Nous avons pu vérifier sur place que la population ouïghoure est loin d’être opprimée par la Chine – Sept tableaux de la réalité du Xinjiang
J’ai eu la chance de pouvoir visiter le Xinjiang, en réponse à une demande que j’avais formulée à l’Ambassade de Chine à Paris, pour vérifier si la Chine était vraiment une dictature qui opprimait les Ouïghours.
Nous sommes ainsi partis du 18 au 22 août 2023 avec un groupe d’experts français du Xinjiang qui se posaient les mêmes questions, composé de Maxime VIVAS, écrivain, expert sur le Xinjiang, Christine BIERRE, rédactrice en chef de Solidarité et Progrès, Aymeric MONVILLE, Directeur de collection aux Editions DELGA et moi-même.
Nous avons bénéficié d’une logistique efficace et souple qui nous a permis de voir non seulement ce que l’on devait nous montrer mais aussi répondre à nos demandes sur des points non prévue dans le programme.
Notre périple nous a conduit à Kashgar, la grande ville aux portes de l’Asie Centrale, Urumqi, la capitale du Xinjiang et à cinq sites régionaux agricoles et touristiques.
Le traitement par la Chine des libertés et de la valorisation des cultures locales, en particulier de la minorité ouïghoure et de la radicalisation islamiste était notre demande.
Le résultat de mes observations en sept tableaux
Tableau 1. La déradicalisation
La visite de l’exposition à Urumqi consacrée à la déradicalisation a montré l’étendue dans le temps du problème, l’intensité et la cruauté des actes barbares subis par les habitants du Xinjiang jusqu’à fin 2016.
Cette barbarie tranche avec le calme et l’harmonie des rues que nous avons traversées, anciennement théâtres de ces actes.
Concernant les « camps de concentration » évoqués en Occident, on peut toujours s’entendre dire : « ils vous les ont cachés ».
Mais cela ne serait pas cohérent avec ce que nous avons vu dans un centre de formation destiné à la reprise en main, la formation et l’intégration sociale de personnes qui, sans avoir commis d’actes justifiant un traitement judiciaire et une condamnation, avaient été sensibles à une propagande séparatiste venue de l’extérieur les poussant dans la voie de la radicalisation et du terrorisme.
Il est évident que le traitement de cette frange limite, influençable, sensible car encore en situation de précarité, a été réalisé dans une optique bienveillante et de respect de la loi et de la Constitution de la République Populaire de Chine.
Aujourd’hui, l’harmonie sociale est visible dans les rues. On ne constate pas de présence policière excessive, elle est plutôt moindre qu’en France. On ne constate pas de dégradations ni d’inscriptions rebelles sur les murs.
Les femmes musulmanes se promènent dans la rue sans entrave et dans des tenues élégantes sans avoir le visage voilé.
Les femmes pratiquent tous les métiers, se déplacent en scooter et seules si elles le souhaitent.
Tableau 2. La promotion de la culture et du patrimoine de la région autonome ouïghoure
Langue : Il est évident que l’emploi de la langue ouïghoure est largement universel partout où nous sommes passés. Il est visible dans les inscriptions bilingues dans la signalisation, les magasins, les journaux et surtout dans les 5 chaînes de télévision qui disposent de programmes en ouïghour et en Kazakh notamment.
Dans la rue, on entend parler largement d’autres langues que le chinois mandarin, principalement le ouïghour.
Patrimoine architectural : l’architecture régionale se trouve partout dans les centres des villes et même dans les campagnes.
La vieille ville de Kashgar est pratiquement reconstruite à l’identique en améliorant les conditions de construction antisismique pour faire face aux nombreuses destructions subies par la ville, l’alimentation en eau et l’évacuation sanitaire alors précaires voire inexistants dans le passé.
Patrimoine culturel : Le théâtre de Maqâm à Urumqi est une illustration de la création d’une troupe de plusieurs centaines de musiciens, danseurs et chanteurs, dans un vaste ensemble de bâtiments aménagé pour les répétitions et les représentations, qui a réalisé de nombreuses représentations à l’étranger et en Chine autour de l’héritage préservé de l’un des plus grands héritiers de cette tradition musicale ouïghoure.
Tableau 3. La liberté religieuse et la promotion de l’islam
Si la petite mosquée d’Id Kah à Kashgar que nous avons visitée ressemble plus à un musée qu’à un lieu de prière très fréquenté, par contre l’école coranique d’Urumqi, où nous avons pu rencontrer au réfectoire les étudiants qui venaient passer leurs examens, témoigne que la vie religieuse musulmane est bien promue au Xinjiang.
Nous avons pu découvrir, sous la direction de l’Imam, les salles de classe où est dispensé l’enseignement des langues mandarin, ouïghour et arabe, les cours de droit chinois relatifs à la religion et à la constitution, et les matières islamiques, étude du Coran, livres de commentaires classiques, histoire des pays musulmans et des usages et coutumes.
Nous avons également vu que la bibliothèque de l’école coranique, plutôt une médiathèque d’ailleurs, était fournie en ouvrages multilingues dans les trois langues déjà citées mais aussi en kazakh, mongol et autres.
Tableau 4. Les réalisations agricoles et l’irrigation
Nous avons visité une usine de collecte d’eau issue de la fonte des neiges des montagnes du sud du Xinjiang.
Cette eau, purifiée, est acheminée par une longue série de canalisations enterrées, à travers le sud aride du Xinjiang, mis à la disposition des populations rurales locales qui, auparavant, ne disposaient que d’eau croupie riche en minéraux nocifs et bactéries qui engendraient des maladies chroniques.
Une famille rurale que nous avons rencontrée nous a précisé qu’elle consommait 2 mètres cubes d’eau par mois qui lui étaient facturés 2 yuan le mètre cube.
Il faut rapprocher ce chiffre du prix de plus 3 Euro par mètre cube (24 Yuan à ce jour) facturé aux habitants de Paris.
Renseignement prix, le tarif de 2 Yuan par mètre cube bénéficie d’une subvention du gouvernement du Xinjiang.
En parallèle, l’utilisation de l’eau de fonte des neiges permet d’éviter d’épuiser les nappes phréatiques en ne pompant pas l’eau rare qui s’y trouve.
Nous avons également visité une usine de plasturgie adjacente à cette de collecte/purification. Cette usine extrude à la fois des canalisations destinés au transport souterrain de l’eau et des tuyaux plats percés de trous destinés à l’irrigation goutte à goutte des champs de coton, que nous avons également visités, et de différentes cultures maraîchères et fruitières.
Ces deux usines montrent la préoccupation d’économie de l’eau et de santé à l’égard des populations locales.
Tableau 5. La culture mécanisée et la filature du coton
Une certaine propagande occidentale affirme que le coton du Xinjiang est produit par des « esclaves » ou des « travailleurs forcés ».
Nous avons eu la preuve du contraire en visitant les champs irrigués au goutte-à-goutte par des tuyaux enterrés et dont la récolte est effectuée par des machines cueilleuses que nous avons vues.
Egalement, une immense usine de filature transforme le coton et bobines de fil de coton destiné aux usines textiles.
Cette usine emploie un millier d’employés.
L’ensemble de ces constations contredit une absurdité économique affirmée dans la désinformation occidentale. La production du coton en Chine est largement automatisée.
Cette automatisation permet de créer des emplois en zone rurale et élève le niveau de vie.
Tableau 6. Le développement touristique
Le site du lac Tianchi qui clôturait notre visite donne une idée de la volonté du développement touristique au Xinjiang.
Ce site à lui tout seul montre les infrastructures d’accueil des visiteurs, les nombreux cars de touristes, les lieux aménagés pour la visite.
Les villes de Kashgar et d’Urumqi disposent également de bazars très fréquentés par de nombreux touristes et également par les habitants.
La ville ancienne de Kashgar, remise en valeur, est une vraie « Perle de l’Occident » en référence à la « Perle d’Orient » qui désigne Shanghaï.
Tableau 7. D’autres observations indépendantes du programme
7.1. L’expansion économique et sociale du Xinjiang
Il est impressionnant de voir, tout au long des trajets que nous avons faits en bus ou en survolant le pays en avion, l’explosion des constructions de logements en cours, d’autoroutes, de ponts autoroutiers.
Les usines électriques, visiblement au charbon ou autre combustible fossile, les lignes à haute tension qui sillonnent le pays sont très nombreuses
Les voitures sont en très grand nombre et en bon état.
Ces observations rapides confirment l’essor économique de la région
7.2. La notoriété du Xinjiang
Nous avons relevé qu’en parallèle de notre visite, de nombreuses autres délégations, salons, expositions et foires internationaux se tenaient à Urumqi. Nous avons croisé ces délégations dans notre hôtel et avons, à notre demande, visité la foire des produits de la Ceinture et la Route dans les pays d’Eurasie. Un stand français et un européen s’y trouvaient.
Avant nous se tenait une réunion de représentants de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) et de l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique).
Cette profusion de réunion et de délégations démontre que le Xinjiang est loin d’être boudé ou boycotté par le monde.
Bien au contraire, le monde global s’y presse pour le connaître et y établir des liens
7.3. Le caractère géostratégique de la région de Kashgar
La Chine n’a pas négligé de déployer des forces de défense comme on peut le voir à l’aéroport de Kashgar.
Sans entrer dans le détail, les menaces d’incursions venant de pays voisins, instrumentalisés par l’Occident, et de retour du terrorisme en fonction des besoins de la politique impériale américaine, sont toujours présentes.
Il est juste et légitime que la Chine soit vigilante et qu’elle le montre.
Conclusions : les contradictions avec la propagande hostile à la Chine sur le Xinjiang
Le « génocide des Ouïghours ». Dit sur le ton de l’humour, notre visite a bien montré qu’il y avait encore des Ouïghours au Xinjiang. Ils se développent en nombre, en qualité, en harmonie avec les autres populations. Nous avons rencontré des responsables ouïghours au niveau politique, religieux, culturel et industriel. Affirmer que le Xinjiang a été envahi ou colonisé par les Han comme les Américains ont éradiqué les Amérindiens est contraire à la réalité observée.
Le développement économique et social bénéficie à l’évidence aux populations locales et les destine à être des acteurs et des bénéficiaires, et pas des victimes, de l’Initiative la Ceinture et la Route
L’« éradication de la culture ouïghoure » . Les média en langue ouïghoure, TV et presse, l’emploi de la langue dans tous les lieux, la valorisation architecturale et des sites, la promotion de la culture par l’art, la musique, le chant et la danse, la production d’art ouïghour, contredisent l’assertion de la volonté de faire disparaître la culture ouighoure et de la remplacer par une uniformisation Han.
Le nivellement culturel est plutôt un phénomène de la non culture mondiale que voudrait imposer le modèle américain.
L’« absence de liberté religieuse et la destruction des mosquées » .
L’école coranique d’Urumqi forme 300 imams par an. A quoi bon former autant d’étudiants en religion si c’est pour ne pas leur donner de débouchés. Seraient-ils destinés à alimenter des mouvements terroristes à l’étranger ? Non, évidemment. Il faut un peu de logique.
Jean PEGOURET – 24 août 2023
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir