RapSit-USA2023 : Speaker sur mesure
On remarquera que les évènements continuent à être, même discrètement, inconformes aux normes habituelles du Système et à l’emprise du ‘DeepState’. Ainsi en est-il de l’élection du Speaker de la Chambre des Représentants, personnage d’une extrême importance dans la chaîne du pouvoir aux USA, et le plus important du point de vue de l’importance comparée de sa mainmise sur les deux pouvoirs : sur le pouvoir législatif (personnage le plus important du Congrès) et sur le pouvoir exécutif (second dans l’ordre de succession du président en cas de vacances du pouvoir suprême).
On sait que la démission du précédent Speaker date du 3 octobre, suite à une action décidée, presque de la guérilla législative, de Matt Gaetz, l’un des membres les plus extrêmes et actifs du ‘Freedom Caucus’, ce groupe d’une vingtaine d’élus (le chiffres varie), situés à la droite extrême du parti républicain, qui s’affirment populistes et marchent à fond avec Trump.
Quoi qu’on veuille et quoi qu’il en soit, et après l’une ou l’autre tentative des RINO (‘Republicans In Name Only’, ou les mandarins-Système du parti), ce sont finalement les extrémistes qui l’ont emporté avec Mike Johnson, de Louisiane. Surprise totale, parlementaire peu connu mais on découvre les positions extrêmement affirmées qui en font un membre éminent du ‘Freedom Caucus’. Le site ‘Axios.com’, nouvelle coqueluche de la presse semi-alternative, sérieux mais antiSystème en bonne part, écrit :
« Mike Johnson (R-La.), membre du Congrès depuis quatre ans et n'ayant jamais présidé de commission, a été élu président de la Chambre des représentants avec le soutien unanime des républicains, réalisant ainsi un exploit que peu de gens pensaient possible.
» Pourquoi c'est important : La politique est une affaire personnelle. Après 22 jours de paralysie et trois nominations ratées, le seul candidat capable d'unir les républicains de la Chambre est celui qui, apparemment, n'a pas servi assez longtemps pour se faire des ennemis… […]
» Mais ne vous y trompez pas : Johnson est un conservateur convaincu dont le négationnisme électoral [contestation de l’élection de Biden en 2020], le soutien à une interdiction nationale de l'avortement et l'opposition à l'aide à l'Ukraine déplaceront le centre de gravité de la Chambre fermement vers la droite. »
C’est un évènement important, qui suit l’espèce de période de mélasse atone et chaotique qui a suivi le départ de McCarthy. Il semblait alors que les USA pourraient aussi bien se passer de Speaker, – ils se passent bien de président, si l’on comprend ce que nous voulons dire. Mais l’arrivée d’un Speaker très attentif aux thèses populistes et trumpistes, avec les pouvoirs importants de la fonction, constitue un ‘bonus’ pour le pouvoir US, c’est-à-dire une sortie d’une partie de sa léthargie, peut-être pour embrasser un peu plus de désordre antiSystème ? On verra…
Dans tous les cas, Johnson, avec sa cravate standard et sa coiffure très comme-il-faut, a tout pour rassurer les inconscients, et particulièrement les RNO-mandarins… Et pourtant, les “huit fous” (les ultras parmi les ultras du ‘Freedom Caucus’) sont très satisfaits, – Alors, selon ‘Axios.com’ toujours, pour qui « MAGA a son Speaker »…
« Entre les lignes : L'élection d'un nouveau président conservateur est célébrée par les partisans de la ligne dure du GOP qui ont déclenché l'éviction de l'ancien président Kevin McCarthy (R-Calif.) le 3 octobre.
» “Si vous ne pensez pas que le fait de passer de Kevin McCarthy à Mike Johnson montre l'ascension de ce mouvement et où se trouve vraiment le pouvoir au sein du parti républicain, alors vous ne faites pas attention”, a déclaré le député Matt Gaetz (R-Fla.) sur le podcast de Steve Bannon.
» “Il y a un nouveau niveau de confiance avec le président Johnson qui n'existait pas auparavant. C'est pourquoi nous avons un nouveau président. C’est un partenaire conservateur", a déclaré Bob Good (R-Va.) à la presse.
» “Tout au long de ce processus, nous avons été traités de tous les noms. L'un d'entre eux était ‘les huit fous’”, a déclaré Eli Crane (R-Ariz). “Je suis assez fou pour croire que cette ville [‘D.C.-la-folle’] pourrait réellement changer”. »
Comment les trumpistes sont-ils parvenus à ce résultat ?
• Justement, parce qu’ils sont trumpistes autant que populistes, et que la popularité et l’autorité de Trump chez les républicains ne cessent de grandir à la mesure des attaques judicaires lancées contre lui par les juges démocrates et wokenistes ;
• Parce que les “‘huit fous” et les quelques autres du même calibre ont montré une fermeté exemplaire : ils ne voteraient pas pour un RINO quoi qu’il advienne, et comme leurs voix sont indispensables à cause de la faiblesse de la majorité républicaine… (Ironie : la faiblesse de l’avance trumpiste aux législatives de la mi-2022 a fait de leurs représentants les arbitres de la Chambre !) En face de ces fous, les RINO-mandarins, très nombreux mais ne voulant que la tranquillité d’un système qui marche en apparence et n’ayant pas le caractère d’accepter une période de bataille et de désordre, ont finalement cédé, par ailleurs rassurés par l’apparence et les méthodes douces du jeune Mike Johnson (« n'a pas servi assez longtemps pour se faire des ennemis… »).
• Parce que les démocrates ont montré un extraordinaire entêtement dans leur volonté de ne pas intervenir dans le débat républicain par des votes positifs dans certains cas de candidats qu’ils préféraient évidemment. Cet aveuglement ne peut être expliqué que par un mélange de dogmatisme idéologique et de haine irrationnelle entre les deux partis. La haine, notamment, avec son cortège de bêtise, est aujourd’hui un des moteurs des déchets qui représentent les débris de cette civilisation, et elle fonctionne particulièrement bien aux USA, avec l’affaiblissement du caractère qui en découle. Il nous semble, – c’est notre hypothèse préférée, – qu’on a là, plutôt que dans l’entrelacs de vastes complots où tout le monde se prend les pieds comme dans le tapis, l’explication principale de cette élection qui apporte aux trumpistes une aide importante et inattendue (sauf chez Trump, qui ne doute évidemment de rien).
Note de PhG-Bis : « Je ferais bien l’hypothèse rapprochant cette élection de la montée de Sahra Wagenknecht en Allemagne. Dans les deux cas, les évènements profitent de la profonde fatigue hébétée du Système, de ses transports de haine et de l’affaiblissement de son caractère… Le caractère ! Le caractère ! rappelez-vous cette belle remarque de Talleyrand, le roi de la corruption qui n’a jamais accepté d’être corrompu par la corruption qui tombait dans sa riche escarcelle brodée :
» “Il y a trois choses nécessaires pour former un grand homme, d’abord la position sociale, une haute position ; ensuite la capacité et les qualités ; mais surtout et avant tout le caractère. C’est le caractère qui fait l’homme.‘ Et il citait, poursuit-elle, à l’appui de son dire, tous les demi-dieux de l’histoire : Alexandre, César, Frédéric, et ajoutait : ‘Si un des pieds de ce trépied qui doit se maintenir par l’équilibre doit être plus faible que les deux autres, que ce ne soit pas le caractère… que ce ne soit pas le caractère !’” »
Mis en ligne le 26 octobre 2023 à 14H25
Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org