On ne va pas donner des leçons de bonne conduite politique, c’est pas le style de la maison. Chacun pense ce qu’il veut, et ce qu’il peut, surtout. La faillite de la droite souverainiste française qui s’est placée sous l’aile de Zemmour, qui, lui, s’en est débarrassé prestement au moment des élections, après s’en être servi pour sa promotion, c’est l’histoire des canetons qui vont chercher refuge sous l’aile du faucon.
Le souverainisme, c’est bien, quand il va au bout de sa pensée, de sa logique, de son engagement. S’il s’arrête à la moitié du chemin, et qu’il prend la déviation indiquée par la pancarte Israël, il y a un problème. Ce renouveau politique, depuis une décennie, aiguise les appétits : sa base électorale n’étant pas négligeable, ce mouvement fait l’objet de calculs, tractations, pillages et enfumages.
La jeunesse de ses leaders naturels positionnés sur le nationalisme de droite est à la fois un atout et une faiblesse.
Aveuglés par leurs convictions et les mots qui font plaisir comme « France », « nation », « force », « Poitiers », « blanche », ils sont attirés par les lumières d’une victoire facile. Et ils attirent leurs suiveurs dans le piège. On pense à ces dizaines de jeunes cowboys qui sont allés ratonner dans une cité et qui ont fini en comparution immédiate, puis en taule.
Papacito en octobre 2021 : « Il faut que Zemmour soit élu…
Je vais tout faire pour. »
En 2021, délaissant une Marine par trop systémo-recentrée, ils ont misé sur Zemmour qui a aimanté leur influence et leurs voix, pour les abandonner à poil sur la grève, une fois la marée retirée. Pas un poste, pas un député, pas un salaire, rien.
Aujourd’hui, c’est en désordre de bataille que ces chefs de groupes – de simples youtubeurs au départ – essayent de reconstituer leur armée : Papacito, sur le départ en Espagne, goûte aux joies de la justice ; Conversano a disparu à l’Est ; Escufon a viré sa cuti pour parler des relations hommes-femmes ; Rochedy a misé sur l’Ukraine ; quand d’autres parlent barbaque et barbecue.
Sandrine Rousseau, qui dénonce l’ultradroite en permanence, n’a pas grand-chose à craindre.
Le grand thème des droitardés est la lutte contre l’immigration massive. On ne peut qu’être d’accord sur le constat et le risque que cela fait courir à notre pays. Mais qui parmi ces mousquetaires a osé remonter d’un cran dans la responsabilité de la décision ? C’est là où nos amis souverainistes se sont arrêtés en chemin, et pour certains, ont bifurqué. Par peur, calcul, ignorance ? À eux de le dire, nous ne sondons pas les âmes.
C’est cette faille structurelle dans la construction politique qui rend ce mouvement aussi fragile devant les événements, et devant les grands choix, par exemple les élections. Et la France est en train de vivre des bouleversements majeurs.
C’est le moment ou jamais de muscler son jeu, d’assembler des concepts cohérents entre eux, qui ne se cannibalisent pas, comme trop souvent les chefs de la droite se font la guerre, une guerre d’ego.
L’union est toujours possible, mais sur une base sérieuse. Et avec une figure sérieuse.
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