La revue de presse du 18 décembre 2023

La revue de presse du 18 décembre 2023

Par Wayan – Le 18 décembre – Le Saker Francophone

Une fois n’est pas coutume, nous commencerons cette revue de presse par l’éditorial du Monde du 9 décembre. Le Monde est un journal qui est habituellement du côté du politiquement correct, du statu-quo et des va-t-en-guerre car il reçoit plusieurs millions d’euros de subventions gouvernementales chaque année. Mais devant le carnage exécuté par Israël, les barrières de l’auto-censure ont fini par céder :

« Ce carnage sans précédent est d’autant moins justifiable que les résultats obtenus jusqu’à présent sont encore bien loin de l’objectif affiché, surtout s’agissant d’une milice régulièrement décimée sans que l’armée israélienne ne soit pour autant jamais parvenue à la réduire durablement au silence.

Ce carnage est d’autant plus insupportable que deux mois après le début de cette campagne militaire, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, reste incapable d’expliquer ce que fera Israël une fois qu’il aura décidé de mettre fin aux combats pour que Gaza puisse panser ses plaies et pour que le Hamas ne renaisse pas de ses cendres.

Qu’Israël se perde dans cette guerre n’est, hélas, pas une surprise tant elle est le reflet de sa dérive. L’Etat hébreu se déchirait déjà avant le 7 octobre à propos du socle de son contrat social : la place du droit, sous les assauts d’un courant ultranationaliste et messianique qui le ronge depuis plus d’un demi-siècle. Que les Etats-Unis ne le protègent pas contre lui-même est une faute morale dont ils ne pourront pas s’épargner les effets dévastateurs. »

On notera qu’habituellement les articles du Monde sont payants mais celui-là est en accès public.

La situation continue d’empirer à Gaza :

« Lors d’une conférence de presse à Genève, le commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Philippe Lazzarini, a décrit comment l’opération terrestre d’Israël à Gaza a poussé plus d’un million de réfugiés vers le sud, dans la ville de Rafah.

“Rafah est l’épicentre du déplacement”, a déclaré M. Lazzarini. “Un entrepôt [des Nations unies] transformé en abri abrite 30 000 personnes. Les plus chanceux ont réussi à pénétrer dans nos locaux. Les autres n’ont absolument nulle part où aller. Ils vivent en plein air, dans le froid, dans la boue et sous la pluie. Partout où l’on regarde, les abris de fortune s’accumulent. Partout, les gens sont désespérés, affamés et terrifiés”. »

Et Israël semble même prêt à sacrifier les otages détenus par la Hamas pour détruire totalement la bande de Gaza :

« Israël a annulé le voyage prévu au Qatar du chef de son service de renseignement extérieur pour relancer les discussions sur un éventuel deuxième accord de libération d’otages, a confirmé à CNN une source au fait des négociations.

La chaîne israélienne Channel 13 a d’abord rapporté mercredi que le cabinet de guerre israélien, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, avait annulé le voyage et que les hauts fonctionnaires israéliens ne se rendraient pas au Qatar pour relancer les négociations. »

Le carnage ne cessant pas, l’assemblée générale des Nations Unis a finalement voté une résolution ne faisant qu’un simple appel à un cessez-le-feu, sans aucune condamnation. Qui pourrait voter pour qu’une telle situation dure ? Et bien 10 pays l’on fait : Israël évidemment mais aussi les Etats-Unis. Plus surprenant, l’Autriche, la Tchéquie, le Paraguay et le Guatemala, puis des archipels du pacifique et autres petits pays dépendant complètement de la manne étasunienne. La Hollande, la Grande Bretagne, l’Allemagne et l’Ukraine se sont courageusement abstenus. La France fait parti des 153 pays qui ont voté pour que ce carnage cesse immédiatement.

Réaction de l’envoyé israélien aux Etats-Unis a la suite de ce vote :

« L’envoyé spécial d’Israël, Gilad Erdan, s’est insurgé contre les appels au cessez-le-feu, qualifiant l’ONU de “tache morale” sur l’humanité.

“Pourquoi ne pas demander des comptes aux violeurs et aux assassins d’enfants ? a-t-il demandé dans un discours avant le vote. “Le temps est venu de mettre le blâme là où il doit être : sur les épaules des monstres du Hamas. »

Les analystes les plus objectifs, c’est-à-dire les moins idéologisés, disent qu’Israël ne peut pas gagner sa guerre contre la Palestine :

« Il ne peut y avoir de solution militaire à la guerre de Gaza. Les États-Unis doivent reconnaître que ce conflit ne prendra jamais fin tant que le peuple palestinien ne bénéficiera pas de la justice et de la liberté. Pendant 75 ans, les gouvernements de l’Occident collectif ont ignoré la souffrance du peuple palestinien, ils n’ont jamais été des pacificateurs objectifs. La violence engendre la violence et la haine engendre la haine, il n’est pas possible d’assassiner simplement les Palestiniens pour les soumettre. Même si le groupe Hamas était vaincu, d’autres groupes apparaîtront pour se venger de ceux qui sont tombés et lutteront à l’avenir pour la création d’un État. Si la communauté internationale s’unissait, ce cycle pourrait être brisé, mais il faudrait un peu de courage. ».

Il est pourtant évident qu’Israël ne veut pas d’un Etat palestinien à ses côtés, même si ses dirigeants ne peuvent l’annoncer ouvertement. Par contre, l’ambassadrice israélienne au Royaume Uni l’a confirmé publiquement :

« L’ambassadrice d’Israël au Royaume-Uni, Tzipi Hotovely, rejette explicitement l’idée d’un État palestinien, reprenant ainsi les messages du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui, ces dernières semaines, s’est heurté à l’administration Biden en excluant l’idée d’un retour de l’Autorité palestinienne à la tête de la bande de Gaza après la guerre.

Dans une interview accordée à Sky News, Mme Hotovely est interrogée à plusieurs reprises sur la possibilité d’inclure un État palestinien dans un scénario de paix avec Israël.

“La réponse est absolument non”, déclare Mme Hotovely, qui a longtemps été membre du Likoud, le parti de M. Netanyahou, avant que celui-ci ne la nomme ambassadrice.

“Je pense qu’il est temps que le monde réalise que le paradigme d’Oslo a échoué le 7 octobre et que nous devons en construire un nouveau”, déclare l’ambassadrice, reprenant la même rhétorique que celle employée par Netanyahou quelques jours plus tôt.

“La raison pour laquelle les accords d’Oslo ont échoué est que les Palestiniens n’ont jamais voulu d’un État à côté d’Israël. Ils veulent un État qui s’étende de la rivière à la mer”, ajoute-t-elle. »

Toujours la tactique du « c’est à cause de l’autre ».

Les réelles intentions du gouvernement israélien sont bien visibles aux yeux des pays voisins :

« Le ministre jordanien des affaires étrangères a déclaré qu’Israël ne pouvait pas remporter de victoire militaire à Gaza et qu’il avait déjà subi une défaite stratégique en s’aliénant l’ensemble de la région.

S’exprimant dimanche lors du Forum de Doha – un rassemblement annuel de diplomates dans la capitale qatarie – Ayman Safadi a déclaré que l’objectif de l’opération israélienne contre le Hamas était d’évincer la population palestinienne plutôt que de vaincre le groupe militant.

La destruction de Gaza au cours des deux derniers mois “témoigne d’une politique israélienne qui semble déterminée à expulser les habitants” de l’enclave, a-t-il déclaré, ajoutant que de hauts responsables israéliens, dont le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et le ministre des finances Bezalel Smotrich, ont fait preuve d’une grande franchise à l’égard de cette intention.

“En clair, Israël défie tout le monde : ses alliés, le droit international et les Nations unies”, a-t-il déclaré. “Israël a engendré une quantité de haine qui hantera cette région et qui définira les générations futures. Cela nuit à son peuple autant qu’à tous les habitants de la région”.

C’est une guerre qu’Israël ne peut pas gagner. Israël a déjà subi une défaite stratégique. »

Biden lui-même l’a dit, du bout des lèvres :

« Les dissensions entre les États-Unis et Israël ont éclaté au grand jour mardi, lorsque le président Joe Biden a averti qu’Israël perdait le soutien de la communauté internationale pour sa campagne contre le Hamas et que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a publiquement rejeté les plans américains pour l’après-guerre dans la bande de Gaza.

Ces divergences, qui avaient jusqu’à présent été contenues en coulisses, reflètent les différences croissantes entre les deux alliés indéfectibles, alors que le nombre de victimes civiles s’alourdit dans la bande de Gaza.

S’adressant à des donateurs démocrates à Washington, M. Biden a critiqué la ligne dure du gouvernement israélien et a déclaré que M. Netanyahu devait modifier son approche.

“Je pense qu’il doit changer, et avec ce gouvernement, ce gouvernement israélien lui rend la tâche très difficile”, a déclaré M. Biden, qualifiant le gouvernement de M. Netanyahu de “gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël”.

Il a averti que le soutien à la campagne militaire du pays s’affaiblissait en raison des bombardements intensifs sur Gaza et a ajouté que le gouvernement israélien “ne veut pas d’une solution à deux États”. »

Pourtant l’affaire est très loin d’être faite. La bataille militaire est si rude que l’armée israélienne est obligée de mentir sur le niveau de ses pertes. C’est un journal israélien, Haaretz, qui l’annonce :

« Les FDI font état de 1 593 blessés depuis le 7 octobre, mais les données des hôpitaux montrent que les chiffres sont beaucoup plus élevés.

Contrairement aux conflits et aux guerres passés, l’armée israélienne n’a pas publié de rapports sur les soldats blessés et leur état de santé. L’armée n’a commencé à publier ces informations qu’après que Haaretz a rapporté qu’elle refusait de le faire…

En ce dimanche [10 décembre], le nombre de soldats tombés au combat dans cette guerre qu’Israël a baptisée “épée de fer” s’élève à 425. »

Si le nombre de blessés est largement dévalué, il est très probable que le nombre de morts l’est aussi.

« L’état-major [israélien] est assez satisfait de l’évolution des combats – malgré les pertes – mais rien n’indique que le Hamas soit sur le point de s’effondrer. »

Face à ses difficultés militaires, l’armée israélienne utilise donc la propagande pour présenter des « victoires » à la population israélienne et mondiale. Mais ces victoires sentent le préfabriqué. Là encore Haaretz est obligé de le reconnaitre :

« Depuis quelques jours, l’armée diffuse presque quotidiennement des images de Palestiniens se rendant dans le nord de la bande de Gaza. Mais les personnes montrées les mains en l’air ou en garde à vue ne sont pas nécessairement des membres du Hamas. Il semble que la plupart soient des civils pris au piège de la situation. »

Car, en dehors d’Israël, la supercherie n’a pas tenu longtemps. Après la longue série de mensonges de la propagande israélienne, sur lesquelles même Libération a fait un article,

en voilà un de plus pour ternir l’image du pays :

« C’est une vidéo choc partagée sur les réseaux sociaux, depuis quelques jours. Des Gazaouis arrêtés par l’armée israélienne, et contraints de se déshabiller. Un triomphe ? Le Hamas est défait, et ce sont les images de la victoire israélienne à Gaza ? Pas si sûr… Encore une fois, la guerre passe par la communication, car il s’avère qu’une partie de ces Palestiniens humiliés, sont en réalité de simples civils, sans aucun lien avec le Hamas. Ils ont d’ailleurs été relâchés et ils témoignent. »

Et ce mensonge explique en partie pourquoi une armée régulière ne peut pas vaincre un mouvement insurrectionnel car il est extrêmement difficile de discerner qui est un combattant et qui est un civil, la plupart de ceux étant assez courageux pour combattre étant les deux, des civils qui deviennent combattants pour chasser l’intrusion étrangère.

Tant qu’Israël utilisera les moyens militaires et la ségrégation raciale pour imposer son « Etat juif » en plein monde arabe, il n’aura pas de « victoire » possible. Tant que les élites en place considèreront les palestiniens comme « des terroristes » il n’y aura pas de discussions, donc de paix, possibles :

Ainsi le gouvernement semble vouloir continuer encore longtemps son carnage et aller jusqu’au bout. Même un journal israélien l’annonce de manière indirecte :

« La totalité de l’année 2024 sera probablement en “mode guerre” contre le Hamas, selon Tsahal. Les responsables militaires affirment que l’avancée lente et prudente contre le Hamas à Gaza nécessitera plusieurs mois pour démanteler complètement les capacités de l’organisation. »

Cette folie furieuse qui envahit la conscience collective israélienne n’a pas l’air de vouloir se calmer.

Pourtant, il n’y a pas que la résistance palestinienne qui va donner du fil à retordre à Israël, le Hezbollah et les Houtis aussi. Mais là encore, la folie du gouvernement israélien lui fait penser qu’une guerre sur trois fronts ne sera pas un problème pour le pays :

« À la frontière libanaise, les affrontements entre le Hezbollah et Israël franchissent un nouveau cap

La violence à la frontière libano-israélienne, où s’affrontent le Hezbollah et l’armée israélienne depuis le 8 octobre, a atteint un nouveau palier ce dimanche 10 décembre. Les échanges de tirs sur un front d’une centaine de kilomètres ont fait au moins deux blessés civils au Liban et deux militaires en Israël. Ce qui porte à 17 le nombre de soldats israéliens blessés en 48 heures. »

« Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait déclaré au président Biden que son pays agirait militairement contre le mouvement houthi du Yémen si les États-Unis ne le faisaient pas, selon un rapport de la publication israélienne N12News.

Le groupe allié à l’Iran harcèle les forces israéliennes et américaines au Moyen-Orient depuis le début de la guerre d’Israël contre le Hamas.

N12News a publié sur X samedi que Tzachi Hanegbi, le chef d’état-major de la sécurité nationale israélienne, a déclaré aux journalistes Amit Segal et Ben Caspit son intention de répondre au groupe qui a attaqué et saisi plusieurs navires liés à Israël en mer Rouge et dans le détroit de Bab al-Mandab, une voie maritime par laquelle une grande partie du pétrole mondial est expédiée. »

« La menace des Houthis en mer Rouge, véritable casse-tête pour les Occidentaux », comme l’annonce RFI

Le problème des houthis est plus « un casse-tête pour les occidentaux » que le Hezbollah ou les autres groupes de résistance car ils menacent un point létal pour l’économie mondial, le passage Golfe d’Aden, Mer Rouge, Canal de Suez qui est un corridor essentiel pour le commerce mondial. Ils pourraient donc mettre l’économie mondiale à mal si les Etats-Unis s’attaquaient à eux. Or, l’éventuelle réélection de Biden est soumise à une économie qui ne s’enfoncerait pas trop :

« Biden, qui avait commencé l’année avec un taux d’approbation de 45 %, a vu ses chiffres s’éroder encore davantage. Dans les sondages réalisés entre mars et début novembre, environ 4 personnes sur 10 l’approuvaient. Dans le dernier sondage, son taux d’approbation s’élève à 37 %, avec 63 % de désapprobation, un recul qui lui vaut son plus mauvais score depuis son entrée en fonction, d’un point de pourcentage. »

Les houthis sont donc surtout un casse-tête pour le gouvernement Biden.

Cette semaine c’est CNN qui remet sur le tapis l’histoire du Hamas financé par le Qatar avec la bénédiction de Netanyahou. Un sacré retour de manivelle :

« Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, le Qatar, État du Golfe, est sous le feu des critiques des responsables israéliens, des politiciens américains et des médias pour avoir envoyé des centaines de millions de dollars d’aide à Gaza, gouvernée par le groupe militant palestinien.

Mais tout cela s’est fait avec la bénédiction d’Israël.

Lors d’une série d’entretiens avec des acteurs israéliens clés, menés en collaboration avec l’organisation israélienne de journalisme d’investigation Shomrim, CNN a appris que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait poursuivi le versement d’argent au Hamas, malgré les inquiétudes exprimées au sein de son propre gouvernement. »

La Qatar, un riche petit pays au centre de bien des magouilles :

« Les dossiers du Qatargate.

Des centaines de documents divulgués révèlent l’ampleur du scandale de corruption touchant l’U.E.

Les documents issus de l’enquête du Parlement européen sur la corruption font état de plus de 300 tentatives présumées de manipulation de la démocratie européenne. »

L’article parle du Qatar mais aussi de la Mauritanie et du Maroc ayant versé de l’argent pour influencer le parlement européen.

Mais c’est le genre d’article « arbre qui cache la forêt » car si des petits pays peuvent le faire, il est évident que d’autres comme les Etats-Unis, Israël, peut-être même la Russie et la Chine, et bien d’autres ne doivent pas s’en priver.

Ce qu’il faut retenir de cet article n’est pas tant la malignité du Qatar, but dans lequel un tel article a visiblement été écrit, que le niveau de corruptibilité du parlement européen qui n’est pas même évoqué dans cet article.

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Il faudrait peut-être qu’Israël tire la leçon de l’expérience ukrainienne. La propagande disant que la Russie était au bord de la défaite depuis qu’elle s’était attaquée à l’Ukraine n’a absolument pas empêché la défaite militaire de cette dernière. Défaite que tous les observateurs objectifs de la situation anticipaient depuis le début. Le Financial Times, un journal qui a pourtant largement contribué à propager la propagande ukrainienne, est obligé maintenant de reconnaitre que :

« Pendant plus de 650 jours consécutifs, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a prononcé au moins une allocution vidéo à la nation, faisant l’éloge de ses troupes, célébrant les avancées sur les lignes de front et réaffirmant sa détermination face à l’agression russe.

Le message est toujours “nous allons de l’avant”, dans le but de maintenir l’optimisme à l’intérieur et à l’extérieur du pays, selon trois personnes familières avec la stratégie de communication. Cette politique est appliquée à tous les niveaux de l’État, depuis les ministères et les administrations locales jusqu’aux commandants militaires, et comprend une censure stricte des mauvaises nouvelles telles que le nombre de victimes ukrainiennes ou les frappes russes réussies.

Toutefois, l’Ukraine ayant obtenu peu de résultats militaires cette année et le soutien occidental s’affaiblissant, la stratégie de communication crée un fossé entre l’administration présidentielle et les dirigeants militaires, selon des responsables des forces armées, d’anciens collaborateurs de la présidence et des stratèges en communication.

“Nous devons faire preuve de plus de réalisme […] et nous devons être aussi courageux que nous l’étions le 24 février [2022]”, a déclaré une personne liée à la stratégie de communication présidentielle, en référence au jour où la Russie a commencé son invasion à grande échelle de l’Ukraine.

Ses rivaux politiques ont commencé à critiquer ouvertement M. Zelenskyy, le maire de Kiev, Vitali Klitschko, accusant récemment le président d’autoritarisme et le comparant même au dirigeant russe Vladimir Poutine.

Dans le même temps, les chefs militaires ont fait valoir que l’écart entre le message officiel et la situation sur le terrain n’est plus convaincant et ne motive donc ni les Ukrainiens ni les partenaires occidentaux du pays. »

Biden lui-même ne semble plus convaincu du support occidental à l’Ukraine :

« Biden a déclaré que les États-Unis soutiendront l’Ukraine “aussi longtemps que nous le pourrons” dans le contexte de l’impasse au Congrès, alors qu’avant il disait “aussi longtemps qu’il le faudra”. ».

Poutine a tenu une longue conférence de presse dans laquelle il a donné quelques indications sur ce que la Russie planifie dans sa guerre contre l’Ukraine :

« Il a réaffirmé que les objectifs de Moscou en Ukraine – “dé-nazification, dé-militarisation et statut de neutralité” de l’Ukraine – restaient inchangés. Il avait énoncé ces objectifs vaguement définis le jour où il a envoyé les troupes en février 2022.

Il a réaffirmé qu’une grande partie de l’Ukraine actuelle, y compris le port d’Odessa sur la mer Noire et d’autres zones côtières, appartenait historiquement à la Russie et avait été cédée par le fondateur de l’Union soviétique, Vladimir Lénine.

Alors que Moscou avait accepté la nouvelle réalité après l’effondrement de l’URSS en 1991, Poutine a déclaré qu’il était contraint de réagir à ce qu’il a décrit comme une tentative de l’Occident de faire de l’Ukraine un outil pour défier et menacer la Russie.

“Les Russes et les Ukrainiens forment un seul peuple, et ce qui se passe actuellement est une énorme tragédie, une guerre civile entre des frères qui se sont retrouvés dans des camps opposés”, a-t-il ajouté. »

Il semble donc que, lorsque l’armée ukrainienne se sera totalement effondrée, l’armée russe pousse jusqu’à Odessa et reprenne le contrôle des régions russophones d’Ukraine.

Une hypothèse que confirme à demi-mots un député russe :

« La Russie prépare une offensive majeure contre les forces ukrainiennes, qui sera accompagnée d’un assaut de missiles à grande échelle sur les infrastructures critiques du pays, selon le lieutenant-général Andrey Gurulev, qui siège à la commission de la défense du parlement russe.

“Les zones de percée sont identifiées dans les documents de référence. Nos commandants les connaissent bien et savent comment les appliquer. La question de savoir où elles se produiront exactement est une autre question. Il est certain que nous n’annoncerons rien. Personne ne doit savoir à quoi cela va ressembler. Le moment venu, nous verrons tout”, a-t-il souligné.

Dans le même temps, l’armée russe prépare une “opération aérienne stratégique” majeure dans le but de “supprimer complètement les systèmes de défense aérienne [ukrainiens], d’obtenir la supériorité aérienne, d’isoler les zones de combat et de détruire les infrastructures critiques à grande échelle, avec l’effondrement complet de l’économie et des fonctions vitales de l’Ukraine”, a déclaré le député. »

Aveugle aux faits de terrain, la propagande continue de plus belle mais cette fois ce sont les services de renseignements étasuniens qui en sont la source :

« Selon un rapport déclassifié des services de renseignement américains, la guerre en Ukraine a coûté à la Russie 315 000 soldats morts et blessés, soit près de 90 % des effectifs dont elle disposait au début du conflit, a déclaré mardi une source au fait de ce rapport.

Le rapport estime également que les pertes de Moscou en personnel et en véhicules blindés au profit de l’armée ukrainienne ont retardé de 18 ans la modernisation militaire de la Russie, a déclaré la source. »

Une campagne médiatique que RFI relaie aussi :

« Les services de renseignement américains évaluent à 315 000 le nombre de soldats russes blessés ou tués depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, a indiqué à l’AFP une source parlementaire américaine mardi 12 décembre. Ce chiffre est cité dans un document, déclassifié et transmis au Congrès, qui estime également que la Russie a perdu 2.200 chars sur les 3.500 qu’elle possédait avant le début de la guerre. »

Des chiffres énormes qui paraissent plus proches des pertes ukrainiennes que russes. Les derniers chiffres fiables datent de mai 2023, période où les militaires russes étaient planqués derrière leurs triples lignes de défense et tiraient sans arrêt sur les militaires ukrainiens à l’attaque :

« Mediazona, en collaboration avec Meduza et Dmitry Kobak, chercheur en surmortalité et maître de conférences en apprentissage automatique à l’université de Tübingen, a mis au point une méthode pour estimer le nombre de victimes russes en temps de guerre, en s’appuyant uniquement sur les dossiers accessibles au public du Registre national des successions et sur les données du Service fédéral des statistiques de l’État (Rosstat).

D’après nos calculs, à la fin du mois de mai 2023, environ 47 000 hommes russes âgés de moins de 50 ans sont morts à la guerre. Pour être tout à fait précis, nous pouvons affirmer avec une probabilité de 95 % que le nombre réel de victimes se situe entre 40 000 et 55 000. Cette estimation ne tient pas compte des pertes de la République populaire de Donetsk (RPD) et de la République populaire de Louhansk (RPL). »

Mediazona est un media russe d’opposition à Poutine donc peu enclin à sous évaluer les pertes russes.

Wikipedia donne un chiffre plus élevé, datant du mois de novembre, mais encore bien loin des 350.000 :

« Ainsi, la BBC a déclaré que le nombre réel de morts des forces russes, en ne comptant que les militaires et les contractants russes (c’est-à-dire en excluant les milices de la RPD/RPL), s’élevait à plus de 72 650 au début du mois de novembre 2023 “selon l’estimation la plus prudente”[74]. »

On pourra noter que cette fausse information a été lancée par les RG étasuniens au moment de la visite de Zelenski à Washington. Il est probable que ce soit pour tenter de persuader le Congrès de continuer à subventionner l’Ukraine, puisque la Russie est, soi-disant, à bout d’hommes et de chars. Mais la tentative s’est heurter à un mur.

Les RG ont l’habitude de monter des campagnes de manipulation mais on pourrait penser qu’elles sont plutôt dirigées vers les adversaires et ennemis étrangers. Or celle-ci est dirigée vers les membres du Congrès, les représentants du peuple. Cette analyse est à rapprocher des efforts du FBI pour protéger les exactions de Hunter Biden des enquêtes menées par le Congrès. C’est une pratique de plus en plus courante de leur part de lancer des fausses informations dans la presse, qui les republie sans « fact-checking » quand elles viennent des RG. Il y a visiblement, aux Etats-Unis, un dévoiement des services secrets.

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Après la France c’est le contingent des Nations-Unis qui quitte le Mali :

« BAMAKO, Mali (AP) – Les Nations Unies ont mis fin lundi à leur mission de maintien de la paix au Mali, qui durait depuis dix ans, suite à la demande du gouvernement qui estimait que la force était inadaptée pour répondre à l’extrémisme violent croissant dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

“Le terrain malien était vaste et difficile”, a déclaré le commandant de la force de 13 000 hommes, le général de division Mamadou Gaye, lors de la cérémonie de clôture à Bamako, la capitale.

L’action des Nations unies au Mali a été la mission de maintien de la paix la plus meurtrière au monde, avec plus de 300 membres du personnel tués. »

Le temps dira si ces pays s’en sortiront finalement mieux tout seul. Peut-être bien car ils ont déjà compris que « l’union fait la force » :

« Le Burkina Faso a dévoilé au mois de février 2023 ses projets de constituer une confédération avec le Mali voisin, dont le président Traore a esquissé les contours au cours d’une interview exclusive accordée à Sputnik fin juillet. Ces deux pays, accompagnés par leur voisin commun, le Niger, ont ensuite formé l’Alliance sahélienne à la mi-septembre, presque trois mois après le coup d’État qui s’est produit au Niger. Cette plateforme a établi les fondations permettant d’intégrer le Niger au projet de confédération burkinabé-malienne, selon la déclaration conjointe formulée par leurs ministres des affaires étrangères. »

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Pour ceux qui veulent encore un peu de lecture enrichissante, je finirai cette revue de presse par un texte datant de 2008 qui vous fera bien comprendre que la guerre Israel-Hamas (Palestine) n’a pas commencé brutalement le 7 octobre 2023 comme veut le faire croire la peropagande sioniste.

Comprendre ce qu’est le Hamas, par William Sieghart

Le poste de police de Gaza se trouvait parmi les premières cibles visées par Israël. Plusieurs dizaines de policiers, réunis pour une cérémonie de remise de diplômes, sont morts ce jour-là. William Sieghart, spécialiste de la résolution des conflits, alors en mission à Gaza, avait rencontré ces hommes une semaine plus tôt. « Etaient-ils de « dangereux miliciens armés du Hamas » ? Non, c’étaient des officiers de police non armés, agents de la fonction publique, qui ont été tué non pas dans un « camp d’entraînement de militants », mais dans [un] poste de police. » Pour Sieghart, ni Israël ni l’occident ne comprennent ce qu’est véritablement le Hamas, et comment il a pu rassembler 42% des électeurs. C’est l’échec du Fatah à obtenir un Etat Palestinien qui a fait le succès de cette organisation. Son intransigeance, juge-t-il, nait d’une volonté de ne pas se laisser piéger comme le fut le mouvement d’Arafat, qui n’a pas su faire respecter les promesses faites à Oslo en échange de la reconnaissance d’Israël. Sieghart conclut pourtant sur une note optimiste. Il est toujours possible de dénouer une crise, rappelle-t-il, à condition d’accepter de s’asseoir sans préalable autour d’une table.

Par William Sieghart, The Times, 31 décembre 2008

La semaine dernière, j’étais dans la bande de Gaza. Durant mon séjour, j’ai rencontré un groupe d’une vingtaine d’officiers de police qui suivaient un cours sur la gestion des conflits. Ils étaient impatients de savoir si les étrangers se sentaient plus en sécurité depuis que le Hamas a pris le pouvoir. C’était le cas, en effet, et nous le leur avons dit. Sans aucun doute les 18 derniers mois ont vu s’établir un calme relatif dans les rues de Gaza : plus d’hommes armés dans les rues, plus d’enlèvements. Ils ont souri avec une grande fierté et nous ont dit au revoir.

Moins d’une semaine plus tard, tous ces hommes étaient morts, tués par une roquette israélienne lors d’une cérémonie de remise des diplômes. Etaient-ils de « dangereux miliciens armés du Hamas » ? Non, c’étaient des officiers de police non armés, agents de la fonction publique, qui ont été tué non pas dans un « camp d’entraînement de militants », mais dans le même poste de police, situé au le milieu de la ville de Gaza, qui avait été utilisé par les Britanniques, les Israéliens et le Fatah lorsqu’ils régnaient sur Gaza.

Cette distinction est cruciale, car tandis que les scènes horribles dans la bande de Gaza et Israël parlent d’elles-mêmes sur nos écrans de télévision, se déroule une guerre des mots qui obscurcit notre compréhension de la réalité sur le terrain.

Qu’est donc que le Hamas, ce mouvement que Ehud Barak, le Ministre israélien de la défense, voudrait faire disparaître, comme s’il s’agissait d’un virus ? Pourquoi a-t-il remporté les élections palestiniennes et pourquoi permet-il que des roquettes soient tirées contre Israël ? L’histoire du Hamas au cours des trois dernières années révèle la façon dont la mécompréhension de ce mouvement islamiste par les gouvernements israéliens, américain et britannique nous a conduit à la situation brutale et désespérée où nous sommes maintenant.

L’histoire commence il de cela près de trois ans, lorsque le Parti du Changement et de la Réforme – le parti politique du Hamas – a remporté de façon inattendue les premières élections libres et équitables dans le monde arabe, sur un programme promettant de mettre fin à la corruption endémique et un amélioration dans les services publics, quasi-inexistants, à Gaza et en Cisjordanie. Contre une opposition divisée, ce parti ostensiblement d’inspiration religieuse a pourtant gagné les élections avec 42% des voix dans une communauté où les laïques sont prédominants.

Les Palestiniens n’ont pas voté pour le Hamas parce qu’il était engagé à la destruction de l’État d’Israël ou parce qu’il avait été responsable de vagues d’attentats suicides tuant des citoyens israéliens. Ils ont voté pour le Hamas parce qu’ils pensaient que le Fatah, le parti du gouvernement battu, avait failli. En dépit du renoncement à la violence et de la reconnaissance de l’État d’Israël, le Fatah n’a pas obtenu un Etat palestinien. Il est crucial de savoir cela pour comprendre la posture « réjectionniste » du Hamas. Il ne reconnaîtra pas Israël et ne renoncera pas au droit de résister avant qu’il ne soit assuré de l’engagement de la communauté internationale à une solution juste au problème palestinien.

Durant les cinq ans où j’ai visité Gaza et la Cisjordanie, j’ai rencontré des centaines de responsables politiques et de partisans du Hamas. Aucun d’entre eux n’a revendiqué l’objectif d’une islamisation de la société palestinienne, dans le style des talibans. Le Hamas compte beaucoup trop d’électeurs laïques pour ce faire. La population continue d’écouter de la musique pop, de regarder la télévision et les femmes choisissent de porter ou non le voile.

Les dirigeants politiques du Hamas sont probablement parmi les plus hautement qualifiés dans le monde. Il bénéficie de la présence dans ses rangs de plus de 500 diplômés d’un doctorat, la plupart appartiennent à la classe moyenne – médecins, dentistes, scientifiques et ingénieurs. La plupart de ses dirigeants ont été formés dans nos universités et ne ressentent aucune haine de nature idéologique à l’égard de l’Occident. Ce mouvement est né en réponse à une revendication, et se voue réparer l’injustice faite à son peuple. Il a en permanence proposé que soit instauré un cessez-le-feu de 10 ans afin de disposer d’un temps de répit pour résoudre un conflit qui dure depuis plus de 60 ans.

La réponse de Bush et Blair à la victoire du Hamas, en 2006, donne la clé de l’horreur d’aujourd’hui. Au lieu d’accepter le gouvernement démocratiquement élu, ils ont financé une tentative pour le faire tomber par la force, en formant et en armant des groupes de combattants du Fatah à renverser militairement le Hamas et imposer un nouveau gouvernement non élu aux Palestiniens. En outre, 45 députés du Hamas sont toujours détenus dans les prisons israéliennes.

Il y a six mois, le Gouvernement israélien a accepté un cessez-le-feu avec le Hamas négocié par l’Egypte. En contrepartie du cessez-le-feu, Israël a accepté d’ouvrir les points de passage et de permettre une libre circulation des fournitures essentielles dans et hors de la bande de Gaza. Les tirs de roquettes ont cessé mais les points de passage n’ont jamais été entièrement ouverts, et la population de Gaza a commencé à mourir de faim. La paix n’a pas été récompensée par cet embargo traumatisant.

Quand les Occidentaux se demandent ce qui peut se passer dans la tête des dirigeants du Hamas lorsqu’ils donnent l’ordre ou permettent que des roquettes soient tirées sur Israël, ils ne parviennent pas à comprendre la position des Palestiniens. Il y a deux mois, les forces armées israéliennes ont rompu le cessez-le-feu en entrant dans la bande de Gaza, débutant un nouveau cycle de violences. Pour les Palestiniens, chaque salve de roquettes est une réponse aux attaques israéliennes. Pour les israéliens, c’est l’inverse.

Mais quelle est la signification des déclarations de M. Barak lorsqu’il parle de détruire le Hamas ? Est-ce que cela veut dire tuer les 42% des Palestiniens qui ont voté pour lui ? Est-ce que cela veut dire réoccuper la bande de Gaza, dont Israël s’était retiré si péniblement il y a trois ans ? Ou est-ce que cela signifie séparer de façon permanente les Palestiniens de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, politiquement et géographiquement ? Et pour ceux dont l’obsession est la sécurité israélienne, quelle sera la menace posée par les 750 000 jeunes qui grandissent dans la bande de Gaza avec une haine implacable de ceux qui les affament et les bombardent ?

On dit que ce conflit est impossible à résoudre. En fait, c’est très simple. L’élite des 1000 personnes qui dirigent Israël – les hommes politiques, les généraux et les membres de l’appareil de sécurité – et l’élite des islamistes palestiniens ne se sont jamais rencontrées. Une paix véritable nécessitera que ces deux groupes s’assoient ensemble autour d’une table sans conditions préalables. Mais les événements de ces derniers jours semblent avoir rendu cette perspective plus improbable que jamais. Tel est le défi pour la nouvelle administration à Washington et ses alliés européens.

William Sieghart est le président de Forward Thinking, une agence de résolution des conflits

A lundi prochain

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