Israël est une anomalie. Il a été créé de toutes pièces par les Occidentaux sur une terre qui ne leur appartenait pas, à la fois pour libérer leur conscience du génocide et pour s’assurer le contrôle de la production et des flux d’énergie du Moyen Orient. Israël, instauré par la force pour incarner la force de l’Occident au moyen-orient, est tout de suite devenu un état voyou qui se livre impunément au nettoyage ethnique des Palestiniens, le peuple autochtone, le vrai propriétaire de la terre, à l’exemple et avec le soutien inconditionnel de leurs principaux mentors et financeurs, les Etats-Unis d’Amérique, suivis de près par l’Europe. Le nettoyage ethnique prend toutes sortes de formes, parfois discrètes, parfois spectaculaires, mais en tout cas de plus en plus violentes et expéditives à mesure que le temps passe et qu’Israël prend de l’assurance. Parfois il se déchaîne, et nous assistons à une énième tentative de donner un fond de vérité à la fable selon laquelle les Israéliens ont écopé d’une terre vierge, en se débarrassant de la population palestinienne.
Le premier épisode du nettoyage ethnique s’est déroulé pendant la guerre qui a suivi le vote du plan de partage de la Palestine aux Nations Unies. Les Palestiniens l’ont appelé la Nakba, la catastrophe. Comme dit Wikipedia avec sa pudeur de gazelle habituelle quand il s’agit d’Israël : « En gagnant la guerre de 1948, Israël conquiert 26 % de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage et prend le contrôle de 81 % de la Palestine de 1947. La guerre s’accompagne de bouleversements démographiques. Entre novembre 1947 et juillet 1949, environ 720.000 Arabes de Palestine fuient ou sont expulsés des territoires qui formeront Israël et dans les vingt années qui suivront, en parallèle avec les tensions du conflit israélo-arabe, l’essentiel des membres des communautés juives du monde arabo-islamique, soit plus de 850.000 personnes, s’enfuient de ces pays, en y abandonnant souvent tous leurs biens. »
Notez comment Wikipédia donne l’impression d’être factuel, tout en faisant passer l’oppresseur pour une victime elle-même chassée des pays arabes, alors qu’on sait très bien que c’est l’Agence juive qui a persuadé les juifs du Maghreb de faire leur alya, c’est-à-dire de « monter en Israël », à coup de promesses paradisiaques, un tour de passe-passe qui permet à Wikipedia de renvoyer dos à dos, la victime et l’oppresseur, ainsi logés à la même enseigne.
Un léger détail
Un livre d’Adania Shibli (Tafsil Thanawi), une autrice palestinienne qui vit en Allemagne, est sorti en 2016 et a été publié par Actes Sud en 2020, malheureusement dans une mauvaise traduction ; même le titre, « Un détail mineur », peut-être calqué sur le titre anglais (Minor Detail), est du mauvais français à mon sens. Ce n’est pas la première fois que je constate que la qualité de la traduction des livres publiés par Actes sud laisse à désirer. Là, ce n’est pas du charabia comme dans un livre de nouvelles Nord-Coréennes que j’avais précédemment acheté, mais c’est une traduction littérale, sans fluidité, sans élégance et sans poésie, avec même parfois des fautes de français. On ne peut que s’imaginer la puissance évocatrice du récit en arabique qui perce parfois tout de même à travers la maladresse de la traduction. Le livre a eu un vif succès dans le monde anglo-saxon (il paraît que la traduction anglaise est géniale) où il a reçu deux prix. Il devait en recevoir un troisième à la foire de Francfort, mais avec le déclenchement de la dernière phase en date du nettoyage ethnique de la Palestine, le livre est subitement devenu « antisémite et anti-Israël » et le prix a été annulé.
L’Obs s’interroge naïvement : « Au lendemain de cette tragédie, les organisateurs de la Foire de Francfort ont affirmé vouloir rendre « particulièrement audibles » les voix israéliennes. Mais pourquoi, comme en miroir, vouloir faire taire une voix palestinienne ? Celle d’Adania Shibli, en particulier ? ». Il ne vient pas à l’esprit du journaliste, qu’au moment où Israël accuse faussement le Hamas d’avoir violé des israéliennes le 7 octobre, un livre qui relate le viol collectif et l’assassinat d’une jeune fille bédouine par un contingent de soldats israéliens en août 1948, est plutôt mal venu !
Cruelle ironie du sort pour les Sionistes, c’est grâce à cette annulation que j’ai découvert et acheté le livre. Je ne suis sans doute pas la seule et je vous encourage à faire de même, car c’est un récit à la fois touchant et instructif, basé sur des faits réel. On découvre tardivement dans le livre que le léger détail n’est pas, comme on le pensait, le viol et le meurtre de la jeune Bédouine, pas plus que le massacre des innocents auquel se livre Israël en ce moment n’est le détail qu’ils croient.
Pourquoi les états occidentaux soutiennent-ils ce massacre des Innocents ?
Je sais qu’il est devenu vulgaire de faire référence à tout ce qui touche au christianisme, même à Noël, mais tant pis ! Pour ceux qui l’ont oublié, le Massacre des Innocents est un épisode relaté dans l’Évangile selon Matthieu : craignant l’avènement d’un roi des Juifs annoncé par ses propres devins et les mages venus rendre hommage à Jésus, Hérode ordonne de massacrer tous les enfants de moins de deux ans de la région de Bethléem. Tout comme Israël espère qu’il y aura des militants du Hamas parmi les enfants qu’il bombarde, Hérode espérait que Jésus serait un des enfants que ses soldats passaient au fil de l’épée.
Depuis le 7 octobre 2023, les peuples du monde entier assistent, atterrés, au massacre sauvage des innocents à Gaza et se demandent comment les Occidentaux, qui se prétendent supérieurement civilisés, peuvent unanimement soutenir cette barbarie. Ils cherchent l’explication d’une telle insensibilité dans notre passé colonial, notre sentiment de supériorité, notre égoïsme et notre cupidité. Tout cela est vrai, mais ce n’est pas la raison principale, qui crève les yeux tout en étant volontairement occultée : Israël est notre créature, nous lui avons tout passé depuis que nous l’avons créé et nous en avons fait un monstre que, tel le Golem, nous ne maîtrisons plus. Nos dirigeants sont à la merci d’Israël et les autres grandes puissances ont les mains liées, car ni la Russie, ni la Chine, ni l’Iran, ni les pays arabes, ne peuvent se permettre de déclencher un conflit qui anéantirait toute leur région.
Chas Freeman, un diplomate à la retraite, ancien Secrétaire adjoint à la défense pour les affaires de sécurité internationale, explique, dans une vidéo du 23 décembre 2023 intitulée « L’OTAN se fracture » que les Etats-Unis ne se contentent pas de laisser faire le génocide, ils soutiennent activement la politique du Grand Israël de Netanyahou avec des livraisons d’armes et un financement sans faille.
A la question « Dans quelle mesure les Etats-Unis sont-ils prêts à soutenir Israël ? Biden a-t-il quelque chose à voir avec cette politique, ou les responsables sont-ils Blinken et Sullivan ? », il répond : « Oh il est en plein dedans ! Il est le membre du Congrès qui a reçu le plus de donations de la part de Juifs qui représentaient Israël, il a toujours dit qu’il était sioniste, son secrétaire d’Etat est un sioniste juif, et il prend son engagement très au sérieux. Ce ne sont pas juste les néocons, Biden soutient très fermement ce qui est un génocide à Gaza, et c’est bien sûr très ironique parce que ce qui se passe à Gaza est exactement ce que les Nazis ont fait aux Juifs en Europe. Il s’agit d’un peuple qui se prétend d’une race supérieure qui utilise tous les moyens techniques pour exterminer une autre population. Mais la population des EU, y compris de nombreux Juifs, est en train de changer de camp et de réclamer un cessez-le-feu. »
Dans une vidéo du 23 décembre 2023 intitulée « John Mearsheimer : ’Russie-Arabes-Hezbollah’ ready se préparent-ils à lancer une guerre pour soutenir le Hamas, et détruire Israel » l’interviewer, le juge Napolitano, cite Max Blumenthal, un juif étasunien qui a longtemps vécu en Israël et qui est un fervent opposant à Netanyahou : « Le gouvernement américain peut arrêter l’occupation israélienne demain. Il peut créer un état palestinien pendant que nous parlons. Tout ce qu’il a à faire, c’est d’arrêter de fournir des pièces détachées de F-16 et des F-16 parce que l’occupation d’Israël dépend complètement de sa ligne directe avec Washington. Mais Biden ne le fera pas, ni Tony Blinken, parce que Tony Blinken descend d’une longue lignée de lobbyistes en faveur d’Israël. » Ce que John Mearsheimer confirme instantanément : « Nous pourrions arrêter la guerre tout de suite. Nous avons toujours eu beaucoup de moyens de pression sur Israël, mais nous ne les avons jamais utilisés (…) le président Biden sait très bien que s’il faisait quoi que ce soit pour arrêter Israël, cela lui coûterait cher, le lobby israélien s’en prendrait à lui et c’en serait fini de lui ».
Dans une autre vidéo récente : « Jeffrey Sachs : la complicité directe de l’Amérique dans le génocide of Ukraine/Israel est un désastre géopolitique ». Le Juge Napolitano, malgré ses efforts, ne parvient pas à faire prononcer à Jeffrey Sachs les mots : génocide et lobby israélien. Sachs tente clairement de critiquer Israël sans risquer l’ostracisme. Aussi il emploie des mots moins connotés : massacre, soutiens d’Israël, censure, complicité, et reste vague sur la qualité des responsables de ces politiques, leurs motivations exactes, et les pressions qu’ils subissent ou exercent.
Nous aussi, en France nous avons des héros qui ne se laissent pas intimider par le lobby israélien, les autorités et les médias à leurs ordres : la LFI avec en tête Jean-Luc Mélenchon qui réclame des sanctions contre Israël, et Rony Brauman qui accuse Israël d’avoir transformé Gaza en « charnier d’enfants », il y en a d’autres, mais les médias les ignorent.
Chris Hedges, un courageux reporter et auteur étasunien, a rendu un hommage très émouvant aux enfants de Gaza dans sa « Lettre aux enfants de Gaza ».
Qui mettra fin au calvaire des Palestiniens ?
Nos dirigeants obéissent à Israël, qui, à travers ses puissants lobbys, passés maîtres dans l’art de la corruption, du terrorisme intellectuel, du chantage et du meurtre (social, culturel et physique), leur impose sa politique. Et les dirigeants du reste du monde ne veulent pas lancer une guerre mondiale, comme je l’ai dit plus haut. La Palestine est-elle donc perdue ?
Non, car d’une part la liberté ne s’octroie pas, elle se gagne, et car d’autre part une guerre entre grandes puissances déplacerait le conflit et les Palestiniens retourneraient dans l’oubli. Seuls les mouvements de libération palestiniens et amis peuvent sauver les Palestiniens. Les colonisateurs présents ou passés le savent très bien, c’est pour ça qu’ils essaient de forcer tout le monde à les traiter de terroristes.
Lorsque je vivais à Jérusalem, j’allais écouter les conférences d’un vieux sage Haredi, qui attirait les foules par son humour et son indépendance d’esprit. Un jour, il a expliqué que lorsqu’on avait affaire à des criminels endurcis, il fallait parfois employer les mêmes méthodes qu’eux, mais sans haine et uniquement dans le but de les empêcher de nuire. C’est ce que font les mouvements de libération, et c’est pourquoi ce ne sont pas des terroristes. Les terroristes sont plutôt les puissances occidentales qui profitent de leur supériorité militaire pour coloniser, exploiter, piller et martyriser d’autres peuples.
Il y a beaucoup de mouvements de libération au Moyen Orient qui est un des derniers terrains de guerre coloniale des capitalistes occidentaux dépendant de ses ressources en énergie. Le Hamas a réalisé des prodiges mais il n’est pas seul en Palestine, il y a aussi le FPLP marxiste, le Jihad islamique et d’autres, au Liban voisin. Il y a le Hezbollah qui a vaincu Israël, en Irak et en Syrie des mouvements de libération attaquent les bases étasuniennes, et au Yémen, les Houthis qui viennent de battre l’Arabie saoudite soutenue par les Etats-Unis, ont commencé à attaquer et arraisonner les navires marchands israéliens qui passent par le détroit d’Ormuz.
L’engagement des Houthis est le plus surprenant car ils n’ont rien à gagner dans l’affaire. En fait, ils s’exposent à de grands risques de représailles de la part des Etats-Unis qui essaient actuellement de monter une coalition contre eux.
Mais, comme le souligne Mike Whitney dans un article du 23 décembre 2023 intitulé « Les Houthis tiennent Biden » :
« Rien n’indique que les Houthis vont assouplir leurs exigences ou abandonner la cause palestinienne. Au contraire, ils semblent plus déterminés que jamais, comme en témoigne cette citation de Muhammad al-Bukhaiti, membre du Conseil des Houthis :
« Même si les États-Unis parviennent à mobiliser le monde entier, nos opérations en mer Rouge ne cesseront pas tant que le massacre à Gaza ne cessera pas. Nous n’abandonnerons pas les Moustazafeen (opprimés) de la Terre ».
…Les Houthis savent de quelle sauvagerie Washington est capable. Malgré cela, ils ne reculent pas et ne cèdent pas. Il y aura un cessez-le-feu ou il y aura une guerre. C’est à Biden de décider. Mais s’il opte pour la guerre, il doit savoir que ce ne sera pas une partie de plaisir. Oh, non ! Les bases américaines, les navires de guerre américains, les champs pétrolifères et les infrastructures saoudiennes seront attaqués. Les prix du pétrole grimperont en flèche, la navigation commerciale s’arrêtera et les Bourses s’effondreront. Et la Chine et la Russie regarderont, de loin, la dernière once de crédibilité et de puissance de l’Oncle Sam disparaître dans le trou noir de la péninsule arabique.
Voici comment le chef des Houthis, Abdul-Malik al-Houthi, a résumé la situation :
« Si les États-Unis veulent nous faire la guerre, ils doivent savoir que nous les attendons. Nous voulons une guerre directe entre le Yémen, les États-Unis et Israël. Nous n’avons pas peur des États-Unis et tout le peuple du Yémen se dressera contre eux ».
C’est une guerre que les États-Unis peuvent facilement éviter en faisant simplement « ce qu’il faut », c’est à dire en approuvant un cessez-le-feu dès maintenant. Cela permettrait de mettre rapidement fin aux atrocités commises par Israël et de faire cesser les attaques contre la navigation commerciale. C’est une solution que satisferait tout le monde ».
Oui, mais les Etats-Unis seront-ils capables de se libérer de la malédiction dont ils ont été frappés à leur naissance par la fée Carabosse ? Une malédiction qui les contraint à faire toujours plus de la même chose, même et surtout quand ça ne marche pas, en l’occurrence déployer toujours de force au lieu de négocier ? Personnellement j’en doute, et je mise plutôt sur une victoire à la Pyrrhus de l’Occident et d’Israël. Ils s’en tireront encore une fois, mais cette victoire apparente accéléra la fin de l’hégémonie occidentale et, par voie de conséquence, la fin d’Israël.
Montreuil, le 25 décembre 2023
Liens :
https://www.youtube.com/watch?v=58DptJJ8kQc
https://www.youtube.com/watch?v=gdQzkQLa8t4
https://www.youtube.com/watch?v=ltevrMauj2A
https://www.youtube.com/watch?v=O06xVfCyvSM
https://www.youtube.com/watch?v=6Kbck2l6zec
https://reseauinternational.net/les-houthis-tiennent-biden-par-les-cheveux/
https://kolibricoaching.com/le-changement/paradoxe-ne-changez-rien/
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir