Le tourbillon crisique toujours plus tourbillonnant
3 décembre 2023 (20H35) – Il est certains jours où, plutôt que tenter de commenter les nouvelles, vous vient la décision fataliste qu’il suffit de les aligner pour avoir un commentaire tout fait. Nous sommes dans l’un de ces jours, aussi l’actualité se réfugie dans ce journal pour appliquer la méthode.
Je crois, en alignant ces nouvelles, que la seule chose qui doit nous rester à l’esprit est l’idée qu’elles sont toutes liées par une même logique, animée par une même force catastrophique. La GrandeCrise est évidemment partout, c’est sa raison d’être
La seule question : l’Ukraine existera-t-elle encore ?
• Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, est une des rares autorités venue du temps de Porochenko (et du Maidan) à rester en place et à critiquer le régime Zelenski. Il dénonce l’autoritarisme et l’absence totale de contact du pouvoir central et suprême avec les pouvoirs intermédiaires comme le sien (pas un seul coup de téléphone, pas une seule rencontre avec Mister Z depuis le début de la guerre).
Il a été l’un des premiers à reconnaître l’échec de la “contre-offensive” et il est extrêmement sombre sur l’avenir.
« “Les gens voient bien qui est efficace et qui ne l'est pas. […] À la fin de la guerre, chaque homme politique répondra pour ses succès et ses échecs”.
» Pour lui [Klitschko], aujourd’hui, la question est de savoir si l'Ukraine continuera à exister.
» Il a également soutenu le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valeri Zaloujny dans son conflit avec le Président. Zaloujny avait déclaré début novembre à ‘The Economist’ que les troupes ukrainiennes n'arrivaient pas à réaliser une percée, car le conflit se trouvait dans l'impasse.
» “Il a dit la vérité [concernant la situation sur le front]. Parfois les gens ne veulent pas entendre la vérité mais on ne peut pas le faire éternellement. A la fin, on assume sa responsabilité.” »
• Le Secrétaire Général de l’OTAN Stoltenberg est sur la même ligne que quelques autres hauts responsables européens (von der Leyen, les Allemands, etc.), également irresponsables et responsables pour une bonne part de la catastrophe. Il continue, Stoltenberg, à pousser pour une adhésion en catastrophe de l’Ukraine à l’OTAN. Le résultat serait une guerre avec la Russie pour tout le monde.
« Ce sont des fanatiques », explique Mercouris. Pour eux, dit-il, il faut tout faire, la guerre notammentet avec un bel entrain, pour empêcher le risque d’un accord Russie-USA. D’où le catastrophisme flegmatique (une catégorie spéciale, le fanatique flegmatique, Norvégien de surcroit) de Stoltenberg, renvoyant les décisions difficiles à ceux (les Ukrainiens) qui n’ont aucun moyen de les appliquer.
« Dans une interview à la chaîne allemande Das Erste, Stoltenberg a reconnu que les lignes de front en Ukraine sont restées pratiquement inchangées ces derniers temps, ajoutant que “les guerres sont difficiles à planifier”.
» “Nous devons nous préparer à de mauvaises nouvelles. Les guerres se déroulent par phases, mais nous devons soutenir l’Ukraine dans les bons comme dans les mauvais moments”.
» Lorsqu’on lui a demandé ce que Kiev devrait faire entre-temps pendant que ses bailleurs de fonds augmentent leurs capacités de production d’armes – ce qui prendra forcément du temps – Stoltenberg a répondu qu’il laisserait ces “décisions opérationnelles difficiles” aux dirigeants et aux commandants militaires ukrainiens.
» “Je pense que l’un des problèmes que nous devons résoudre est la fragmentation de l’industrie européenne de la défense. Nous ne sommes pas capables de travailler ensemble aussi étroitement que nous le devrions”. »
« La guerre durera 10 ans »
• Cela ne va pas mieux, naturellement, sur le front Israël-Hamas. Par exemple, le président français Macron, qui pédale dur pour continuer à exister, profite d’une visite à la COP28 pour nous confier ce qu’il croit à propos de cette vilaine crise. Pour lui, les Israéliens n’assureront pas leur sécurité s’ils entendent la garantir par la liquidation physique de Palestiniens (Macron n’a pas précisé le nombre).
« S'exprimant lors d'une conférence de presse en marge de la conférence des Nations unies sur le climat COP28 à Dubaï, Macron s'est demandé si “quelqu'un pense qu'il est possible” d'éradiquer le Hamas.
» “Si c'est le cas, alors la guerre durera dix ans”, a-t-il déclaré. »
• Macron rencontre l’avis du secrétaire à la défense US Austin qui parle du même problème dans un discours au Forum Reagan de la Défense nationale à Simi Valley, en Californie. Le ministre parle de “victoires tactiques” (en nombre de morts civils) et de “défaite stratégique” (une seule, mais suffisante pour la catastrophe).
« “Le centre de gravité est la population civile et si vous la poussez dans les bras de l'ennemi, vous remplacez une victoire tactique par une défaite stratégique”, déclaré Austin. Il laisse entendre que les attaques aveugles d'Israël contre Gaza pourraient inciter encore plus de Palestiniens à rejoindre les rangs des milices du Hamas.
“Cela aggraverait cette tragédie si tout ce qui attendait les Israéliens et les Palestiniens à la fin de cette terrible guerre était plus d’insécurité, plus de rage et plus de désespoir”, a ajouté Austin. »
• Bien entendu, la fin de la “pause” Israël-Hamas et la confirmation de la position ultra-dure de Netanyahou et de son gouvernement observe Alastair Crooke en poursuivant sa ligne de réflexion depuis le début du conflit : nous allons à très grande vitesse « à un Armageddon biblique ». Crooke continue évidemment à favoriser son “appréciation métaphysique et eschatologique” du conflit.
« Biden et son équipe, qui cherchaient à obtenir un cessez-le-feu total, ont essuyé une fin de non-recevoir. Le cabinet et l’armée israélienne se sont heurtés aux contraintes d’un cessez-le-feu. Une fois qu’une action militaire est arrêtée, plus le «temps mort» est long, plus il est difficile de recommencer. Comme prévu, la trêve a pris fin. Les attentes américaines étaient irréalistes, compte tenu de l’état d’esprit de l’opinion publique et de l’unité du cabinet de Netanyahou.
» En effet, nous entrons dans une nouvelle guerre, qui sera d’une ampleur nettement différente. D’une part, les dirigeants du Hamas ont déclaré que, dans cette nouvelle phase, la principale force de combat (les trois quarts de tous les combattants de Gaza) engagera les soldats israéliens ; d’autre part, parce que la guerre est susceptible de s’étendre et de prendre des chemins nouveaux et inattendus. »
En attendant le réchauffement climatique
Et ainsi l’hiver s’installe-t-il sur le monde, côté Nord géographique, par des conditions exceptionnellement rigoureuses un peu partout en Europe et aux États-Unis.
Dans de telles conditions, la bureaucratie du Pentagone, bien drivé par l’équipe idéologique de l’administration Biden et du ministre Austin, parvient à nous faire peur en découvrant des soldats de l’US Army, – des suprémacistes blancs, cela va de soi, – qui rêvent d’effectuer un coup de force contre leur gouvernement.
On en a trouvé 78 dans les forces armées, ce qui dénote, paraît-il, une tendance inquiétante. Il faut bien justifier la tentative de putsch du 6 janvier 2021… Le document, très long et très lourd, certains parlent de quelques centaines de pages pour le document complet (le rapport diffusé publiquement est un condensé joliment fait et ne compte que 31 pages), en dénote 44 autres soupçonnés de terrorisme ; en tout 183 méchants et inconstitutionnellement séditieux dans l’esprit de la chose dans les forces armées, ce qui fait une augmentation de 25% par rapport à 2021.
Aucune évaluation n’est donné du danger de la bureaucratie et du risque posé par le poids de ses rapports extrêmement lourds par les temps froid-froid, lorsque la route glisse et que le blizzard tourne en tourbillons crisiques. Justement : il faut bien que chacun ait sa part du tourbillon crisique et c’est de cette façon qu’il faut voir cette affaire.
Pour le reste, tout va à peu près mal, comme d’habitude.
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org