Depuis l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre, les réseaux sociaux sont inondés de désinformation. En quelques heures seulement, les plateformes comme Twitter et Tiktok sont devenues le terrain d’une véritable guerre de la communication. Et parmi ces fausses informations, on retrouve de nombreuses théories du complot : la thèse du terrorisme fabriqué, des images empruntées à d’autres conflits, de la propagande ou encore de la désinformation teintée d’antisémitisme.
Rudy Reichstadt explique que l’attaque du 7 octobre, et ses suites en Israël et dans la bande de Gaza, réunissent « tous les ingrédients propices à l’apparition d’une version complotiste« . Il cite ainsi « la surprise, l’ampleur de l’attaque qui nous met dans un état de sidération, or la sidération est propre à paralyser la réflexion« . Dans ce contexte, les conspirationnistes apportent donc tour à tour leur propre analyse à ce conflit qui dure depuis plus de soixante-dix ans. L’influenceur conspirationniste Valerian Ronzeau publie notamment une vidéo sur Twitter le 9 octobre dans laquelle il met en doute l’attaque, expliquant que, selon lui, Israël détient une armée trop puissante pour être vulnérable.
On retrouve ce type de théories « quasiment à chaque attentat« , rappelle Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch. Tristan Mendès-France note d’ailleurs que l’extrême droite américaine a tenté, dès le 16 octobre, de « pousser en tendance sur X (ex-Twitter) le hashtag \#BibiKnew, sous-entendant que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu savait » voire « aurait organisé véritablement ces attaques parce qu’il faisait face à des contestations internes liées à sa réforme de la Justice« .
Une vague sans précédent de désinformation et de théories du complot
Cette mécanique conspirationniste s’est mise en œuvre très rapidement et avec une ampleur inédite. « Quelques jours après le 7 septembre, X a indiqué qu’en 48 heures il y avait eu 50 millions de publications, ce qui est phénoménal« , indique Tristan Mendès France. Pour le maître de conférences associé à l’université de Paris spécialisé des cultures numérique « ce volume phénoménal autour de cette séquence représente une opportunité d’audiences et de visibilité pour les promoteurs de désinformation et de théories complotistes« .
Ces contenus ne sont pas nécessairement l’apanage des complotistes. Certains internautes les relayent sans avoir pleinement conscience qu’il s’agit en réalité de théories conspirationnistes. Rudy Reichstadt met ainsi en avant la différence entre « la désinformation active, intentionnelle avec pour but de tromper le public et la mésinformation qui est d’être exposé à des fausses informations et y croire sincèrement« . Pour Tristan Mendès France justement « que l’essentiel des théories complotistes et des désinformations qu’on voit circuler sont le fait de gens victimes de mésinformation« .
Face à ce constat, Rudy Reichstadt appelle à la plus grande prudence. Il encourage les internautes à prendre du recul avant de réagir dans l’immédiateté : « Lorsqu’on a une information sensationnaliste, propre à susciter une émotion extrême comme la colère ou la terreur, méfions-nous ; lorsqu’on a un manque ou une rareté des sources sur une information, soyons vigilant« , insiste-t-il.
« Guerre entre Israël et le Hamas, un nouveau moment complotiste », c’est le 54e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférence et membre de l’observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l’application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.
Source: Lire l'article complet de Conspiracy Watch