Un mutisme oppressant,
enserre Gaza,
le parfum de la mort,
se faufile,
entre les replis,
d’un corps endormi.
Les droits de l’homme deviennent une berceuse douce,
pour les insomniaques,
et pour ce corps en sursis,
le droit international humanitaire,
n’a aucun sens dans sa langue maternelle.
il bouche ses oreilles,
pour échapper aux gémissements crépitants des agonisants,
il ferme les yeux,
pour s’évader,
d’un sol jonché,
de dépouilles.
Il récite le poème de Muzaffar al-Nawab,
« Al-quds, la fiancée de votre arabité »,
comme une litanie de derviches tourneurs,
son unique refuge,
face à la barbarie israélienne,
et à la trahison de ces nouveaux mulūk aṭ-ṭawā’if (les rois de Taïfas) ;
sommes-nous condamnés à réécrire ritha’al-Andalus ?
Le titre de Primo Levi, « Si c’est un homme »,
lui revient en mémoire.
Est-il un rat de laboratoire
son corps exposé à l’expérimentation,
de nouvelles technologies,
avant leur vente dans le monde ?
Tisser des rêves,
regarder un film,
dîner avec un ami,
reconstruire le monde,
ces habitudes quotidiennes,
lui sont confisquées,
sa destinée dictée par la Knesset,
en hébreu.
Une vie éphémère,
avant de devenir un simple chiffre,
pour grossir les données statistiques,
ou un exercice de mathématiques,
pour de jeunes écoliers,
un cas parmi d’autres,
sur un tableau Excel.
Souvenirs effacés,
joies suspendues,
plaisirs volatilisés,
il doute d’achever ce poème.
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