respect de la communauté internationale et des résolutions internationales. Les Etats-Unis nous sermonnent régulièrement sur les résolutions internationales, et vont continuer à le faire, de même que les Européens, les Occidentaux [en nous rappelant en particulier la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies appelant au désarmement des milices libanaises, qui cible le Hezbollah], ainsi que certains Libanais américanisés et occidentalisés, en nous reprochant d’être les seuls à ne pas respecter les résolutions de la communauté internationale et le droit international. Le Déluge d’Al-Aqsa a établi plus clairement que jamais aux yeux du monde entier, même si ce n’est pas quelque chose nouveau, l’identité de ceux qui défient vraiment la volonté de la communauté internationale. Qu’est-ce que la communauté internationale ? Lorsque les 193 pays du monde, dont de grands pays importants et puissants, exigent un cessez-le-feu total à Gaza, à l’exception de 10 pays seulement, à savoir les Etats-Unis, Israël, le Royaume-Uni et autres, et qu’Israël jette cette résolution aux orties, qui est-ce qui respecte vraiment la volonté de la communauté internationale et les résolutions de l’ONU ? Combien de résolutions de l’ONU Israël a-t-il respectées jusqu’à présent ? De la première résolution (prise au sujet de la Palestine occupée) à ce jour, jusqu’à la résolution 1701 (votée en 2006), comme le dit l’un des responsables d’une instance de l’ONU consacrée aux droits de l’homme, seulement durant les deux derniers mois, l’entité usurpatrice a foulé aux pieds la totalité des lois & résolutions internationales existantes. Elle n’a rien épargné. Et bien sûr, les États-Unis sont aux côtés d’Israël dans le non-respect impudent de la volonté de la communauté internationale et sa confiscation.

7/ Si on considère directement Israël, regardez les résultats très importants qui ont été réalisés, et à la lumière desquels nous devons élaborer notre position. La dissuasion stratégique d’Israël a volé en éclats, alors qu’ils plaçaient leurs espoirs en elle et œuvraient à la restaurer. Rappelez-vous donc tous les discours tenus avant le Déluge d’Al-Aqsa, et tout le débat au sujet de la capacité de dissuasion d’Israël. Les agressions (régulières) contre Gaza visaient à restaurer cette dissuasion. La puissance d’Israël est une puissance de dissuasion, à savoir qu’elle épouvante et terrorise les pays voisins et leurs peuples, afin de les tenir en respect, de les pousser à la reddition, aux concessions, à la soumission, au renoncement à leurs droits et à l’abandon (de la Palestine et des autres territoires occupés). Telle est l’histoire d’Israël, qui repose tout entier sur cette force de dissuasion. C’est une puissance de terreur et d’intimidation, et c’est là sa seule force. Cette capacité de dissuasion a commencé à s’éroder en 2000 (avec la Libération du sud-Liban), puis encore en 2005 (avec la Libération de Gaza), et davantage avec la victoire divine du Liban en 2006, et après 2006, ils ont déclaré qu’ils devaient restaurer cette capacité de dissuasion. Mais après le Déluge d’Al-Aqsa, que ce soit à Gaza, ou après l’ouverture du front au Liban, et surtout au Yémen, cette capacité de dissuasion israélienne s’effondre. Pourquoi s’effondre-t-elle ? Lorsque le Hamas et les autres factions de la Résistance ont lancé l’opération Déluge d’Al-Aqsa le 7 octobre, ils n’étaient aucunement dissuadés, effrayés ou terrorisés. Ils connaissaient très bien les conséquences de leurs actes, et anticipaient la réaction (meurtrière) d’Israël, mais la cause méritait ce niveau d’initiative, et ils n’ont nullement été dissuadés. Lorsque la Résistance libanaise a ouvert un front le 8 octobre, elle n’était aucunement dissuadée, et n’a du reste jamais été dissuadée par Israël dans toute son histoire ; et aujourd’hui, le Hezbollah est plus audacieux encore, et plus prêt que jamais à la confrontation et à l’initiative. Lorsque le Yémen a pris l’initiative (d’attaquer le territoire israélien par des frappes de missiles et de drones et de cibler ses intérêts économiques en mer Rouge et en mer d’Oman), il n’était ni effrayé ni dissuadé. Il n’a accordé aucune considération à Israël. Et à cet égard, même la capacité de dissuasion américaine s’érode grandement. La capacité de dissuasion israélienne n’était pas suffisante, et ils ont appelé au secours la capacité de dissuasion américaine, avec ses porte-avions, mais même la capacité de dissuasion américaine n’a pas suffi, ni face à la Résistance irakienne (qui frappe quotidiennement les bases américaines en Irak et en Syrie et des cibles en Israël), ni la Résistance libanaise (qui a fait des milliers de tués et blessés parmi les soldats de l’occupation depuis le 8 octobre), ni les hommes de Dieu au Yémen (qui sont prêts à entrer en guerre ouverte contre les Etats-Unis et leurs alliés), ni personne. Et c’est pourquoi les porte-avions américains commencent à quitter la région, sans avoir obtenu aucun résultat. Ainsi, la capacité de dissuasion stratégique d’Israël s’érode, se brise et s’effondre.

8/ La fin de la supériorité du renseignement israélien. On nous a toujours rebattu les oreilles, et à tort, de l’omniscience d’Israël, de sa capacité à tout savoir, mais ce n’est pas vrai. Le Déluge d’Al-Aqsa l’a démontré sans appel.

9/ Après la guerre de 2006, Israël a lancé la Commission Winograd, des comités d’enquête et de nombreuses études, et a reconsidéré nombre de ses stratégies et postulats, corrigeant et amendant ses failles, mais puisque je n’ai pas le temps d’aborder le sujet en détail, je vais seulement rappeler une phrase qu’ils ont déclarée, à savoir que dorénavant, si Israël entre en guerre, cela doit se faire sur la base d’une « victoire rapide, claire, décisive et sans appel ». C’est ce qu’ont déclaré Ehoud Barak et tous les ministres de la défense et les chefs d’état-major qui sont venus après lui. Eh bien, après 3 mois, si on ne parle que de Gaza, il n’y a aucune victoire en vue, et encore moins de victoire décisive, rapide, claire et sans appel. Pire encore, il ne se trouve personne au sein de l’entité sioniste qui prétende voir une quelconque perspective de victoire à Gaza. Avec leur opération de la nuit dernière, ils essaient de présenter une image de victoire dans l’assassinat perfide de Cheikh Salah (al-Arouri à Beyrouth). Mais sur le champ de bataille de Gaza, où est la victoire rapide, claire, décisive et sans appel ?

10/ L’échec de l’aviation à remporter la victoire, même dans une zone étroite comme la bande de Gaza. Bien sûr, cela est très important pour nous, au Hezbollah, pour tous ceux qui réfléchiront à des stratégies de défense nationale.

11/ C’est là le point le plus important et le plus dangereux (pour Israël) quant aux résultats de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa et tout ce qui se passe dans les axes et champs de bataille adjacents : l’absence de confiance du peuple de l’entité sioniste dans l’armée israélienne, les services de sécurité et les dirigeants politiques. Cela atteint le cœur, les fondements mêmes de l’existence et de la perpétuation d’Israël. Aujourd’hui, il y a des gens qui… Je ne veux pas employer de termes déplacés, mais j’espère que leur capacité d’entendement comprendra cette idée. Lorsque certaines personnes entendent le Hamas, nos frères du Jihad islamique ou les autres dirigeants des factions de la Résistance palestinienne déclarer que le Déluge d’Al-Aqsa pose véritablement les fondements de la disparition de l’État d’Israël et le place sur la voie de l’extinction, ils rient et se moquent de ces prédictions, car ils manquent de lucidité. Mais fondamentalement, et je vais vous lire un texte qui le montre, si Israël perd la sécurité, il ne peut pas subsister. Son peuple, ses habitants n’y resteront pas, car leur lien avec la terre est un lien mensonger, artificiel, hypocrite, qui n’a absolument aucune base authentique. Vous savez tous que dans le projet originel du mouvement sioniste, au temps de (Théodore) Herzl, 4 pays avaient été envisagés pour y rassembler les Juifs : l’Argentine, l’Ouganda, tel pays européen et la Palestine, qui n’était qu’un choix parmi d’autres. Ce sont les Anglais qui les ont amenés en Palestine. Dans tous les pays de la région, qui sont des pays authentiques, lorsque par exemple une guerre civile éclate au Liban pendant 30 ans, le Liban et le peuple libanais subsistent. Lorsqu’une catastrophe et une guerre mondiale frappent la Syrie, la Syrie et le peuple syrien subsistent. Lorsque l’Irak subit le siège et les guerres, l’Irak et son peuple subsistent. De même pour le Yémen et les autres pays. Mais en ce qui concerne Israël, les choses sont bien différentes. Israël est une entité artificielle. Israël est un peuple patchwork, fabriqué de toutes pièces depuis tous les coins du monde. Chaque Israélien a une deuxième nationalité, et leurs valises sont toujours prêtes (pour fuir la Palestine en cas de danger). Le lien des Israéliens avec les terres de Palestine est fondé sur la sécurité, et sur l’idée que c’est « le pays où coulent le lait et le miel » (Torah). Lorsque cessent de couler le lait et le miel, et qu’ils perdent la sécurité, c’est terminé ! Pourquoi est-ce que j’ai parlé d’une Libération de la Palestine par étapes ? La scène qu’on peut déjà entrevoir pour l’avenir d’Israël est ces sionistes qui plient bagage et s’en vont, via les aéroports, les ports, les frontières, les points de passage. Telle est la scène qui arrivera (inévitablement).

L’Opération Déluge d’Al-Aqsa a fondé avec force, ou complété les fondations de cette scène. Vous en voulez une preuve ? Très bien. Je vais vous lire une déclaration du ministre israélien de la guerre actuel, [Yoav] Galant. Beaucoup d’Israéliens disent la même chose, mais je vais vous rapporter ses propos. Il a déclaré : « Sans la réalisation des objectifs annoncés de la guerre… », à savoir la liquidation du Hamas, la libération des prisonniers vivants et sans négociation, tels sont les objectifs annoncés, et le contrôle sécuritaire, politique ou administratif sur la bande de Gaza, qui est l’un des objectifs non annoncés, « Sans la réalisation des objectifs annoncés de la guerre, nous serons dans une situation où le problème sera que les citoyens (israéliens) ne seront pas disposés à vivre… » non pas seulement autour de Gaza, non pas seulement dans le Nord, à la frontière du Liban. Galant déclare que le problème ne sera pas seulement celui des déplacés de la zone autour de Gaza, et de la frontière avec le Liban, mais que « les citoyens (israéliens) ne seront pas disposés à vivre dans ce pays. » Pourquoi ? « Car nous ne savons pas comment les protéger. » Qu’est-ce que cela signifie ? Il déclare que si Israël ne réalise pas les objectifs de la guerre, ils auront perdu le pilier fondamental sur lequel repose la survie de l’État d’Israël. Et je lui déclare qu’avec la grâce de Dieu, vous ne pourrez pas réaliser les objectifs de la guerre. Vous ne pourrez pas réaliser les objectifs de la guerre.

Le Déluge d’Al-Aqsa a également mis fin au mythe de la Palestine comme seul refuge sûr au monde pour les Juifs. La conception du sionisme est que les Juifs n’étaient en sécurité nulle part dans le monde, sinon en Palestine occupée, dans l’entité israélienne. Le Déluge d’Al-Aqsa et ce qui se passe sur tous les fronts, oui, ce qui se passe sur tous les fronts, même si le principal champ de bataille est Gaza, ce qui se passe à Gaza avant tout, et également en Cisjordanie, au Liban, en Irak, au Yémen et dans la région a ébranlé cette fondation, et fera s’effondrer la conception et l’idée du refuge sûr sur laquelle l’émigration de millions de Juifs s’est basée. Et la remigration a commencé. La remigration a déjà commencé. Des centaines de milliers d’Israéliens ont quitté la Palestine occupée (depuis le 7 octobre), la plupart étant des élites, des gens fortunés, etc.

12/ L’image de la puissance d’Israël a été brisée. Cet Israël qui se présente à tel ou tel pays arabe que je ne nommerai pas en promettant qu’il les protègera et les défendra, leur enverra son aviation et son Dôme de fer, qu’il représente la sécurité, les services de renseignement infaillibles et les technologies de pointe, cette image d’un Israël puissant et capable s’est effondrée. Et Israël est maintenant en position d’avoir besoin qu’on le défende. Imaginez donc quelle serait la situation d’Israël si les Américains et leurs porte-avions n’étaient pas venus en Méditerranée. Israël a eu besoin d’une telle intervention des Etats-Unis dès les premiers jours.

13/ L’ampleur des pertes directes à plus d’un niveau, à un degré sans précédent (dans l’histoire de l’entité sioniste). Les pertes humaines, tués, blessés et handicapés : les chiffres communiqués par Israël sont bien inférieurs à la réalité. Sur notre front libanais, au nord de la Palestine occupée, Israël ne reconnait aucun tué ni aucun blessé, mais ils se comptent par milliers. J’en parlerai en détail dans mon discours prévu ce vendredi (5 janvier), avec la grâce de Dieu. Le (très grand) nombre des véhicules et des chars dont la destruction est annoncée chaque jour (par les factions de la Résistance), la situation psychologique… Le journal israélien Yedioth Ahronoth rapporte que du fait de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa et de ses suites, jusqu’à présent, 300 000 nouvelles personnes ont demandé un suivi psychiatrique. 300 000 personnes ont demandé des soins psychiatriques ! Vont-ils rester ici (en Palestine occupée) ? En aucun cas ! Il y a des dangers, de la peur, de l’inquiétude, il n’y a pas de sécurité, et une situation psychologique difficile. Vous voulez vivre en toute quiétude ? Que ceux qui ont un (second) passeport américain retournent aux États-Unis, que les Britanniques retournent en Grand-Bretagne, les Français en France, etc. C’est le seul avenir qui s’offre à vous, ô Israéliens. Et la terre de Palestine, de la Mer (Méditerranée) au Fleuve (Jourdain), appartient seulement et exclusivement au noble peuple palestinien, combattant, endurant et patient, et à personne d’autre !

Nous avons donc une situation psychologique (très inquiétante), une remigration, des centaines de milliers de déplacés, même s’ils dissimulent les chiffres réels. Il y a quelques jours, ils ont déclaré qu’au nord (à la frontière libanaise), il n’y avait que 60 à 70 000 déplacés, afin de diminuer l’importance de ce front, mais Netanyahou a fait un lapsus un jour et a déclaré qu’il y en avait 100 000. Et il y a quelques jours, un journal américain a rapporté les propos de responsables israéliens affirmant qu’il y avait 230 000 déplacés au nord de la Palestine occupée. Tous ces déplacés représentent un fardeau pour le gouvernement ennemi (qui a dû les reloger, subvenir à leurs besoins, etc.). Sans parler de l’économie, qui tourne au ralenti voire est à l’arrêt depuis 3 mois : il n’y a pas de tourisme, pas d’agriculture, pas d’industrie. Et qu’est Israël sans économie ? Le coût s’élève à des dizaines de milliards de dollars, et les aides américaines ne parviendront pas à combler ce gouffre financier. Bien sûr, à cet égard, l’action de nos frères au Yémen en mer Rouge (empêchant tout navire israélien ou à destination d’Israël de circuler) a une influence énorme sur l’économie israélienne.

14/ L’incapacité israélienne à réaliser le moindre de ses objectifs. Israël n’a pas réalisé le moindre de ses objectifs (militaires annoncés à Gaza). Ne vous imaginez pas que si aujourd’hui, les États-Unis demandent à Israël de se retirer des villes (de Gaza), c’est par crainte pour (la vie) des Palestiniens : c’est pour les Israéliens qu’ils ont peur ! Il est possible que nos frères de la Résistance palestinienne souhaitent ardemment que les (soldats) Israéliens restent là où ils sont, dans les villes, pour continuer à en éliminer (autant que possible) matin et soir, par la destruction de leurs chars et véhicules, les opérations de tireur d’élite, les ciblages directs, etc. Israël n’a réalisé aucun objectif. Ils n’ont pu libérer aucun prisonnier vivant. Ils n’ont pas pu jusqu’à présent, et ne parviendront jamais à imposer leur volonté politique sur la bande de Gaza, ni sur la forme à venir de l’administration de Gaza.

15/ Un autre résultat très important obtenu qui accélèrera la mort de cette entité est l’ampleur (sans précédent) des divisions internes. Attendez seulement que la guerre cesse. Tous (les dirigeants politiques et militaires israéliens) sans exception, même au sein d’un même parti, tiennent un poignard caché derrière leur dos, et dès que la guerre cessera, et que les demandes, exigences, commissions d’enquête et procès commenceront, on verra quel Israël sortira du Déluge d’Al-Aqsa (ils font bloc aujourd’hui car c’est la guerre, mais dès qu’elle sera terminée, tous s’entre-déchireront et s’accuseront mutuellement).

Voir Les familles des Israéliens tués par leur propre armée le 7 octobre demandent une enquête

16/ Le fait que les États-Unis ont été démasqués aux yeux du monde entier. Après les néo-conservateurs et les massacres atroces perpétrés (par l’administration Bush) en Afghanistan et en Irak, ils nous ont mis Obama, un Noir dont le père s’appelait Hussein, avec des racines africaines et musulmanes, et que sais-je encore, et ils ont ainsi œuvré à redorer leur image dans le monde arabo-musulman. Et cette imposture a fonctionné dans une certaine mesure. Puis est arrivée la sédition du Printemps arabe, la sédition de Daech – ce sont les Américains qui ont créé Daech et ils se sont ensuite présentés comme les protecteurs du peuple irakien face à Daech – et ont donc essayé d’améliorer leur image. L’un des plus importants résultats de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa est d’avoir réduit en miettes l’image des États-Unis, la dévoilant dans ses réalités les plus abjectes. Les réalités les plus abjectes des États-Unis ont été révélées (au monde entier, et au monde arabo-musulman en particulier). Car aujourd’hui, ceux qui tuent à Gaza, ce sont les États-Unis, les décisions des États-Unis, les politiques américaines, les missiles américains et les obus américains. Ceux qui empêchent l’arrêt de la guerre contre Gaza, ce sont les États-Unis. Ceux qui mettent leur veto au Conseil de Sécurité de l’ONU, ce sont les États-Unis. Et l’impudence des États-Unis est arrivée au point où leurs porte-paroles affirment qu’Israël ne cible pas délibérément les civils. 22 000 martyrs civils, dont une grande majorité de femmes et d’enfants, mais Israël ne cible pas délibérément les civils, c’est une erreur chers amis, ce ne sont que des « dommages collatéraux ». Israël ne tue délibérément ni les civils, ni les journalistes (affirment-ils avec une impudence sans égale). Il apparait clairement que ce sont les États-Unis qui sont à l’extérieur de la communauté internationale, du droit international, des résolutions internationales, des droits de l’homme et des valeurs humanistes et humanitaires (et qui s’y opposent et les bafouent sans cesse).

17/ Et le dernier point que je vous soumets avant d’arriver à la dernière partie de mon discours, qui ne sera pas longue, est que dans ce qui se passe à Gaza, il y a une leçon pour nous tous : il est clairement établi que les institutions internationales, les organisations internationales, la communauté internationale et le droit international sont incapables de protéger le moindre peuple. Ils sont incapables de protéger qui que ce soit. Retenez cette leçon, ô Libanais ! Il y a encore des gens dans notre pays qui, jusqu’à aujourd’hui, malgré 22 000 martyrs à Gaza, près de 60 000 blessés, (malgré ce massacre de masse qui se déroule) sous les yeux impotents de la communauté internationale, il y en a encore au Liban qui disent au Hezbollah de se désarmer, car la communauté internationale et les résolutions internationales suffiraient à protéger le Liban (en cas d’agression israélienne). Je suis désolé de le dire, mais ce n’est plus une question de divergence de points de vue, où chacun aurait sa perspective et qu’il faudrait respecter les opinions de chacun. En aucun cas. C’est un aveuglément obstiné. Les cœurs, les yeux et la lucidité (de ces gens-là) sont complètement aveugles. « Ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent, mais, ce sont les cœurs dans les poitrines qui s’aveuglent. » (Coran, 22, 46) N’est-ce pas la vérité indéniable aujourd’hui ?

Que nous enseigne cette expérience ? Et j’entre là dans la dernière partie de mon propos. Cette expérience enseigne que si nous sommes faibles, le monde ne nous accordera aucun crédit, ne nous protègera pas, ne nous défendra pas et ne versera même pas une larme sur notre sort ! Même les larmes, nous en serons privés ! Ce qui nous protège, c’est notre force, notre courage, notre poigne, nos armes, nos missiles et notre présence sur le champ de bataille ! Si nous sommes forts, nous pouvons imposer au monde de nous respecter ! Malgré le blocus sévère qui étrangle Gaza, malgré l’oppression énorme infligée à Gaza, si Gaza était tombée dans les premiers jours, tout serait fini, et personne dans le monde ne l’aurait pleurée. C’est la force morale énorme, et la force matérielle limitée de la Résistance de Gaza, du peuple de Gaza, des hommes, des femmes et des enfants de Gaza, qui sont une forme de force, qui ont pu s’imposer au monde. C’est pourquoi le monde entier change d’avis, reconsidère les choses, cherche des solutions. Pourquoi ? Car il y a un spectacle de force à Gaza, malgré l’oppression indicible (subie par son peuple).

Tous ces résultats, qui ne sont que quelques-uns des accomplissements du Déluge d’Al-Aqsa, car il y en a encore bien d’autres, et d’autres encore vont être réalisés, je vous affirme que ce qui s’est passé depuis le 7 octobre jusqu’à aujourd’hui, et ce qui se passera ultérieurement, a affaibli Israël, ébranlé toute l’entité, et fait trembler ses fondations et ses piliers. Et oui, comme le disent nos frères palestiniens à raison, tout cela a placé Israël sur la voie de l’annihilation, et nous assisterons tous de nos propres yeux à la disparition de l’entité usurpatrice, avec la grâce de Dieu ! Et personne ne pourra la protéger. Personne ne pourra la défendre. Quant aux trônes arabes (des pays normalisateurs et alliés d’Israël), qu’ils commencent par se protéger eux-mêmes (car ils sont également sur la sellette). […]

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