Qui est le plus immédiatement dangereux pour nous, Israël ou le Hamas ? Certains ne l’ont peut-être pas remarqué, mais Israël a la bombe atomique, le Hamas non. Et la doctrine nucléaire d’Israël – dites « doctrine Samson » – est d’une simplicité toute biblique : « si on coule, on vous fait couler avec nous », corollaire, « que ça vous plaise ou non, vous devez nous aider ». En conséquence, les 200 otages du Hamas font pâle figure en comparaison des millions que détient Israël en permanence avec ses têtes nucléaires : nous sommes tous des otages d’Israël.
Doctrine « Samson », l’Holocauste nucléaire d’Israël
Et si l’apocalypse nucléaire venait de la seule puissance nucléaire au monde qui se refuse toujours à se déclarer comme telle ? Et si des habitants de ce pays étaient à ce point travaillés par un tel complexe de persécution qu’ils considèrent la plus petite nuance d’irrévérence comme une menace existentielle ?
David Ben-Gourion, le fondateur de l’État d’Israël, était, dit-on, « quasi obsédé » par l’idée qu’Israël devait posséder l’arme atomique pour éviter un nouvel Holocauste. Il écrivait ainsi en1956 :
« Ce qu’Einstein, Oppenheimer et Teller, tous trois juifs, ont fait pour les États-Unis, les scientifiques israéliens pourraient aussi le faire pour leur propre peuple ».
Dans une lettre adressée en avril 1963 à John F. Kennedy, Ben-Gourion insiste sur le fait que le conflit au Moyen-Orient menace Israël d’ « un nouvel Holocauste ».
D’après Seymour Hersh, auteur en 1991 de The Samson Option : Israel’s Nuclear Arsenal and American Foreign Policy, la légende veut que les mots « Plus jamais ça » aient été gravés en anglais et en hébreu sur la première ogive nucléaire produite par Israël.
Au cas où vous ne seriez pas féru de récits bibliques, Samson, c’est ce Nazir [avec un « r » !] enchaîné les yeux arrachés aux colonnes du temple par les Philistins et qui préféra faire s’écrouler tout l’édifice sur ses bourreaux et sur lui-même plutôt que de souffrir une mort lente et sans gloire.
Quant à l’option Samson, c’est cette doctrine officieuse, forcément officieuse, puisque même si certains hauts responsables ont déjà eu l’occasion de vendre la mèche « par inadvertance », le pays n’a jamais reconnu posséder l’arme nucléaire, et selon laquelle, si la nation élue se trouvait au bord de l’anéantissement militaire, elle pourrait, selon les termes de Ron Rosenbaum dans son livre How the End Begins (2011) : The Road to a Nuclear World War III, « faire tomber les piliers du monde (attaquer Moscou et les capitales européennes par exemple) …. [et] les lieux saints de l’Islam ». En d’autres termes, « si nous ne pouvons pas avoir le monde, personne ne l’aura ».
Dans un éditorial de 2002 du Los Angeles Times, David Perlmutter écrivait :
« Ça fait 30 ans qu’Israël produit des armes nucléaires. Les Juifs ont bien compris où les conduisait l’acceptation docile de la fatalité. Ce n’est pas Massada l’exemple à suivre, mais Gaza,…
[Note du traducteur : À Massada, les Juifs s’étaient suicidés, ce qui n’a pas gêné les Romains, au contraire, par contre, à Gaza, où s’est déroulé selon la Bible l’épisode de Samson et Dalila, Samson, en faisant s’écrouler le temple, a entraîné ses ennemis dans sa perte]
…quoi de mieux qu’un bon petit hiver nucléaire pour venger des siècles de persécutions, si on doit y passer, alors tous ces hommes d’État et militants pacifistes européens nous suivrons dans la fournaise. […]
Pour la première fois dans l’histoire, un peuple menacé d’extermination sous le regard indifférent ou narquois du monde, a le pouvoir – justice suprême – de détruire le monde. » (Perlmutter, David (7 avril 2002), « Israël : pensées sombres et désespoir tranquille » , The Los Angeles Times)
Un an plus tard, l’historien militaire israélien Martin van Creveld était cité dans The Sword and the Olive :
« Nous possédons plusieurs centaines d’ogives atomiques – et les missiles pour les lancer, potentiellement jusqu’à Rome. En fait, c’est la plupart des capitales européennes qui sont atteignables par notre armée de l’air. Permettez-moi de citer Moshe Dayan : “ [Israël] doit être comme un chien enragé, trop dangereux pour qu’on y touche”. Heureusement, nous n’en sommes pas encore là et je considère que nous devons tout faire pour éviter d’y arriver. Cependant, nos forces armées ne sont pas les trentièmes plus puissantes du monde, mais plutôt les deuxièmes ou troisièmes. Nous avons la capacité d’entraîner le monde dans notre chute et je peux vous assurer que c’est ce qui se produira le cas échéant ».
Ce scénario peut sembler excessif, sauf qu’il pourrait bien expliquer, mieux que les proclamations d’un devoir sacré d’origine plus ou moins bibliques, pourquoi les États-Unis se laissent perpétuellement entraîner dans les guerres d’Israël et pourquoi ils s’en prennent à tout pays qui fait mine de chercher à posséder sa propre bombe au Moyen-Orient : parce qu’Israël n’hésiterait pas à déclencher le feu nucléaire.
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