par le général Dominique Delawarde
Dans une interview récente qui éclaire beaucoup de choses sur l’attaque palestinienne du 7 octobre dernier, Max Blumenthal, journaliste éminent de la communauté juive, rendu célèbre par son discours sur le rôle des USA et de l’OTAN en Ukraine, discours tenu devant les membres du conseil de Sécurité de l’ONU en Juillet 2023, fait plusieurs révélations qui vont étonner plus d’un lecteur, mais qui conforte mon analyse personnelle des événements.
Pour ma part, je ne suis pas du tout favorable au Hamas qui est, au départ, une création d’Israël destinée à diviser les Palestiniens pour mieux pouvoir les contrôler (Hamas contre Fatah). Cela dit, les opinions publiques occidentales ne réagissent qu’aux narratifs qui leur sont servis 24h sur 24 par les médias mainstream occidentaux contrôlés par une brochette de milliardaires pro-Israël et dont une très large part sont biaisés ou mensongers, ce qui a été vrai pour la crise Covid, qui est vrai aujourd’hui pour l’Ukraine comme pour le Proche-Orient. Par exemple, l’histoire des bébés décapités en Palestine par les méchantes factions armées palestiniennes en révolte, est aujourd’hui reconnue comme une fable, une fake news, comme l’était la fameuse histoire des bébés retirés des couveuses du Koweït par les méchants soldats de Saddam Hussein, comme l’était l’histoire des méchants allemands qui tuaient les bébés à la baïonnette lors de la 1ère guerre mondiale. Les histoires de bébés, ça crée de l’émotion et les mêmes mensonges se répètent au fil de l’histoire pour émouvoir les foules.
Les otages israéliens du Hamas libérés reconnaissent qu’ils ont été bien traités par leurs geôliers. Ils ont fait des déclarations à leur retour chez eux.
Les narratifs israéliens, repris sans vérification par les médias et les politiques occidentaux, nous racontent les «massacres», en grand nombre, de femmes et d’enfants désarmés dans l’attaque des kibboutz voisins de Gaza. C’est mal connaître l’organisation de la société israélienne. Le service militaire est fait par les hommes (3 ans) et par les femmes (2ans). Les Israéliens constituent un peuple en armes, plus entraîné que d’autres. Ils ont des armes «à la maison» (comme les Suisses) et particulièrement dans les kibboutz les plus exposés à proximité de Gaza. Ils s’en servent d’ailleurs régulièrement pour faire du tir au pigeon contre les Palestiniens.
En clair, ceux des Israéliens qui sont morts dans l’attaque du 7 octobre, sont très probablement ceux, hommes ou femmes, présumés civils mais armés, qui se sont défendus, les armes à la main. Les autres ont été pris en otage et emmenés à Gaza. Ceux des otages qui n’ont pas encore été tués par les bombardements israéliens sont toujours vivants. Qu’il y ait eu quelques dégâts collatéraux dans les échanges de coups de feu avec des balles perdues et quelques femmes non combattantes et quelques enfants tués, je veux bien le croire. Qu’il y ait eu quelques bavures, je veux bien le croire aussi. Mais l’idée d’un massacre de masse prémédité par les Palestiniens, je n’y crois pas une seconde, pas plus qu’aux chiffres donnés par l’une ou l’autre des parties en conflit. Pour moi, c’est seulement un narratif médiatique israélien devenu occidental et donc «viral» dans nos médias.
La vérité médiatique qui devient LA VÉRITÉ à force de matraquage, n’est pas forcément la vérité vraie.
Alors, qui a massacré et qui massacre vraiment les civils aujourd’hui ?
S’agissant des chiffres de morts donnés par les deux camps, ils ne sont pas fiables dès lors qu’ils sont donnés par une partie impliquée dans les combats. Y a-t-il eu vraiment 1400 Israéliens tués ? C’est un bilan fourni par les autorités israéliennes qui vaut ce qu’il vaut. Je n’y mettrai pas ma main au feu. A-t-il été gonflé pour justifier l’ampleur de la répression ? C’est possible et peut être même probable. Ce que nous dit Max Blumenthal dans l’interview ci-dessus est éclairant.
Lors de mes deux séjours à la FINUL, Force Intérimaire des Nations unies au Liban (soit près de deux années au total), j’ai, à plusieurs reprises, constaté le gonflement des bilans par les Israéliens lorsqu’ils étaient l’objet d’attaques de la résistance libanaise. (nombre de roquettes tirées par le Hezbollah, dégâts occasionnés sur le territoire israélien) pour se poser en victimes et justifier une riposte de grande ampleur.
Le rapport «d’erreurs» sur les bilans, relayés par la presse mondiale, pouvait aller de 1 à 5 et même parfois de 1 à 10.
Le chiffre des morts et blessés du côté palestinien serait tout aussi discutable s’il émanait des autorités palestiniennes. Le problème est que ces chiffres sont des chiffres donnés par l’ONU, par des représentants qui sont sur place, et qui ne sont pas palestiniens.
En clair, les bilans des pertes palestiniennes donnés par l’ONU sont probablement moins biaisés que les pertes israéliennes données par les autorités israéliennes.
J’ajoute que, tout comme le déclenchement de l’opération russe en Ukraine s’est inscrit dans un contexte de provocations qui remonte, selon certains, à 2014, selon d’autres, dont je fais partie, à 1990 et au début de l’avancée ininterrompue vers l’Est des bases et des fusées de l’OTAN, de même le déclenchement de la révolte des factions armées palestiniennes du 7 octobre dernier s’inscrit dans une histoire contemporaine qui remonte à la création de l’Etat d’Israël et au sort qui a été celui des Palestiniens soumis pendant 75 ans à l’oppression, à l’enfermement, aux vexations imposés par l’hégémon local. Si l’on en croit le site de statistiques statista, les nombres de victimes des deux camps sur les 15 dernières années seraient les suivants : https://fr.statista.com/statistiques/1328063/nombre-victmes-palestiniens-israeliens-israel
Dans leur lutte sans fin contre l’oppression qui leur est faite, les Palestiniens auraient eu, avant l’opération du 7 octobre, 797 tués par les forces armées et les colons armés israéliens soutenus par les gouvernances occidentales en moins de 4 ans. Ces derniers n’auraient eu que 64 victimes. Soit un rapport de 1 à 12. Alors QUI abuse de sa force et du soutien occidental pour tuer sans mesure depuis 75 ans ceux qui s’opposent à la colonisation ? QUI violent les résolutions de l’ONU et le droit international sous la protection des vétos US, UK et FR ?
Il n’en reste pas moins vrai que les 420 enfants palestiniens, selon l’UNICEF, tués chaque jour par les frappes aériennes israéliennes constituent, au sens de la législation internationale, un crime de guerre. C’est deux Oradour sur Glane, tous les trois jours. C’est ça la légitime défense ? Tout ceci m’est intolérable.
Source : Reseau International
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