Plusieurs photos et vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux de combattants du Hamas et d’otages libérés échangeant sourires et signes d’adieu ont surpris plus d’un observateur, certains y voyant le caractère humain des ravisseurs, d’autres dénonçant une propagande orchestrée par le groupe islamiste.
Publié le 29 novembre 2023 à 18h23
Propagande du Hamas, manifestation du syndrome de Stockholm ou expression d’un brin d’humanité dans cette folie meurtrière ? Les images de libération des otages, montrant des échanges inhabituels entre captifs et ravisseurs, n’ont pas laissé indifférents les observateurs et continuent de diviser la Toile ainsi qu’une partie de la presse.
Certains s’interrogent sur la pertinence d’applaudir l’“humanité” d’un groupe islamiste responsable du massacre de 1 200 Israéliens.
Depuis l’entrée en vigueur de la trêve humanitaire et la libération d’un premier groupe d’otages, le 24 novembre, certaines images des instants de remise des captifs par le Hamas à la Croix-Rouge internationale circulent sur les réseaux sociaux et dans les médias. Celles d’une mère et de sa fille à peine relâchées souriant à un combattant du Hamas, qui leur fait un signe d’adieu, ou encore celles d’une otage qui remercie son ravisseur en montant dans une voiture de la Croix-Rouge ont défrayé la chronique.
Dans une vidéo largement partagée sur X (ex-Twitter), on entend ainsi un homme encagoulé lancer au moment de sa libération à Maya Regev, une jeune otage enlevée le 7 octobre à la rave party, “bye Maya”, et cette dernière lui répondre “choukran” (“merci”, en arabe).
Ses propos font écho au témoignage public d’une première otage libérée en octobre, Yocheved Lifshitz, 85 ans, souligne le site Middle East Monitor, qui avait déclaré aux journalistes que les combattants du Hamas avaient “bien pris soin d’elle et des autres otages et veillé à leur fournir tout ce dont ils avaient besoin”.
Si certains ont vu dans ces photos et ces vidéos un soupçon d’humanité chez les hommes du Hamas, qualifié d’organisation terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, d’autres n’ont pas tardé à réagir avec virulence, criant au scandale et à la propagande.
Sur X, une internaute du nom de Maree Campbell s’est ainsi attiré les foudres des internautes, rapporte le New York Post, après avoir publié dimanche 26 novembre une capture d’écran de la libération de Maya Regev, assortie du commentaire suivant : “Je ne suis pas une experte en expressions faciales, mais à en juger par son regard et l’expression de son visage, je dirais que c’est un regard de reconnaissance et de remerciement.”
Les réactions n’ont pas tardé à fuser, certains l’accusant de faire l’apologie du terrorisme. “Reconnaissance pour quoi ? Pour l’avoir […] gardée en captivité dans un tunnel sombre pendant cinquante jours ? N’avez-vous jamais entendu parler du syndrome de Stockholm ?” a ainsi commenté une internaute. “Elle a des vis dans la jambe suite à la blessure par balle qu’ils lui ont infligée. Comment oses-tu écrire ces bêtises ?” a renchéri une autre commentatrice.
De la pure “propagande”
De son côté, la presse israélienne a également pris le contre-pied de ces interprétations, dénonçant une campagne de propagande orchestrée par le Hamas.
À chaque libération d’un groupe d’otages, “des images de propagande montrant les personnes enlevées souriant et saluant ou disant au revoir à leurs ravisseurs” ont été publiées par le bureau de presse du Hamas, déplore ainsi The Times of Israel.
“Les clips semblent être une tentative du Hamas de montrer au monde qu’il traite les otages avec humanité. Et certains militants propalestiniens les utilisent pour tenter de faire valoir cet argument”, ajoute le média.
Dans le quotidien Ha’Aretz, la journaliste Maya Lecker s’est elle aussi insurgée contre ce qu’elle a décrit comme étant une tentative de faire oublier les atrocités commises le 7 octobre par le groupe palestinien.
“Applaudir les hommes armés du Hamas pour avoir salué devant la caméra leurs captifs après qu’ils ont tué des membres de leur famille – dans certains cas sous leurs propres yeux –, c’est placer la barre de l’humanité très bas.”
Reprenant l’exemple de Yocheved Lifshitz, qui a raconté aussi que “les hommes du Hamas qui la gardaient en captivité discutaient et partageaient les repas avec elle”, la journaliste a rappelé d’autres propos tenus par l’ex-otage. “Lorsqu’elle a dit qu’elle avait ‘vécu un enfer’, qu’elle avait été battue à coups de bâton et que ses bijoux avaient été volés, personne ne l’a écoutée.”
Et “un mois plus tard, le Hamas détient toujours Oded, le mari de Yocheved, et au moins 178 autres otages”, conclut-elle.
Source : Courrier international
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