L’Etat israélien est un monstre incontrôlable qui met le monde entier en danger.
Par Philip Giraldi
Philip M. Giraldi est un ancien officier du renseignement militaire de la CIA spécialiste de la lutte contre le terrorisme et qui a servi dix-neuf ans à l’étranger (Turquie, Italie, Allemagne et Espagne). Il a été chef de la base de la CIA pour les Jeux olympiques de Barcelone en 1992 et a été l’un des premiers Américains à entrer en Afghanistan en décembre 2001. Il est Directeur exécutif du Council for the National Interest, un groupe de défense basé à Washington qui cherche à encourager et à promouvoir une politique étrangère américaine au Moyen-Orient conforme aux valeurs et aux intérêts américains.
Source : unz.com, le 4 novembre 2023
Traduction : lecridespeuples.fr
Les commentaires des médias dominants et des responsables des gouvernements sur les violences à Gaza semblent avoir acquis un certain rythme pour s’assurer que tout le monde comprenne que ce sont les pauvres Israéliens qui sont les vraies victimes assaillies par un groupe appelé Hamas qui est invariablement qualifié de « terroriste ». Il est absolument obligatoire, dans le premier paragraphe de tout article sur l’évolution des combats, de rappeler au lecteur que, le 7 octobre, le groupe « terroriste » Hamas a « envahi » Israël et tué 1 400 Israéliens pacifiques, en prenant 200 autres Israéliens en otage. Israël est décrit comme ne faisant que « riposter » et il est souvent considéré comme pertinent d’affirmer qu’il s’agit du plus terrible massacre de Juifs depuis l’ « holocauste ». Pour ajouter un peu de pertinence culturelle et historique, les événements du 11 septembre et de Pearl Harbor sont souvent cités pour suggérer qu’il s’agissait à la fois d’une attaque surprise et d’un changement dans la façon dont Israël perçoit désormais la menace extérieure et devra durcir ses impératifs de sécurité nationale. Il se peut même qu’on ajoute un commentaire de la députée Nancy Pelosi ou du sénateur Chuck Schumer disant qu’ « Israël a le droit de se défendre ». Joe Biden peut également être cité, déclarant qu’il s’agissait de l’équivalent de quinze « 11 septembre » pour Israël, compte tenu de la taille et de la population comparées des États-Unis et de l’État juif, soulignant ainsi l’énormité de la tragédie.
Et ce n’est que le premier paragraphe pour s’assurer que le lecteur se fait une idée juste ed la situation. Le deuxième paragraphe est la contribution vraiment importante à la discussion, soulevant la question de la « montée de l’antisémitisme » aux États-Unis et en Europe, en incluant fréquemment une citation de l’implacable Jonathan Greenblatt de la redoutable et très redoutée Anti-Defamation League (ADL). Greenblatt est fréquemment cité, entonnant souvent quelque chose du genre « Il y a un mouvement radical croissant sur de nombreux campus dans lequel l’opposition à Israël et au sionisme est exigée pour être pleinement acceptée, marginalisant de fait les communautés juives ». L’intention de soulever la question de l’antisémitisme est d’éloigner le lecteur de toute perception possible que l’Etat d’Apartheid d’Israël a été attaqué en raison de son comportement exceptionnellement brutal envers les Palestiniens au cours des 76 dernières années ; au contraire, il a été victime de terroristes vicieux qui ont fait ce qu’ils ont fait en grande partie parce qu’ils haïssent les juifs. De cette manière, la question éventuelle de la responsabilité israélienne dans ce qui s’est passé disparaît et Benjamin Netanyahou et ses collègues fanatiques et racistes Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir obtiennent un laissez-passer pour faire ce qu’ils veulent pour résoudre leur problème arabe. Les deux hommes ont exprimé leur rêve d’un Israël sans aucun Palestinien, car ils considèrent les Palestiniens comme moins que des êtres humains, et ont approuvé l’autorisation de tirer pour tuer pour les policiers et les soldats confrontés à des manifestants arabes. Plus de 100 Palestiniens ont déjà été tués en Cisjordanie par des colons, des policiers et des soldats armés qui ne seront pas tenus responsables de ces meurtres, tandis que des centaines de manifestants ont été arrêtés.
Aux Etats-Unis, Fox News a joué un rôle de premier plan dans la diffusion d’interviews et de rapports suggérant que les étudiants juifs américains sont tellement terrifiés par les menaces implicites et explicites de la rage antisémite qui se manifeste sur les campus universitaires et ailleurs qu’ils ont cessé de manger dans les réfectoires casher des universités, de peur de devenir la cible d’un fou furieux. Et il y a les inévitables appels à l’interdiction totale des rassemblements exprimant de la sympathie pour les Palestiniens ou même brandissant ou affichant le drapeau de la Palestine. Les gémissements sur la montée de l’antisémitisme sont en effet omniprésents dans les médias grand public, même si l’histoire d’Israël et de la Palestine et les événements du 7 octobre et des jours suivants présentent un certain nombre de lacunes. En bref, le public américain et européen est soumis à l’escroquerie habituelle lorsqu’il s’agit de tout ce qui a trait à Israël. Cette propagande est d’autant plus efficace qu’elle est répétée par de hauts responsables politiques des deux partis, avec un vote unanime de 97 à 0 au Sénat et de 412 à 10 à la Chambre des représentants sur des résolutions promettant un soutien inconditionnel et total à Israël et à tout ce qu’il choisit de faire, avec l’appui de deux groupes de porte-avions américains et de marines en attente en Méditerranée orientale.
Les universités ont été particulièrement ciblés par les nombreux amis d’Israël, la plupart des anciens élèves juifs bloquant les dons aux établissements qui ne dénoncent pas explicitement le Hamas et ne font pas l’éloge de la « retenue » israélienne ou qui autorisent pas les manifestations d’étudiants soutenant la bande de Gaza. Les étudiants qui participent aux manifestations contre ce qui est fait aux Palestiniens sont identifiés et inscrits sur des listes qui seront soumises aux futurs employeurs potentiels et aux universités, afin de leur rendre plus difficile l’obtention d’un bon emploi ou d’une nomination universitaire ou d’une bourse de recherche. Des politiciens ambitieux qui cherchent à se faire aimer des donateurs et des électeurs juifs, comme le gouverneur Ron DeSantis de Floride, sont allés jusqu’à l’extrême, interdisant les groupes politiques palestiniens dans les universités de l’État et envisageant de poursuivre les membres de ces organisations pour « crimes de haine » car ils sont automatiquement considérés comme motivés par l’ « antisémitisme ». M. DeSantis a également juré que son État n’accepterait aucun réfugié palestinien, même si l’on ne sait pas très bien comment il ferait respecter cette décision, en se basant sur le fait qu’il estime qu’ils sont « tous antisémites », et la Floride a récemment acheté pour 135 millions de dollars d’obligations dites « israéliennes » pour contribuer à l’effort de guerre de l’État hébreu. Le sénateur Lindsey Graham a déclaré qu’il ne devrait y avoir « aucune limite » au meurtre de Palestiniens par des Israéliens, tandis que Donald Trump a appelé à l’expulsion de tous les étudiants palestiniens aux États-Unis. Ce n’est qu’un exemple de plus de la bassesse, voire de l’inhumanité, de nos politiques lorsque Israël est impliqué de quelque manière que ce soit, mais il est également intéressant de noter que plusieurs pays européens et Israël lui-même réduisent au silence les critiques des massacres de Gaza, dans certains cas en les renvoyant de leur travail.
Une partie du problème réside dans le fait que le récit des événements survenus le 7 octobre et par la suite a été tellement déformé par les médias et les têtes parlantes qu’il reste difficile de savoir ce qui s’est réellement passé. Les Israéliens ont toujours affirmé que 1 405 Juifs et travailleurs agricoles asiatiques avaient été tués par le Hamas, dont 386 étaient apparemment des soldats. Mais c’est sur la façon dont ils sont morts que l’histoire part à la dérive. Les survivants israéliens de l’attaque ont déclaré aux journalistes qu’ils avaient été bien traités lorsqu’ils avaient été capturés par le Hamas et que la véritable tuerie avait commencé lorsque les unités de l’armée israélienne, y compris les chars, l’artillerie et les hélicoptères, avaient contre-attaqué le Hamas, créant un feu croisé brutal, appelé dans le métier « tirs amis », qui a tué de nombreux civils, voire la plupart d’entre eux. Les maisons d’un kibboutz, où s’abritaient des civils, ont été en grande partie détruites par des tirs d’armes lourdes, que le Hamas ne possédait pas.
Ce que nous savons également grâce à un nombre croissant de preuves obtenues auprès des médias israéliens et de témoins oculaires, c’est que les militaires israéliens semblent avoir été dépassés par les événements de la journée. Cette réaction pourrait avoir déclenché une politique apparemment ancienne, appelée « procédure Hannibal », qui vise à empêcher que des soldats israéliens soient faits prisonniers en raison du prix élevé que le public israélien insiste pour payer afin de s’assurer que les soldats prisonniers soient restitués. En conséquence, le commandement militaire a l’autorisation d’ordonner aux troupes israéliennes de tuer leurs compagnons d’armes plutôt que de permettre qu’ils soient faits prisonniers. Pour la même raison, le Hamas consacre beaucoup d’énergie à trouver des moyens novateurs de s’emparer de soldats et de les maintenir en vie.
La réalité possible selon laquelle l’armée israélienne a tué un grand nombre de ses propres soldats et civils est, bien sûr, étouffée dans l’œuf dans les médias dominants et par des politiciens désireux d’aider Israël dans le génocide gazaoui, mais elle existe néanmoins. Il y a cependant une autre partie de l’histoire qui est dévastatrice en termes d’implications, et c’est la réponse immédiate à la crise en proposant d’envoyer à Israël 14,5 milliards de dollars pour l’aider dans sa défense, un chiffre incompréhensiblement élevé qui semble avoir été sorti du derrière de quelque lobbyiste, ce qui se traduit par l’exécution d’un génocide à Gaza et la perpétration d’une foule de crimes de guerre en cours de route. Les paiements de tribut, comme certains les ont décrits, ont été approuvés par un vote de 226-196 au Congrès jeudi dernier. Le vote aurait été plus proche de l’unanimité en l’absence d’un différend partisan sur le financement de la mesure. Si Joe Biden et le Congrès ne savent pas que le génocide est un énorme crime contre l’humanité au sens de la charte des Nations unies et des Conventions de Genève, la plupart des juristes internationaux seraient d’accord pour dire qu’armer et financer une organisation ou un État qui extermine une nation ou une ethnie identifiable revient à se rendre complice du crime, voire à y participer.
Biden et Blinken n’ont peut-être aucune idée de la somme d’argent qu’Israël reçoit du contribuable américain à tous les niveaux de gouvernement au cours d’une année, au-delà des 3,8 milliards de dollars par an qu’il reçoit en « assistance militaire » directe, un cadeau de Barack Obama. D’autres fonds proviennent de projets militaires conjoints, d’organisations caritatives douteuses et de conseils de développement au niveau des États et même au niveau local, ce qui porte le total à environ 10 milliards de dollars. Cela contribue à faire d’Israël un pays riche qui peut se permettre d’offrir à ses citoyens juifs des soins de santé et une éducation universitaire gratuits, ainsi que des logements subventionnés, et qui n’a pas besoin d’un soutien américain supplémentaire pour mener ses guerres.
Cela nous amène à la dernière question, le programme nucléaire secret d’Israël, qui devrait certainement préoccuper les décideurs américains confrontés à un conflit en pleine explosion qui pourrait engloutir tout le Moyen-Orient et même s’étendre au-delà de cette région. Le fait qu’Israël soit le seul à détenir des armes nucléaires dans la région, plus de 200 selon certaines estimations, est significatif. Au sein du gouvernement américain, il existe une « règle législative » selon laquelle aucun employé fédéral ne peut confirmer qu’Israël possède des armes nucléaires. Cette règle est ridicule car l’existence de l’arsenal nucléaire israélien est bien attestée, y compris par Colin Powell, qui a un jour confirmé qu’ « Israël a plus de 200 armes nucléaires pointées sur l’Iran ». Powell a fait cette déclaration alors qu’il n’était plus en fonction, mais même l’éminent sénateur Chuck Schumer, partisan d’Israël, a confirmé l’existence de l’arsenal.
La raison de la sensibilité aiguë du lobby israélien et de ses politiciens achetés et payés à propos de ses armes nucléaires est l’amendement Symington de la section 101 de la loi américaine sur le contrôle des exportations d’armes de 1976, qui interdit l’aide étrangère à tout pays possédant des armes nucléaires et n’ayant pas signé le traité de non-prolifération nucléaire. Cela signifie que l’aide annuelle de 3,8 milliards de dollars accordée à Israël serait menacée si Washington appliquait ses propres lois, bien que l’on ne puisse imaginer que le président Joe Biden ou le procureur général Merrick Garland, tous deux fervents sionistes, prendront les mesures nécessaires pour le faire.
Un autre texte de loi délicat est constitué par les « amendements Leahy », qui interdisent au Département d’État et au Département de la défense des États-Unis de fournir une assistance militaire à des unités de forces de sécurité étrangères qui violent les droits de l’homme « en toute impunité ». Les nombreux assauts brutaux d’Israël contre Gaza, y compris l’assaut actuel qui vise des hôpitaux et des églises, bombardant et tuant des civils sans défense, dont la moitié sont des enfants, constituent un cas d’école pour lequel les amendements Leahy devraient être appliqués, mais, bien sûr, ils ne le seront jamais. Cette réalité illustre une fois de plus le pouvoir politique réel du lobby juif aux États-Unis, soutenu par des sionistes chrétiens tels que le nouveau président de la Chambre des représentants, Mike Johnson.
Enfin, il convient de se pencher sur l’arsenal nucléaire israélien lui-même, associé au leadership imprudent et agressif du pays et à ce qu’il représente, un sujet que personne ne considère actuellement comme un facteur dans ce à quoi la guerre de Gaza en cours d’expansion pourrait conduire. Il y a vingt ans, lorsque le président américain George W. Bush a lancé sa désastreuse « guerre contre le terrorisme » conçue par les néoconservateurs, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a vu cette guerre comme une opportunité et Israël comme un bénéficiaire majeur, prêt à entraîner les États-Unis dans l’attaque tant désirée contre l’Iran, couplée à une nouvelle campagne de terreur visant à faire fuir les Palestiniens restants dans les États arabes voisins. Israël avait clairement l’intention d’utiliser sa capacité nucléaire contre ses voisins en cas de besoin, comme le décrit le livre de Seymour Hersh, journaliste d’investigation chevronné, intitulé The Samson Option (L’option Samson). Le titre du livre fait référence à la stratégie nucléaire du gouvernement israélien, selon laquelle Israël lancerait une frappe nucléaire massive de représailles si l’État lui-même était menacé par des forces extérieures et risquait d’être envahi, tout comme le personnage biblique Samson a brisé les piliers d’un temple philistin, faisant s’écrouler le toit et se tuant lui-même ainsi que les milliers de Philistins qui s’étaient rassemblés pour le voir humilié. L’une des sources de Hersh au sein des services de renseignement israéliens lui aurait dit : « Nous nous souvenons encore de l’odeur d’Auschwitz et de Treblinka. La prochaine fois, nous vous emmènerons tous avec nous. »
Lorsqu’on a demandé à Sharon comment le reste du monde pourrait réagir à l’utilisation par Israël de ses armes nucléaires pour éliminer efficacement ses voisins arabes, il a répondu : « Cela dépend de qui le fait et de la rapidité avec laquelle cela se produit. Nous possédons plusieurs centaines d’ogives atomiques et de missiles et nous pouvons les lancer sur des cibles dans toutes les directions, peut-être même sur Rome. La plupart des capitales européennes sont des cibles pour notre armée de l’air. Permettez-moi de citer le général Moshe Dayan : ‘Israël doit être comme un chien enragé, trop dangereux pour qu’on le dérange’. Je considère que tout cela est sans espoir à ce stade. Nous devons essayer d’éviter d’en arriver là, dans la mesure du possible. Nos forces armées ne sont toutefois pas les trentièmes plus puissantes du monde, mais plutôt les deuxièmes ou troisièmes. Nous avons la capacité d’entraîner le monde dans notre chute. Et je peux vous assurer que cela se produira avant qu’Israël ne disparaisse. »
Nous voilà donc au bord de ce qui pourrait vraisemblablement être la deuxième guerre nucléaire évitable mal gérée par Joe Biden et les têtes de mule qu’il a choisies pour le « conseiller ». Le colonel Douglas Macgregor qualifie à juste titre de « guerre d’Armageddon » l’explosion d’une crise contenant une menace nucléaire. Peu d’Américains savent qu’Israël ne possède des armes nucléaires que parce qu’il a volé l’uranium enrichi et les déclencheurs aux États-Unis avec la coopération d’un industriel juif, Zalman Shapiro, propriétaire de l’usine NUMEC en Pennsylvanie, et d’un producteur hollywoodien juif-israélien, Arnon Milchan, dont aucun n’a jamais été sérieusement tenu pour responsable par le gouvernement américain. Nous avons donc un Israël doté d’un arsenal nucléaire secret qu’aucun responsable américain ne peut même mentionner, qui est actuellement en « guerre » et qui est théoriquement prêt à utiliser ces armes, très probablement contre un ennemi juré comme l’Iran, mais qui, en cas de menace, pourrait « faire tomber le monde ». Quant à la majorité silencieuse des Américains qui aimeraient voir un gouvernement qui essaie réellement de faire le bien des gens qui vivent ici et paient des impôts, avoir un monde en paix où Washington laisse tout le monde tranquille et est en retour laissé tranquille par les autres, est une aspiration dont le temps semble avoir expiré.
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