Le colonel Nof Erez affirme que l’armée israélienne a probablement tué ses propres civils à plusieurs reprises le 7 octobre pour éviter qu’ils ne soient ramenés à Gaza en tant que captifs du Hamas.
Source : The Cradle, le 20 novembre 2023
Traduction : lecridespeuples.fr
Le colonel Nof Erez, réserviste de l’armée de l’air israélienne, a décrit les actions menées par Israël le 7 octobre comme un événement de « directive Hannibal de masse », en référence à la procédure controversée ordonnant aux commandants israéliens de tuer leurs propres soldats pour éviter qu’ils ne soient faits prisonniers.
Dans une interview accordée à Haaretz le 15 novembre, le colonel Erez a évoqué la réaction de la flotte israélienne d’hélicoptères d’attaque Apache lorsque des combattants du Hamas ont infiltré des bases militaires et des colonies dans le but d’emmener des soldats et des civils en captivité à Gaza.
Il décrit la manière dont les pilotes ont ouvert le feu à plusieurs endroits le long de la barrière frontalière pour empêcher le Hamas de ramener les captifs, tuant à la fois des combattants du Hamas et des Israéliens.
En conséquence, « la directive Hannibal a probablement été déployée parce qu’une fois que vous avez détecté une prise d’otages, c’est Hannibal ».
Une enquête menée en 2003 par Haaretz sur cette directive a conclu que « du point de vue de l’armée, un soldat mort vaut mieux qu’un soldat captif qui souffre lui-même et oblige l’État à libérer des milliers de captifs pour obtenir sa libération ».
Par exemple, lorsque le Hamas a fait prisonnier le soldat franco-israélien Gilad Shalit en 2006, le groupe de résistance palestinien l’a détenu pendant cinq ans avant de l’échanger contre 1027 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Le 7 octobre, le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a reconnu publiquement que l’armée israélienne était confrontée à des « prises d’otages » et qu’elle utilisait à la fois des frappes aériennes et des forces terrestres pour y faire face.
Hagari a déclaré que l’armée « se battait dans 22 endroits », ajoutant qu’il n’y avait « aucune communauté dans le sud d’Israël où nous n’avions pas de forces, dans toutes les villes ».
Le colonel Erez a déclaré qu’en temps normal, les commandants israéliens sont confrontés à des situations où un seul soldat est fait prisonnier.
Il a décrit comment « l’Hannibal pour lequel nous nous sommes entraînés au cours des 20 dernières années concernait un véhicule, vous savez à quel endroit de la clôture il entrait, de quel côté de la route il se déplaçait, et même sur quelle route ».
Mais à Gaza, le 7 octobre, « ce que nous avons vu ici, c’est un Hannibal de masse. Il y avait de nombreuses ouvertures dans la clôture, des milliers de personnes dans de nombreux véhicules différents avec des otages et sans otages ».
Le colonel Erez a ajouté que les pilotes d’hélicoptères opérant dans les airs recevaient normalement des cibles du centre de commandement de la division ou des troupes israéliennes communiquant avec eux au sol, mais le 7 octobre, le Hamas avait éliminé les deux, de sorte que les pilotes choisissaient d’eux-mêmes leurs cibles à la frontière.
Les pilotes d’Apache n’avaient aucun moyen de faire la distinction entre les combattants du Hamas, les Palestiniens et les Israéliens, et ont donc ouvert le feu sur toutes les voitures et les personnes se trouvant à la frontière de Gaza, sans distinction, explique un article du 15 octobre de Yedioth Ahronoth.
https://twitter.com/lecridespeuples/status/1725887747456471435
« La cadence de tir contre les milliers de terroristes a d’abord été énorme, et ce n’est qu’à un certain moment que les pilotes ont commencé à ralentir leurs attaques et à sélectionner soigneusement leur cible », a ajouté le journal.
Dans la confusion, vingt-huit hélicoptères de combat israéliens ont tiré toutes les munitions qu’ils détenaient, y compris des centaines d’obus explosifs de 30 mm et des missiles Hellfire, au cours de la journée.
Après avoir posé son Apache pour recharger les munitions vers 10h du matin, le commandant de l’escadron 190 a demandé aux autres pilotes « de tirer sur tout ce qu’ils verraient dans la zone de la barrière », qui sépare Israël de Gaza, selon le rapport du Yedioth Ahronoth.
Le colonel Erez a également commenté les informations selon lesquelles l’armée israélienne avait utilisé des chars et des hélicoptères pour bombarder des maisons dans les colonies autour de Gaza, comme le kibboutz Be’eri, avec des combattants du Hamas et des prisonniers israéliens à l’intérieur.
Il a également laissé entendre que ces maisons avaient été bombardées conformément à la directive Hannibal, avec l’autorisation des dirigeants militaires qui observaient les batailles en direct à l’aide de drones.
Voir Massacres du Hamas, ‘tirs amis’ israéliens ou directive Hannibal ? La vérité sur le 7 octobre
« Ils n’ont pas bombardé les maisons sans autorisation. D’ailleurs, j’ai moi-même vu de nombreux drones au-dessus de chaque colonie, sous forme d’image informatique. Nous pouvons observer la situation depuis tous les centres de commandement en Israël », a-t-il déclaré.
Les autorités israéliennes affirment que le Hamas a tué 1 200 soldats et civils israéliens le 7 octobre. Toutefois, on ne sait pas exactement combien ont été tués par le Hamas et combien ont été tués par les forces israéliennes qui cherchaient à les empêcher d’être ramenés à Gaza.
Israël a utilisé les événements du 7 octobre pour justifier les bombardements massifs et l’invasion terrestre de Gaza qui ont tué plus de 20 000 Palestiniens, dont plus de 8 000 enfants.
En juillet, le colonel Erez a publiquement refusé de servir dans les forces de réserve, déclarant à la chaîne israélienne Kan qu’il ne pouvait pas servir et « se porter volontaire pour une dictature », en réponse à l’effort de réforme judiciaire du Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Le colonel Erez a servi pendant 20 ans dans l’armée et 24 ans de plus en tant que réserviste.
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