DASHL / YHU nous prend pour des valises de voyage

DASHL / YHU nous prend pour des valises de voyage

Un communiqué des gestionnaires (DASH-L) de l’aéroport de Saint-Hubert (YHU) vient d’annoncer leurs nouvelles orientations à propos des transporteurs qui desserviront l’aéroport en 2025 : il n’y aura pas de «gros porteurs».

Cette prétendue nouvelle n’est en fait qu’un constat de la réalité : les pistes de l’aéroport ne sont tout simplement pas assez longues pour accueillir de tels avions!

Tout le reste du communiqué tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes : des avions «de moins de 230 sièges» «silencieux» et «éco-énergétiques»… On croirait presque à des tapis volants! De l’écoblanchiment/greenwashing* aérien!

En revanche, il est bien réaffirmé l’objectif de l’aéroport de Saint-Hubert d’accueillir «4 millions de passagers annuellement», soit 11 000 passagers quotidiennement (alors qu’il y en a 11 000 par année actuellement). Avec la gamme d’avions visée, cela nécessitera environ 40 000 vols par an, une centaine de vols par jour, 6 à 8 vols par heure. Les résident.e.s des villes de Saint-Hubert, Longueuil, Boucherville, Saint-Lambert, Brossard, Saint-Bruno de Montarville ne sont pas prêts de vivre dans un environnement sain auquel ils ont pourtant droit selon la Loi1!

Il faut néanmoins lire entre les lignes de ce communiqué. Selon le propre aveu de DASH-L, le plan de financement du projet n’est pas finalisé : il manque clairement des compagnies qui viendraient compléter l’offre de Porter Airlines pour que le projet soit rentable. On comprend mieux pourquoi DASH-L n’a jamais voulu déposer, comme l’ont demandé deux rapports de consultation (rapport Trudel2 et OPPL3), son projet de développement pour qu’il soit évalué publiquement sur ses impacts économiques, sanitaires et climatiques.

L’intention de DASH-L est de mettre tout le monde devant le fait accompli, et forcer la main des pouvoirs publics pour obtenir des subventions directes ou indirectes, aux frais des contribuables. «Ça va nous prendre un soutien pour arriver à faire arriver les chiffres» nous expliquait sans rire Charles Vaillancourt4, ex-président de DASH-L, il y a deux ans. En réalité, ce projet mené sans étude d’impact sérieuse risque de devenir le futur éléphant blanc de l’aéronautique québécoise, dans la lignée du fiasco de Mirabel.

Et si le financement du projet n’était, et n’est toujours pas réglé, que penser maintenant de ses prétentions environnementales? Les études du Prof. P. Ariya5 de l’université de McGill démontrent que l’air du tarmac de l’aéroport Montréal-Trudeau est nettement plus contaminé qu‘au centre-ville de Montréal, et contient des métaux lourds comme le plomb. Des scientifiques suisses de l’université de Berne ont prouvé6 qu’une combustion du kérosène ou de biocarburants dans les turboréacteurs provoque l’apparition de particules favorisant l’arrivée de cancers. Quelle est la pollution actuelle à l’aéroport de Saint-Hubert? et en 2025?

Au regard de la catastrophe climatique en cours, où l’année 2023 est maintenant considérée mondialement comme la plus chaude jamais connue, la pire des dernières décennies, il est devenu urgent de réduire aussi les émissions de gaz à effets de serre (GES) de l’aviation. Sur une année, rien que la combustion du carburant de l’aviation mondiale correspond à environ 1 milliard de tonnes de CO2, soit en ordre de grandeur l’équivalent des émissions des 125 millions d’habitants du Japon7. Et il faut aussi comptabiliser les effets hors CO2, qui sont très loin d’être négligeables.

C’est pourquoi la Coalition Halte-Air Saint-Hubert8 réclame un moratoire sur ce projet9, et sur tout développement de l’aéroport de Saint-Hubert, tant et aussi longtemps que le plan complet du projet incluant les coûts publics n’aura pas été déposé publiquement et que tous ses impacts, non seulement économiques, mais aussi sanitaires et climatiques, présents et futurs, n’auront été analysés et discutés sérieusement et publiquement devant les citoyen.e.s.

* La définition de Wikipédia10 est plus que jamais pertinente : «Le greenwashing/écoblanchiment est un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation pour se donner une image trompeuse de responsabilité écologique.»

https://www.facebook.com/coalitionhalteairSH

https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/registre-environnemental-loi-canadienne-protection/droit-environnement-sain.html

https://consultation.quebec/wp-content/uploads/2022/10/Rapport-consultation-publique-TRUDEL-2022_final.pdf

https://oppl.nyc3.cdn.digitaloceanspaces.com/wp-content/uploads/2023/07/24144622/OPPL_Rapport_Aeroport_20221101.pdf

https://www.youtube.com/watch?v=ki9ydfdOmqs&t=1650s

ttps://www.ledevoir.com/societe/science/544465/pollution-atmospherique-a-l-aeroport

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1170998/combustion-kerosene-avions-poumons-nanoparticules

https://www.carbone4.com/analyse-faq-aviation-climat

https://www.facebook.com/coalitionhalteairSH

ttps://www.change.org/p/pour-un-moratoire-sur-le-d%C3%A9veloppement-de-l-a%C3%A9roport-de-saint-hubert

10 https://fr.wikipedia.org/wiki/Greenwashing
 

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Source: Lire l'article complet de L'aut'journal

À propos de l'auteur L'aut'journal

« Informer c’est mordre à l’os tant qu’il y reste de quoi ronger, renoncer à la béatitude et lutter. C’est croire que le monde peut changer. » (Jacques Guay)L’aut’journal est un journal indépendant, indépendantiste et progressiste, fondé en 1984. La version sur support papier est publiée à chaque mois à 20 000 exemplaires et distribuée sur l’ensemble du territoire québécois. L'aut'journal au-jour-le-jour est en ligne depuis le 11 juin 2007.Le directeur-fondateur et rédacteur-en-chef de l’aut’journal est Pierre Dubuc.L’indépendance de l’aut’journal est assurée par un financement qui repose essentiellement sur les contributions de ses lectrices et ses lecteurs. Il ne bénéficie d’aucune subvention gouvernementale et ne recourt pas à la publicité commerciale.Les collaboratrices et les collaborateurs réguliers des versions Internet et papier de l’aut’journal ne touchent aucune rémunération pour leurs écrits.L’aut’journal est publié par les Éditions du Renouveau québécois, un organisme sans but lucratif (OSBL), incorporé selon la troisième partie de la Loi des compagnies.

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