La voie à la guerre EU-OTAN — Le correspondant socialiste

La voie à la guerre EU-OTAN — Le correspondant socialiste

La défaite de l’Union soviétique il y a plus de 30 ans a levé le principal frein à la liberté de manœuvre impérialiste – et les États-Unis n’ont pas perdu de temps pour profiter pleinement de cette opportunité, agissant en toute impunité pour renforcer et étendre leur domination militaire, économique et politique. Le monde unipolaire est devenu un endroit beaucoup plus dangereux pour des millions de personnes qui en ont subi les conséquences mortelles.

Aujourd’hui, après des décennies de destruction et de déstabilisation en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, au Yémen, en Somalie, au Pakistan, en Ukraine et dans des dizaines d’autres pays, les États-Unis se retrouvent confrontés à deux obstacles qu’ils perçoivent comme de graves menaces pour leur position : une la Chine et la Russie qui ont mis un terme à la marche de l’OTAN vers l’est. Ces défis exercent une pression sur des États-Unis de plus en plus imprudents, alors qu’ils tentent de conserver leur domination mondiale et qu’ils sont confrontés à une crise de légitimité intérieure.

Le mois dernier, Biden a qualifié ce moment de « point d’inflexion » dans la bataille entre « démocratie » et « autocratie », en demandant 105 milliards de dollars supplémentaires au Congrès pour ajouter au budget d’armement de mille milliards de dollars pour l’année. L’argent neuf est destiné à financer des guerres simultanées contre la Russie et la Palestine – ainsi que des milliards pour que Taïwan se prépare à une guerre contre la Chine.

Avec un complexe militaro-industriel dominant qui fait pression en faveur d’un conflit perpétuel et une économie financiarisée affaiblie, les États-Unis ne connaissent la guerre que comme moyen de maintenir leur suprématie et n’a pas de stratégie à long terme pour arrêter son déclin. Comme nous pouvons le constater au Moyen-Orient, ils préfèrent risquer une destruction catastrophique, allant même jusqu’à déclencher une Troisième Guerre mondiale, plutôt que d’accepter et de s’adapter pacifiquement à la réalité. La question à laquelle nous sommes confrontés est la suivante : une escalade continue vers une guerre mondiale est-elle désormais inévitable ?

La guerre d’Ukraine

La guerre en Ukraine marque le début d’une guerre étasunienne plus ample contre ses deux principaux rivaux. De son point de vue, le pays a déjà réalisé plusieurs gains stratégiques.

Après avoir orchestré un coup d’État anti-russe en 2014 et, depuis lors, des bombardements continus sur le Donbass, tuant plus de 13 000 personnes, les États-Unis ont réussi à inciter la Russie à lancer une opération préventive pour tenter d’empêcher l’armement nucléaire à sa porte. Vingt mois après le début de la guerre, des faucons de premier plan comme David Ignatius du Washington Post se vantent que « cet été a été triomphal pour l’alliance » (1), alors que les États-Unis intensifient leurs efforts pour affaiblir la Russie, destituer Poutine et démembrer le pays.

Non seulement la guerre a permis de réaliser « l’aubaine stratégique » de l’expansion de l’OTAN, comme l’appelle David Ignatius, que Macron qualifiait il y a seulement 4 ans de « mort cérébrale », mais aussi le retour de l’Allemagne sous le contrôle des EU. La destruction du gazoduc Nordstream et les sanctions imposées par les EU contre la Russie ont mis fin à l’alignement économique et diplomatique croissant de l’Allemagne vers l’Est. (2) Les entreprises allemandes espèrent toujours pouvoir maintenir des échanges commerciaux rentables avec la Chine, mais seulement dans la mesure où cela n’entre pas en conflit avec les restrictions imposées par les États-Unis.

En conséquence, au premier trimestre 2023, l’Allemagne, la plus grande économie de la zone euro, est entrée en récession. L’affaiblissement de la principale économie nuit également au reste de l’UE. Il y a quinze ans, l’économie de l’UE était légèrement plus importante que celle des États-Unis. Aujourd’hui, l’économie étasunienne est un tiers plus importante que celle de l’UE et de la Grande-Bretagne réunies. C’est en partie le résultat des politiques d’austérité de l’UE après le krach de 2008, mais cela a été considérablement accéléré par le découplage de la Russie exigé par les États-Unis. L’année et demie qui vient de s’écouler a été marquée par un processus de « cannibalisation économique intra-occidentale », selon l’expression de l’écrivain Thomas Fazi. (3)

La guerre a également permis d’accomplir ce que les présidents précédents n’ont pas réussi à faire : forcer l’Europe à apporter une plus grande contribution à l’OTAN – rappelez-vous que Trump a qualifié les puissances européennes de « mauvais payeurs » parce qu’elles s’appuient sur la « protection » américaine ? (4) Les gouvernements européens ont tous succombé et ont utilisé la prétendue menace russe pour justifier auprès de leurs populations le détournement de l’argent des salaires et de l’aide sociale vers l’armement.

Le chancelier Scholz a annoncé 100 milliards d’euros pour le réarmement afin de faire de l’Allemagne « le garant de la sécurité européenne », c’est-à-dire remplacer la France en tant que première puissance militaire continentale au sein de l’OTAN.

La France, principal rival de l’Allemagne, a entre-temps annoncé sa propre augmentation de ses dépenses d’armement, la plus importante depuis 50 ans, atteignant 413 milliards d’euros d’ici 2030, ce qui éclipse le budget d’armement de l’Allemagne. (5) Cela montre clairement que la France n’acceptera pas la supériorité militaire allemande.

La Pologne utilise également la guerre pour s’affirmer, doublant ses dépenses de défense pour créer la plus grande armée terrestre d’Europe.

En opposant la « nouvelle » Europe de l’Est à la « vieille » Allemagne et la France, et en attisant la rivalité franco-allemande, on renforce la domination des EU. Toute idée d’une force militaire européenne agissant comme un contrepoids autonome aux États-Unis – qui était l’ambition de longue date de la France depuis De Gaulle – a été anéantie par « la subordination du projet européen aux objectifs de l’OTAN ».

Et pourtant, malgré ces succès incontestables, la contre-offensive ukrainienne tant vantée, menée avec les armes et les conseils occidentaux, a échoué. La Crimée reste russe, laissant la marine russe de la mer Noire en mesure de protéger les flancs sud de la Russie. Et les sanctions occidentales n’ont pas réussi à écraser l’économie russe.

Pourtant, les États-Unis ont peut-être des raisons d’être satisfaits de ce qu’ils ont accompli jusqu’à présent. Après tout, la Russie est entravée et l’Europe se conforme et contribue au renforcement de l’OTAN. Ce sont les conditions nécessaires pour qu’un conflit plus important éclate, contre la Chine, selon le général Fabio Mini, ancien chef du commandement de l’OTAN pour l’Europe du Sud. (7)

Guerre contre la Chine

À un moment donné, les États-Unis devront mener une guerre contre la Chine s’ils veulent rester au pouvoir. Elbridge Colby, qui était secrétaire adjoint à la Défense de Trump, l’exprime ainsi : « Les États-Unis doivent… rester l’État le plus puissant à tous égards, partout. La force physique, en particulier la capacité de tuer, est la forme ultime de levier coercitif… La Chine est une menace parce qu’elle est sur une trajectoire où les États-Unis ne constituent peut-être pas une menace pour elle. Les États-Unis devraient conserver la capacité de tuer la Chine… ».

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« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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