La fin du chantage à l’antisémitisme

La fin du chantage à l’antisémitisme

La fin du chantage à l’antisémitisme

Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !

Sommaire

– Le mythe du peuple-race

– Israël et le nouvel antijudaïsme

*

Il y a bien longtemps que la chasse aux antisémites a viré au délire paranoïaque. Le dernier exemple en date est l’accusation dont a fait l’objet Dominique de Villepin après avoir pointé du doigt le poids financier sur les médias et le monde du spectacle qui musèle l’opposition à la politique de nettoyage ethnique mené par l’État juif. Pourtant, Jacques Attali, qui a accusé l’ancien ministre d’antisémitisme, a écrit un livre entier pour vanter les mérites des juifs dans le domaine économique : Les Juifs, le monde et l’argent – Histoire économique du peuple juif (Fayard, 2002).

La vantardise de Jacques Attali, qui se targuait d’avoir « inventé Emmanuel Macron » [1], devient de l’antisémitisme lorsqu’un non-juif pointe du doigt ce fait.

Nous allons tenter ici de démêler les nœuds historiques, théologiques et « raciaux » qui sous-tendent l’accusation d’antisémitisme. Cette brève étude servira d’outil d’autodéfense contre le « rayon paralysant » de l’antisémitisme.

Le mythe du peuple-race

Le concept d’antisémitisme s’appuie sur le judaïsme, religion d’un peuple particulier, « sacré », les Hébreux.

« Tu es un peuple consacré par Yahvé, ton Dieu : il t’a choisi, Yahvé, ton Dieu, pour lui être un peuple spécial entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre. Si Yahvé vous a préférés, vous a distingués, ce n’est pas que vous soyez plus nombreux que les autres peuples, car vous êtes le moindre de tous ; c’est parce que Yahvé vous aime… » (Deutéronome 7, 6-8)

Au cours du XIXe siècle, le grand historien juif allemand Heinrich Graetz (1817-1891) a laïcisé l’ethnocentrisme biblique pour rétablir le lien entre les juifs que l’assimilation tendait à rompre. Dans les années 1850, il fait paraître un ouvrage sur l’histoire des juifs, L’Histoire des juifs depuis les temps anciens jusqu’à nos jours.

Graetz diffusa cette forme laïcisée du concept biblique de peuple-race juif en tant que nation. Il postule dans son ouvrage une continuité historique du peuple juif, afin de recréer un lien – quelque peu rompu par l’émancipation – entre toutes les communautés juives. Il défend l’idée que les juifs constituent un seul et même peuple, une seule et même race avec une seule et même origine.

Il laïcisa également l’idée proprement biblique de la supériorité du peuple juif sur les autres – « Yahvé vous a consacrés, préférés, vous a distingués ». Graetz préconisait donc une mise à l’écart vis-à-vis du reste du peuple allemand ; les juifs ne devaient en aucun cas s’assimiler aux Allemands et aux autres peuples, sous peine d’en être souillés.

Son ouvrage fut d’ailleurs utilisé par les premiers colons sionistes, et encore aujourd’hui il demeure une référence majeure dans les livres portant sur l’histoire du peuple juif, et il est enseigné en Israël.

À propos de ce racialisme biblique laïcisé appliqué par le sionisme, l’historien israélien Shlomo Sand écrit :

« Le sionisme prit à la tradition religieuse juive son aspect le plus orgueilleux et le plus refermé sur soi-même. La proclamation divine : « C’est un peuple qui a sa demeure à part, et qui ne fait point partie des nations » (Nombres 23, 9), destiné à édifier une communauté monothéiste élue et sanctifié au sein du monde antique, fut traduite en une philosophie d’action laïque séparatiste. » [2]

Le judaïsme est une religion non universelle, qui ne repose par sur la foi, mais sur la race, et qui se transmet par le sang. Ainsi, la plupart des juifs, croyants ou athées, pensent appartenir à un peuple-race descendant direct des Hébreux.
Les juifs du Maghreb ne sont pas des descendants des Hébreux. Ils sont majoritairement des Imazighen (Berbères) convertis au judaïsme ; les autres sont des juifs d’Arabie, venus avec les musulmans en Afrique du Nord [3]. Quant aux Ashkénazes, les études génétiques récentes sont formelles :

« En 2020, les Ashkénazes, ou Juifs d’Europe du Nord, représentent 75 % des Juifs du monde. Aujourd’hui, après un siècle de recherches, nous sommes sur le point de comprendre enfin leurs origines, tant sur le plan culturel que génétique. Les Ashkénazes ne sont pas simplement les descendants de gentils européens convertis au judaïsme. Tous portent une signature génétique claire d’une ascendance moyen-orientale. Leur composante ancestrale majoritairement européenne n’est pas non plus homogène ; la plupart de leurs ancêtres européens étaient semblables aux Européens du Sud modernes, tandis qu’une petite minorité d’ascendants ashkénazes ressemble davantage aux populations d’Europe du Nord. Enfin, l’analyse ne révèle pratiquement aucune sous-structure génétique chez les Ashkénazes d’Europe. Les Juifs lituaniens, ukrainiens, polonais, roumains et hongrois ont tous les mêmes ancêtres, alors qu’ils ne descendent pas de populations juives locales et régionales distinctes (comme c’est le cas, par exemple, des Romaniotes, les Juifs originaires de Grèce)…

Ces découvertes génomiques ont permis aux scientifiques et aux historiens d’esquisser au moins les grandes lignes d’un récit sur l’émergence des Ashkénazes. Jusqu’à cette année, l’histoire par défaut de l’ethnogenèse ashkénaze était qu’il y a environ un millénaire, un groupe de Juifs a quitté les territoires post-romains de l’Europe occidentale, la Gaule (France), l’Ibérie (Espagne) et l’Italie, pour émigrer en Allemagne via la Rhénanie. Ces migrants étaient issus d’un mélange de divers gentils d’Europe du Sud, d’Italie et d’Ibérie, ainsi que de migrants juifs du Moyen-Orient. La date d’apparition de cette population est encore débattue. Le mélange clé entre Juifs et Gentils a peut-être commencé dans les siècles qui ont suivi la chute de Rome, ou peut-être à l’apogée de l’Empire. L’ascendance paternelle de ces Juifs provient du Moyen-Orient. Néanmoins, ils ont périodiquement épousé des femmes locales, comme en témoignent leurs nombreuses lignées d’ADNmt [génome mitochondrial, NDLR] qui ne sont pas typiquement moyen-orientales.

Se déplaçant vers l’est à travers la vaste frontière alors ouverte par l’expansion de la Pologne-Lituanie de la fin du Moyen Âge et du début de la modernité, ces proto-Ashkénazes se sont mariés avec un petit nombre de locaux, augmentant minimalement leur fraction ancestrale européenne le long d’une trajectoire alimentée par un taux de natalité élevé pour devenir l’une des plus grandes minorités d’Europe de l’Est. Ce n’est qu’alors, il y a deux siècles, que les forces inexorablement inquisitrices des Lumières ont attiré l’attention de leurs concitoyens européens sur cette communauté humaine singulière, et que les Ashkénazes ont revendiqué leur rôle de premier plan sur la scène intellectuelle et culturelle du continent sur lequel ils avaient résidé pendant plus d’un millénaire. » [4]

Si les descendants des Hébreux sont quelque part, c’est en Palestine ; et c’est ce que mettent en évidence les études génétiques qui ont comparé l’ADN des Palestiniens aux anciens ADN des Cananéens, des Israélites et des Judéens [5]. Le sionisme a donc consisté à implanté en Palestine des descendants d’Européens convertis au judaïsme chassant les Palestiniens qui sont, eux, de vrais sémites.

Il est fascinant de constater que le monde occidental, matérialiste, qui prétend avoir dépasser « les vieilleries religieuses et les mythes », a adopté la narration sioniste et ses fondements théologico-raciaux directement issus de la Bible hébraïque, laquelle sert d’ailleurs de cadastre aux juifs sionistes religieux et athées. Et ce, au point d’amalgamer complètement le sionisme avec l’idée de peuple-race juif.

En effet, l’antisionisme est considéré comme de l’antisémitisme par le président de la République « laïque » française. Le 16 juillet 2017, lors du 75e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv’, Emmanuel Macron, en présence du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, a déclaré, sous les applaudissements de l’assistance : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. » [6]

Israël et le nouvel antijudaïsme

L’écrivain juif français Bernard Lazare a mis en évidence, dans son ouvrage L’Antisémitisme, son histoire et ses causes (1894), que depuis l’Antiquité, à Rome, à Alexandrie et ailleurs, puis durant tout le Moyen Âge en Europe, la présence des juifs et leurs activités (notamment économique) a systématiquement déclenché l’antijudaïsme des peuples.

La question de l’antijudaïsme se pose à nouveau mais de manière différente aux époques précédentes, pour deux raisons : la mondialisation, qui permet, entre autres choses, et via Internet, de diffuser la même information, les mêmes faits, la même réalité, instantanément et partout dans le monde ; et l’existence de l’État d’Israël, dont les atrocités qu’il commet depuis des décennies, l’épuration ethnique dont il se rend actuellement coupable et l’incroyable insolence qu’il affiche, ne manquent pas de susciter l’hostilité de tous les habitants de la planète.

La conséquence en est la montée graduelle, et à terme exponentielle, de l’antijudaïsme, de manière simultanée dans de nombreux pays du monde, y compris à la tête des États.

Ce ne sont pas les antisionistes qui amalgament judaïsme, race et sionisme, mais les juifs sionistes eux-mêmes. Et ceci est extrêmement dangereux, car tous les juifs se retrouvent associés à l’infamie israélienne. Raison pour laquelle Rony Brauman (médecin et fils d’un militant sioniste) a récemment déclaré :

« Moi je suis juif et je considère qu’Israël me met en danger… Israël aujourd’hui, met en danger les juifs » ; et d’ajouter que non seulement Israël est « l’endroit où les juifs sont le plus en danger au monde mais Israël met en danger les juifs du monde ». [7]

Le chantage à l’antisémitisme est désormais une arme inefficace, en raison de son utilisation intempestive. Ce chantage est devenu dangereux, non pas pour ceux qui critiquent Israël et dont le nombre augmente de façon exponentielle, mais pour les juifs qui sont de facto associés à la politique d’épuration ethnique que mènent le foyer national juif et Israël depuis un siècle. Quand Netanyahou dit du peuple juif qu’il est celui de « la lumière » contre « le peuple des ténèbres » [8], à savoir les Palestiniens, il est fidèle à la Bible hébraïque selon laquelle « Yahvé a consacré, préféré, distingué » le peuple juif. Ceux qui, parmi les juifs, apportent leur soutien inconditionnel à Israël apparaissent aux yeux du monde comme des tribalistes, exceptionnalistes, suprémaciste qui applaudissent une épuration ethnique qui a lieu sous nos yeux.

Par conséquent, il est urgent, vital, notamment pour les juifs, d’accepter la réalité historique, théologique et génétique.

Les juifs ne sont pas les descendants des Hébreux ; les juifs ne constituent donc pas une race à part et supérieure, et la loi juive interdit le retour en Terre sainte avant l’arrivée du Messie [9].
Quant à ceux qui voient des antisémites partout, ils sont désormais considérés comme des paranoïaques ou des manipulateurs.

C’en est fini du chantage à l’antisémitisme.

Youssef Hindi

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« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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