Quand Einstein appelait “fascistes” ceux qui gouvernent Israël… — Yorgos MITRALIAS

Quand Einstein appelait “fascistes” ceux qui gouvernent Israël… — Yorgos MITRALIAS

Si nous republions le texte qui suit, c’est parce qu’il est encore plus actuel et plus utile que quand il a été publié pour la première fois en août 2021. Pourquoi leur possible pour confirmer pleinement ce que Einstein avait déjà constaté et dénoncé publiquement en 1948 : que Menahem Begin et ses amis du Likoud, dont Netanyahou est l’héritier idéologique et le fidèle continuateur de leur politique, sont des « fascistes », des « racistes », des « criminels » et des « terroristes » qui vont inéluctablement conduire Israël à la « catastrophe finale ».

Nous n’avons pas le moindre doute que s’il était en vie, Einstein serait aujourd’hui en première ligne des manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza, au coude à coude avec les admirables jeunes juifs et juives de If Not Now, dont il serait très fier. Et qu’il serait d’accord avec un autre grand juif, le seul dirigeant de l’insurrection du Ghetto de Varsovie qui a survécu, le quo-fondateur du légendaire syndicat ouvrier polonais Solidarnosc Marek Edelman quand celui-ci établissait un parallèle entre l’insurrection du ghetto de Varsovie et le combat des Palestiniens.

Évidemment, ce n’est pas un hasard si les photos des activités du mouvement juif pro-palestinien If Not Now illustraient déjà notre texte il y a plus de deux ans. Depuis, des centaines d’autres jeunes juifs sont venus grossir les rangs de ce mouvement anti-sioniste, capable aujourd’hui de mobiliser des milliers des manifestants presque partout aux États-Unis, au point que la grande dame du peuple Palestinien Hanan Ashrawi fasse sur Al Jazeera (29/10/23) leur éloge en soulignant combien leur lutte est précieuse aux Palestiniens à ce moment terrible de leur histoire. Assurément, leur combat si exemplaire représente plus qu’une lueur d’espoir maintenant qu’il est presque minuit dans notre siècle…
Yorgos Mitralias

Quand Einstein appelait “fascistes” ceux qui gouvernent Israël…

par Yorgos Mitralias

Que diriez-vous si le tristement célèbre raciste et antisémite premier ministre hongrois Victor Orban accusait Einstein…d’antisémitisme ? Et aussi, Hannah Arendt ? Et également, le plus emblématique des écrivains de l’Holocauste, l’Italien Primo Levi ? Impensable et inimaginable ? Non. Pas du tout si on pense que c’est exactement ce qui se passe actuellement, et même à l’échelle mondiale. Et pas par un seul Orban mais par plusieurs racistes et antisémites notoires qui, avec la bénédiction des établissements de toute espèce, collent l’étiquette d’antisémite sur leurs adversaires politiques – d’habitude antifascistes, antiracistes et… de gauche – afin de les détruire !

Ici, il ne s’agit pas d’une affaire marginale et occasionnelle mais d’une vraie machine de guerre mise en place, ces 3-4 dernières années, par des milieux de droite, d’extrême droite et même social-démocrates qui visent à abattre leurs adversaires progressistes, réels ou supposés. Comme par exemple, entre plusieurs autres, le Britannique Jeremy Corbyn (qu’ils ont finalement réussi à faire disparaître), le Français Jean-Luc Mélenchon (qui a survécu mais sévèrement traumatisé), ou l’Américain – et juif – Bernie Sanders (qui a résisté et les a mis en fuite grâce au soutien très actif du mouvement grandissant des jeunes juifs antisionistes) (1). Dans tous ces cas, il suffit la moindre critique adressée aux politiques du gouvernement israélien ou le moindre soutien à la cause palestinienne, pour que soit lancée contre le « coupable » une attaque politico-médiatique en règle, proche du lynchage public, avec l’accusation qu’il est…antisémite ! Et comme si tout ça ne suffisait pas, plusieurs gouvernements de droite de l’UE mais aussi des États fédéraux des EU, font dernièrement un pas de plus, en adoptant des lois qui, au nom de la lutte contre l’antisémitisme, interdisent et criminalisent toute critique des politiques inhumaines des gouvernements d’extrême-droite israéliens.

Alors, vu que l’unique critère pour la définition de cet “antisémitisme” semble être le positionnement envers Israël et ses gouvernements, on arrive à la situation tragi-comique suivante : que les divers Netanyahou et leurs associés honorent en tant que “amis d’Israël” et “alliés stratégiques” de l’État juif des racistes et antisémites patentés comme les gouvernants de Pologne, de Hongrie, de Slovénie, comme l’ex président des États-Unis Donald Trump, les extrémistes de droite Européens Salvini, Wilders, Dewinter ou comme les Évangélistes étasuniens et tant d’autres. Et le comble est qu’en même temps sont dénoncés comme « antisémites » des antiracistes et antifascistes bien connus qui, souvent, ont passé leur vie à lutter contre des antisémites comme les actuels « amis d’Israël » !

Voici donc pourquoi “l’allié stratégique” et grand ami de Netanyahou et de ses épigones politiques, le premier ministre hongrois Victor Orban pourrait très bien dénoncer, et même faire juger pour antisémitisme le juif Albert Einstein parce que ce dernier a osé dire et écrire les choses « inconcevables » suivantes, qui ont été publiées par le New York Times il y a 73 ans :

Lettre au New York Times
Nouveau Parti Palestinien
La visite de Menahem Begin et les objectifs de son mouvement politique

Aux éditeurs du New York Times

Parmi les phénomènes politiques les plus inquiétants de notre époque, est l’émergence, à l’intérieur de l’Etat d’Israël, nouvellement créé, du « Parti de la Liberté » (Tnuat Haherut ), un parti politique qui ressemble beaucoup, dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et ses prétentions sociales, aux partis politiques nazis et fascistes. Il a été créé par des membres et sympathisants de l’ancien Irgun Zvai Leumi, une organisation chauvine, droitière et terroriste, en Palestine.

La visite en cours, aux États-Unis, de Menahem Begin, chef de ce parti, a, de toute évidence, comme objectif de créer l’impression qu’il y a un soutien étasunien à son parti aux prochaines élections israéliennes, et de renforcer les liens politiques avec les éléments sionistes conservateurs étasuniens. Plusieurs Étasuniens de réputation nationale ont prêté leur nom pour soutenir sa visite. Il est inconcevable que ceux qui luttent contre le fascisme à travers le monde, si correctement informés sur le passé politique de Menahem Begin et ses ambitions, puissent ajouter leur nom au soutien du mouvement qu’il représente.

Avant que des dommages irréparables soient causés par des contributions financières, par des manifestations publiques de soutien au profit de Begin et par la création, en Palestine, de l’impression qu’une grande partie des EU soutient les éléments fascistes en Israël, l’opinion publique étasunienne doit être informée sur le passé et les objectifs de Menahem Begin et de son mouvement.

Ce que dit publiquement le parti de Begin, cache son vrai caractère. Aujourd’hui, ils parlent de liberté, de démocratie et d’anti-impérialisme, alors que, jusqu’il y a peu, ils prêchaient ouvertement la doctrine de l’État fasciste. C’est dans ses actions que le parti terroriste trahit ses réelles aspirations. C’est à la lumière de ses actions passées, que nous pouvons juger ce qu’on peut s’attendre qu’il fasse dans le futur.

Attaque d’un village arabe

Un exemple choquant a été donné par ce qu’ils ont fait contre le village arabe de Deir Yassin. Ce village, situé à l’écart des routes principales et entourées de terres juives, n’a pris aucune part à la guerre et a même combattu des groupes arabes qui avaient l’intention d’établir leur base dans ce village. Le 9 avril, selon le New York Times, des groupes terroristes ont attaqué ce paisible village, qui n’était en rien un objectif militaire dans ce conflit, et ont tué la plupart de ses habitants (240 personnes, hommes, femmes et enfants). Ils en ont gardé quelques uns en vie, afin de les faire parader, en tant que prisonniers, dans les rues de Jérusalem. La plus grande partie de la communauté juive fut horrifiée par cette démonstration et l’Agence Juive envoya un télégramme d’excuses au roi Abdullah de Cisjordanie. Cependant, les terroristes, bien loin de regretter leur geste, tirèrent fierté de ce massacre, en firent largement publicité, et invitèrent tous les correspondants étrangers présents dans le pays, pour voir les cadavres entassés et les dégâts causés au village de Deir Yassin.

L’incident de Deir Yassin illustre le caractère et les actions du Parti de la Liberté.

A l’intérieur de la communauté juive, ils prêchent un mélange d’ultra-nationalisme, de mysticisme religieux et de supériorité raciale. A l’instar d’autres partis fascistes, ils ont pris l’habitude de briser des grèves et ont exercé, eux-mêmes, des pressions afin d’éliminer les syndicats indépendants. Dans leur élan, ils ont proposé la création de syndicats corporatistes sur le modèle de l’Italie fasciste.

Au cours de ces dernières années de violence sporadique à l’encontre des intérêts britanniques, les groupes IZL et STERN ont inauguré le règne de la terreur au sein de la communauté juive de Palestine. Des enseignants ont été battus parce qu’ils ont parlé contre eux, et des adultes ont été abattus parce qu’ils n’ont pas autorisé leurs enfants à les rejoindre. C’est par des méthodes de gangsters, des coups, des vitrines brisées, des nombreux braquages, que les terroristes sont parvenus à intimider la population et à lui extorquer des grandes sommes d’argent.

Les membres du Parti de la Liberté n’ont joué aucun rôle dans les événements créatifs en Palestine. Ils n’ont récupéré aucune terre, construit aucune colonie, et n’ont fait qu’affaiblir l’activité de la défense Juive. Leurs efforts pour l’immigration, à grand renfort de publicité, ont été insignifiants et orientés principalement à porter en Palestine leurs compatriotes fascistes.

Des décalages constatés

Les décalages entre les prétentions hardies, formulées à présent par Begin et son parti, et l’historique de leurs actions passées en Palestine, portent l’empreinte d’un parti politique qui n’est pas comme les autres. C’est la marque indiscutable d’un parti fasciste pour lequel le terrorisme (contre les Juifs, les Arabes, aussi bien que les Britanniques) et la falsification sont les moyens, et “l’État dominant”, le but.

A la lumière de ces considérations, il est impératif que la vérité, au sujet de Begin et de son mouvement, soit connue dans ce pays. Il n’y a rien de plus tragique que de constater que la direction du sionisme aux EU a refusé de mener campagne contre les efforts de Begin, ou d’exposer à ses propres électeurs les dangers que représente pour Israël le soutien à Begin.

Par conséquent, les soussignés ont recours à ce moyen pour présenter publiquement quelques faits marquants concernant Mr Begin et son parti, et pour inciter toute personne concernée à ne pas soutenir cette dernière manifestation de fascisme.

Isidore ABRAMOWITZ, Hannah ARENDT, Abraham BRICK, Rabbi Jessurun CARDOZO, Albert EINSTEIN, Herman EISEN, M.D., Hayim FINEMAN, M. GALLEN, M.D., H.H. HARRIS, Zelig S. HARRIS, Sidney HOOK, Fred KARUSH, Bruria KAUFMAN, Irma L. LINDHEIM, Nachman MAISEL, Seymour MELMAN, Myer D. MENDELSON, M.D. Harry M. OSLINSKY, Samuel PITLICK, Fritz ROHRLICH, Louis P. ROCKER, Ruth SAGIS, Itzhak SANKOWSKY, I.J. SHOENBERG, Samuel SHUMAN, M. SINGER, Irma WOLFE, Stephan WOLF.

New York, 2 décembre 1948.

La grande importance de cette lettre ne consiste pas tant au fait que des personnalités comme Einstein (2) et Hannah Arendt qualifient Begin et son parti de “fascistes”, c’est à dire qu’elles font quelque chose qui serait aujourd’hui plus que suffisant pour que les médias leur collent le stigmate infamant d’antisémite, et pour que plusieurs des Etats de notre Europe Unie les poursuivent pénalement. Le plus important c’est que les avertissements contenues dans cette lettre publique ont été pleinement confirmés durant ces 40 dernières années, et même qu’ils continuent à être confirmés jour après jour en Israël, et dans tout le Moyen Orient, avec les conséquences tragiques que l’on sait.

En effet, le “fasciste” et “terroriste” Menahem Begin de 1948 est le même Begin qui, 29 ans plus tard (1977), devient premier ministre d’Israël ! Et il le fait à la tête d’un nouveau parti, le Likoud, qui a comme base constitutive son vieux parti de la “Liberté” (Herut), qu’Einstein et Arendt dénonçaient en 1948 comme “fasciste” ! Mais, le plus important est que depuis lors (1977), c’est exactement ce Likoud qui gouverne Israël, en monopolisant le pouvoir puisque la confrontation fratricide – souvent très violente – au sein du mouvement sioniste, qui a duré presque un siècle (!), s’est conclue avec la victoire totale du Likoud et la presque disparition du parti Travailliste des fondateurs de l’État d’Israël.

Maisil ne s’agit pas seulement de Begin, fondateur et chef de l’organisation « terroriste » Irgoun. Son successeur à la direction du gouvernement israélien et du Likoud Yitzhak Shamir s’est illustré à la tête de l’encore plus droitière et terroriste scission à l’intérieur de l’Irgoun, l’organisation Stern, qui, selon la lettre ouverte d’Einstein et Arendt, ensemble avec Irgoun « par des méthodes de gangsters ont inauguré le règne de la terreur au sein de la Communauté juive de Palestine » ! Un « règne de la terreur » qui a coûté la vie à des milliers de Palestiniens Arabes et Juifs.

Et quid de celui qui a occupé le plus longtemps le poste de premier ministre d’Israël, le président du Likoud Benyamin « Bibi » Netanyahou ? Sort-il lui aussi de la même matrice « fasciste » qui a engendré Begin, Shamir et les autres dirigeants israéliens d’extrême-droite ? Bien que beaucoup plus jeune qu’eux, Netanyahou peut afficher des rapports directs et même familiaux avec les tendances les plus extrémistes et carrément fascistes – et plus tard scissionnistes – du sionisme « Révisionniste » déjà très droitier, inspiré, fondé et dirigé par Ze’ev Jabotinsky il y a un siècle. En effet, le père de « Bibi », qui a servi de secrétaire de Jabotinsky, a suivi Abba Ahimeir quand celui-ci est entré en conflit avec Jabotinsky qui a rejeté sa proposition de devenir un Mussolini juif a la tête d’un parti sioniste clairement fasciste (3). Étroit collaborateur de cet idéologue et théoricien fasciste, le père de « Bibi » a dirigé les publications de l’organisation de Ahimeir, lequel a noué des liens assez étroits avec l’Italie fasciste de Mussolini mais il n’a jamais réussi la même chose avec l’Allemagne nazie bien qu’il n’ait pas hésité de faire l’éloge d’ Hitler en 1933 !

Bien qu’il n’ait jamais eu une importante base populaire, Ahimeir a influencé directement ou indirectement ceux qui ont façonné l’Israël actuel. Ce n’était pas seulement que son culte de la violence la plus brute, son extrême nationalisme et ses théories racistes aient imprégné des organisations comme l’Irgoun de Menahem Begin. C’est que le fondateur de l’organisation Stern a été son « enfant spirituel », comme d’ailleurs l’était aussi son chef militaire, le futur premier ministre d’Israël Yitzhak Shamir. C’est que Benzion Netanyahou, qui a été « élève » et étroit collaborateur de Ahimeir, a influencé comme nul autre son fils Benyamin. Et peut être pas seulement son fils mais aussi le fils de son fils, son tristement célèbre petit-fils Yair Netanyahou qui défraie la chronique par ses scandales, les caricatures antisémites qu’il publie et ses sympathies néofascistes payées en retour par les néofascistes Allemands et Américains qui l’appellent « frère » et le considèrent leur héros !

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Voici donc pourquoi les avertissements concernant les malheurs qu’allaient provoquer le “fascisme” et le “terrorisme” de Begin et de son parti, contenus dans la lettre ouverte d’Albert Einstein et de Hannah Arendt, restent extraordinairement actuels 73 ans après sa publication. Et c’est exactement parce que les successeurs de Begin à la tête du Likoud et d’Israël sont chair de sa chair, des continuateurs de son œuvre, des élèves de ses propres maîtres à penser, et des dépositaires du même patrimoine idéologique, politique et organisationnel, que tout ce qu’ils font aujourd’hui en Israël, au Moyen Orient et dans le monde entier, ne sont ni des produits d’improvisation, ni des astuces occasionnelles. Ce sont des choix politiques qui obéissent à la « logique » d’un courant politique extrêmement dangereux, le courant « révisionniste » du mouvement sioniste, qui a déjà derrière lui une histoire séculaire.

Alors, sont-elles vraiment surprenantes et contre-nature les “alliances stratégiques” et le flirt de Netanyahou et de ses amis avec la racaille internationale des anticommunistes et des racistes jurés, lesquels « par coïncidence » sont aussi des antisémites jurés. Non, pas du tout, puisque le premier à pratiquer ces « alliances contre-nature » n’était autre que le fondateur et théoricien du Révisionnisme sioniste Ze’ev Jabotinsky qui, poussé par sa haine viscérale de la Révolution Russe, est allé jusqu’à conclure une alliance avec le chef de guerre nationaliste et anticommuniste Ukrainien Petlioura, l’armée duquel avait commis en 1917-1922 897 pogroms durant lesquels ont été massacrés au moins 30 000 juifs Ukrainiens ! D’ailleurs, le même anticommunisme pathologique a poussé les élèves et les successeurs de Jabotinsky à flirter, sinon à conclure occasionnellement des alliances, avec Mussolini ou même avec Hitler ! Et tout ça avec un raisonnement actualisé aujourd’hui par le tristement célèbre Yair, le rejeton de « Bibi » Netanyahou, quand il déclare « je préfère les néonazis aux voyous d’Antifa et de Black Lives Matter ».

Manifestement, la même chose vaut en ce qui concerne le culte de la violence brute ou la profonde haine des Palestiniens que nourrissent les dirigeants israéliens de ces dernières décennies. Encore une fois, ils n’inventent rien de nouveau, vu qu’ils n’ont fait que répéter les pratiques des organisations dont ils se revendiquent et pour lesquelles ils se déclarent toujours fiers : les terroristes et fascisantes Betar, Irgoun et Stern. Cependant, il y a une importante différence entre hier et aujourd’hui : hier, les Jabotinsky, Ahimeir, Begin et Shamir n’étaient pas du tout « présentables » et l’établissement politique international évitait leur compagnie, quand il ne les condamnait ouvertement. En d’autres termes, ils étaient malfamés.

Aujourd’hui, les choses sont très différentes. Les « fascistes » et les « terroristes » malfamés de 1948 sont devenus non seulement des « amis » et alliés tout à fait présentables, mais aussi – et de plus en plus – des partenaires stratégiques privilégiés de ceux qui gouvernent ce monde, et même des pylônes de leurs empires ! Et ce qui est pire est que les « fascistes » et les « terroristes » d’hier vont jusqu’à imposer aujourd’hui leurs choix antidémocratiques et autoritaires à la plupart des gouvernements occidentaux !

Nous terminons donc ce texte comme nous l’avons commencé. Avec Einstein et ses avertissements. Quelques jours après le massacre de Deir Yassin, ceux qui représentaient aux États-Unis les organisations qui avaient commis ce massacre, ont eu la brillante idée de s’adresser à Einstein pour lui demander son soutien. La réponse du grand savant juif, qui reste malheureusement largement inconnue, a été presque laconique, tout juste 50 mots :

M. Shepard Rifkin, Directeur exécutif
Amis Américains des Combattants pour la Liberté d’Israël

Cher Monsieur,

Lorsque une catastrophe réelle et finale nous surprendra en Palestine, les premiers responsables seront les Britanniques et les seconds seront les organisations terroristes nées de nos rangs.

Je ne veux voir personne qui soit associé à ces gens qui font fausse route et sont des criminels.

Sincèrement vôtre,
Albert Einsein

Malheureusement, tout montre qu’Einstein a eu de nouveau raison. Avec les Britanniques étant depuis longtemps un lointain souvenir, ce sont effectivement les épigones des « organisations terroristes » de 1948 qui inéluctablement conduisent Israël – qu’ils gouvernent – vers la « catastrophe finale » ! Un Israël qui peut se montrer maintenant plus puissant et arrogant que jamais, mais qui, en même temps, est en train de traverser la plus grande crise existentielle de son histoire, pourrissant et se désintégrant à son intérieur. Le compte à rebours a déjà commencé et l’heure de la vérité approche.

Notes

1. Voir nos articles “Une nouvelle génération de Juifs américains contre Trump et Netanyahou !” https://cadtm.org/Une-nouvelle-generation-de-Juifs

Et aussi, “Des brèches béantes dans la sainte alliance américano-israélienne !” : https://cadtm.org/Des-breches-beantes-dans-la-sainte-alliance-american…

2. Einstein aurait pu devenir président d’Israël s’il avait accepté en Novembre 1952, la proposition que lui avait faite le fondateur de l’État d’Israël David Ben Gourion de succéder à Haïm Weizmann qui venait de mourir, à la présidence D’Israël.

3. Jabotinsky n’était pas fasciste, mais Mussolini était d’un autre avis quand il déclarait en 1935 au future grand rabbin de Rome Davide Prato : « Pour que sionisme réussisse, vous avez besoin d’un État juif, d’un drapeau juif et d‘une langue juive. La personne qui comprend tout ça est votre propre fasciste, Jabotinsky ».

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Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir

À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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