AJ+. La − vieille − rumeur selon laquelle Israël prélève secrètement des organes sur des cadavres palestiniens a trouvé un nouveau souffle avec la guerre Israël-Hamas. Cette fake news est notamment propagée par le média qatari AJ+, émanation d’Al-Jazeera, qui s’adresse principalement aux jeunes via des vidéos en français. Celle réalisée sur ce sujet par l’humoriste « Abdel en vrai » a été vue plus de 240 000 fois en moins de 24 heures. Sur X, une « community note » a été ajoutée sous la vidéo, précisant qu’« il n’existe à ce jour aucune technique médicale qui permet de réutiliser l’organe d’un cadavre » (source : Conspiracy Watch, 8 décembre 2023).
ISRAËL. La photo d’une femme portant ses deux enfants dans les bras circule sur Internet et les réseaux sociaux avec pour commentaire : « Qui est cet homme derrière cette famille kidnappée ? » Selon une théorie devenue très virale en Israël, « cet homme est un Israélien envoyé pour coordonner l’attaque du Hamas ». Le journaliste Julien Pain (France Info) a rencontré Achiya Schatz, directeur de l’ONG FakeReporter, qui analyse cette théorie du complot d’une trahison intérieure et en souligne la dangerosité dans le contexte actuel (source : France Info, 7 décembre 2023).
7 OCTOBRE. « Le massacre du Hamas a donné lieu à la propagation d’histoires horrifiantes qui ne se sont pas toutes produites dans la réalité. La vérité est déjà assez dure » : c’est le titre d’un article du Ha’Aretz (en hébreu) paru dimanche dernier (source : Ha’Aretz, 3 décembre 2023 ; Courrier international, 6 décembre 2023). À la suite des tueries commises le 7 octobre en Israël, des hommes politiques, des officiers, des secouristes volontaires et des gestionnaires de réseaux sociaux ont, chacun à leur manière, fourni une quantité de témoignages aussi atroces les uns que les autres. Le problème, met en garde Ha’Aretz, c’est que « si la plupart de ces témoignages ont été étayés et recoupés et sont donc irréfutables, certains se sont révélés erronés voire faux, fournissant ainsi et à leur corps défendant des munitions aux nombreux négationnistes de la tuerie ». Ainsi, la rumeur concernant la décapitation de « 40 bébés », la circonstance qu’un bébé aurait été tué après avoir été mis dans un four, que des bébés auraient été pendus à des cordes à linge ou celle d’une femme enceinte dont on aurait ouvert le ventre pour en sortir un foetus ne sont pas corroborées par les faits. « L’ »affaire des bébés’ », lit-on, reposait sur le témoignage recueilli en anglais de Golan Vach, un officier de réserve israélo-américain qui, pour parler d’enfants, utilisait le terme anglais « baby ». Cette erreur a été commise en toute bonne foi et n’atténue en rien l’ampleur des atrocités réellement commises par le Hamas. »
La rédaction de Conspiracy Watch a participé le 4 décembre à une projection en comité restreint du film d’environ 45 minutes documentant plusieurs des exactions commises par le Hamas le 7 octobre à l’encontre de la population civile israélienne. Réalisé par les autorités de l’État hébreu à partir de conversations interceptées, d’images de vidéosurveillance, d’images diffusées en streaming sur les réseaux sociaux, d’images récupérées sur les téléphones de victimes ou dans des caméras embarquées dans des véhicules et d’images captées directement par les terroristes du Hamas via les GoPro dont ils étaient équipés, ce film constitue un échantillon des heures de vidéo disponibles sur les massacres. Il atteste du meurtre délibéré de civils israéliens désarmés et de la commission, par le Hamas, d’actes de barbarie.
A noter que l’USC Shoah Foundation, une ONG américaine fondée dans les années 1990 par Steven Spielberg, a pris l’initiative de recueillir les témoignages des survivants des massacres du 7 octobre. Une centaine de témoignages ont déjà été enregistrés auprès des médias et des organisations partenaires en Israël et une trentaine d’entre eux ont déjà été mis en ligne sur la chaîne YouTube de l’organisation. Son président, Robert J. Williams, estime que ce projet contribuera à lutter contre la désinformation et à la lutte contre l’antisémitisme (source : USC Shoah Foundation, 1er décembre 2023).
DÉNI. « Je n’ai pas entendu les témoignages et je n’ai pas vu les images », a affirmé l’ambassadrice palestinienne Hala Abou Hassira, interrogée sur France Info à propos des viols et sévices sexuels commis par le Hamas le 7 octobre. Pour faire la lumière sur ces crimes déjà largement documentés, la représentante en France de l’Autorité palestinienne, elle-même originaire de Gaza et qui a perdu des dizaines de membres de sa famille dans les bombardements israéliens, réclame « une commission d’enquête des Nations unies et des instances juridiques les plus hautes pour trancher sur ce qu’il s’est passé » (source : France Info/X, 8 décembre 2023).
🔴 DIRECT – 🗣 « Je n’ai pas entendu les témoignages et je n’ai pas vu les images » rétorque Hala Abou Hassira à propos des viols commis par le Hamas, le 7 octobre.
L’ambassadrice de Palestine en France réclame « une commission d’enquête des Nations Unies et des instances… pic.twitter.com/Gu8djKnOfn
— franceinfo (@franceinfo) December 8, 2023
Le 18 novembre dernier, Samantha Pearson, directrice d’un centre d’aide aux victimes d’agressions sexuelles dépendant de l’Université de l’Alberta (Canada) signait une lettre ouverte niant que des femmes ont été violées le 7 octobre.
Une commission civile sur les crimes du Hamas commis le 7 octobre contre les femmes et les enfants a été créée une semaine après les attaques par une professeure de droit international, Cochav Elkayam Levy, par ailleurs fondatrice du Dvora Institute for Gender and Sustainability. « Des femmes et des filles, rappelle-t-elle, ont été assassinées, torturées, terrorisées et violées de la manière la plus inhumaine qui soit. Les preuves sont accablantes et indéniables. Et encore une fois, le même mécanisme de déni infligé aux victimes individuelles de viol est désormais infligé à nous toutes – femmes, filles, mères, sœurs et filles en Israël. Par qui ? Par ceux qui sont censés savoir. Comprendre. Croire. » (source : Le Point, 23 novembre 2023).
« PALLYWOOD ». De nombreux comptes pro-israéliens détournent des vidéos afin d’accuser les Palestiniens de Gaza de mettre en scène leurs souffrances. Cette rhétorique n’est pas nouvelle et porte même un nom : « Pallywood », jeu de mots sur « Palestine » et « Hollywood » qui suggère que l’essentiel de ce que l’on sait des pertes civiles palestiniennes est le résultat de mises en scène ayant pour but de retourner l’opinion publique contre Israël (source : Le Parisien, 5 décembre 2023).
MEL K SHOW. Brian Hooker, directeur scientifique de l’organisation antivax Children’s Health Defense, a participé à plusieurs reprises au Mel K Show, une émission animée par Mel K, une adepte de QAnon. Il y a attaqué les vaccins et promu un livre antivax coécrit avec le fondateur de l’organisation, qui n’est autre que le candidat à la présidentielle Robert F. Kennedy Jr. Celui-ci a pris congé de l’organisation en avril dernier, avant de lancer sa campagne pour les primaires présidentielles du Parti démocrate américain (source : Media Matters for America, 8 décembre 2023).
TUCKER CARLSON. L’ex-animateur vedette de Fox News Tucker Carlson a invité sur sa chaîne le pape du complotisme américain, Alex Jones. Cette invitation constitue une réhabilitation en règle de celui qui a été condamné en 2022 à une amende record de près d’1,5 milliards de dollars pour avoir nié le massacre de l’école Sandy Hook (2012). Carlson a pu saluer celui qui, selon lui, aurait prévu le 11-Septembre, le Covid, la guerre en Ukraine… Un entretien complaisant qui constitue une véritable opération de promotion de l’influenceur extrémiste (source : Tristan Mendès France/X, 8 décembre 2023).
CONSPIZAP. Qu’ils voient une mise en scène derrière la conquête de la lune ou qu’ils nient la réalité de la pandémie de Covid, les conspirationnistes n’ont pas de limite : en quelques minutes, le CONSPIZAP propose une sélection du pire de ce que notre équipe a vu passer au cours du mois de novembre 2023.
ATTENTAT. L’annonce de l’attentat du pont de Bir-Hakeim à Paris le 3 décembre, au cours duquel un touriste allemand a été tué, a été accompagnée de plusieurs commentaires complotistes provenant aussi bien d’Idriss Sihamedi, que d’Hicham Hamza, Salim Laïbi ou encore Francis Lalanne (source : Conspiracy Watch/X, 3 décembre 2023).
Idriss Sihamedi, fondateur de l’association islamiste BarakaCity (dissoute en 2020 pour incitation à la haine et banalisation des actes terroristes), suspecte la main des services secrets israéliens derrière l’attaque au couteau du 23/11 à Dublin et l’attentat d’hier à Paris… pic.twitter.com/CgU4054nVc
— Conspiracy Watch (@conspiration) December 3, 2023
À noter que le terroriste, qui avait prêté allégeance à l’organisation État islamique, avait initialement prévu d’agir dans le jardin-mémorial des Enfants du Vél’ d’Hiv (source : Le Monde, 6 décembre 2023).
TIKTOK. L’application préférée des jeunes, compte aujourd’hui, près de 1,6 milliard d’utilisateurs partout dans le monde et presque un Français sur trois. Elle est un succès planétaire de la Chine, propriété de l’entreprise Byte Dance. Une révolution technologique dont le système de gestion de contenus reste opaque, même pour ses modérateurs. De plus en plus puissante, l’application TikTok est accusée comme les autres réseaux sociaux, de collecter nos données personnelles. À une différence près, comme le montre ce nouvel épisode de la série documentaire de France 5 « La fabrique du mensonge », elle est soupçonnée de les transmettre au régime chinois et d’influencer les opinions publiques dans le monde entier (source : France TV, 3 décembre 2023).
CIBLES DU COMPLOTISME. Trois chercheurs britanniques en psychologie révèlent qu’il n’est pas possible d’apprécier pleinement la façon dont les théories du complot divisent la société si l’on ne prend pas également en considération la manière dont ceux qu’elles prennent pour cibles sont affectés. Non seulement les théories du complot attisent les tensions entre les groupes, mais elles peuvent également causer un préjudice émotionnel aux personnes qui appartiennent aux groupes ciblés (source : The Conversation, 4 décembre 2023).
SONDAGE. Une enquête Ipsos portant sur dix pays, réalisée pour le forum de discussion politique les Entretiens de Royaumont, s’est intéressée aux écarts qui peuvent exister entre la réalité et sa perception. Le sondage montre que certaines thèses complotistes trouvent un écho auprès de 15 à 25% de la population. C’est notamment le cas des théories autour du « Grand remplacement », de l’armée ukrainienne qui serait infiltrée par des néo-nazis et de l’alunissage américain de 1969, qui aurait été tourné dans un studio par la Nasa (source : Conspiracy Watch/X, 4 décembre 2023 ; le rapport complet est ici).
📈 Une enquête d’opinion @IpsosFrance révèle que 22 % des Français déclarent croire qu’il existe un projet organisé de « #GrandRemplacement ».
16 % considèrent que « le gouvernement ukrainien actuel est fortement infiltré par des groupes néo-nazis »… ⤵️https://t.co/1hA4Y54lw6 pic.twitter.com/LTuQ2dIksv— Conspiracy Watch (@conspiration) December 4, 2023
DÉCONSPIRATEURS. Dans le 46e épisode de notre émission, Tristan Mendès France, Rudy Reichstadt et David Medioni ont reçu le sociologue Smaïn Laacher, auteur notamment de Croire à l’incroyable : un sociologue à la Cour nationale du droit d’asile (Gallimard, 2018) et de Le fait migratoire et les sept péchés capitaux (Editions de l’Aube, 2022). Au sommaire de ce nouveau numéro : la carte interactive de la complosphère francophone sortie par Conspiracy Watch et ses partenaires ; le dernier numéro de Complorama sur le Pizzagate ; et une longue discussion autour du thème du « Grand Remplacement », en France et à l’étranger (source : Conspiracy Watch, 4 décembre 2023).
Source: Lire l'article complet de Conspiracy Watch