Grièvement blessée par un tir d’obus le 13 octobre alors qu’elle couvrait les affrontements entre Israël et le Hezbollah, la correspondante libanaise d’Al Jazeera soutient que les journalistes sont aussi dans le viseur de la guerre.
Mise à jour le 26.11.23 à 16:17
La reporter Carmen Joukhadar est une figure familière des millions de téléspectateurs arabophones d’Al Jazeera.
Beyrouth (Liban), correspondance particulière.
Vendredi 13 octobre, 18 heures, à la frontière libano-syrienne. Cela fait plusieurs jours que la guerre à Gaza, qui a débuté le 7 octobre, a rallumé ce front, après dix-sept années d’un calme relatif entre les deux pays, toujours officiellement en guerre. Quelque 25 000 Libanais ont fui cette fine langue de terre de 5 kilomètres de profondeur où les tirs d’obus et de roquettes remplacent le chant des coqs. Pas Carmen Joukhadar.
Son métier l’a même contrainte à s’en approcher : à 36 ans, elle est l’une des quatre correspondantes de la chaîne Al Jazeera à Beyrouth. Mais la reporter libanaise, passée par France 24 et le journal arabe As-Safir, reconnaît aussi aimer les zones de conflit. « Ce qui m’importe, c’est de porter la voix des laissés-pour-compte », dit-elle dans un français parfait. En 2018, elle couvrait déjà la Syrie ; l’an passé, l’Ukraine. Le déclenchement de la guerre à Gaza l’oblige à traiter l’information à la frontière meurtrie de son propre pays.
« Les tirs israéliens nous visaient délibérément »
Cet après-midi-là, six autres confrères l’ont rejointe au pied des jolies collines d’Alma al-Chaab, village chrétien qui surplombe la mer et la ville de Tyr, à quelques kilomètres d’Israël. Sécurité oblige, ils ont posé leur caméra sur une route où la vue porte à 360 degrés. Tous portent des gilets pare-balles et des casques avec la mention « PRESS ». « Tu vois cette colline ? pointe-t-elle, en montrant une vidéo sur son téléphone. La ligne de front passait juste derrière : on était loin. Peu de temps auparavant, on avait entendu un hélicoptère. Les drones israéliens tournaient au-dessus de nos têtes, mais aucun bombardement n’avait eu lieu à proximité. »
Sur le même thème
Israël : à la frontière libanaise, l’angoisse d’un autre front
À 18 h 02 pourtant, deux roquettes sont tirées sur leur position. La première tue instantanément le journaliste de Reuters Issam Abdallah et blesse grièvement Christina Assi de l’Agence France Presse (AFP). La seconde, une trentaine de secondes plus tard, frappe la voiture d’Al Jazeera, touche le caméraman Elie Brakhya et Carmen Joukhadar, ainsi que, plus légèrement, leur autre collègue de l’AFP, Dylan Collins.
Lire la suite (article payant) : L’Humanité
Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme