Dès la nouvelle de l’agression du Hamas en Israël, l’appui inconditionnel des États-Unis, du Canada et des autres pays alliés à Israël a été aussi immédiat et radical qu’une bombe. Aussitôt, la propagande médiatique guerrière est entrée en action et a cristallisé les puissances occidentales : sus aux « terroristes »! Raccourci facile. Cette éruption volcanique armée, insensée et suicidaire pilotée par le Hamas résulte d’un fort sentiment de révolte du peuple palestinien. Mais il y a plus.
Cet éclatement était prévisible. Le laisser-faire et l’aveuglement volontaire du gouvernement israélien, des pays occidentaux et de certains pays du Moyen-Orient ont laissé pourrir la situation. Les Gazaouis sont pris en otage autant par Israël que par le Hamas. Le carcan de fer et de feu auquel est soumis le peuple palestinien n’est pas un mythe.
Durant toutes les années d’occupation et de colonisation du territoire palestinien, tous les gouvernements alliés d’Israël concernés ont choisi de laisser faire. Israël est qualifié de pays démocratique, donc du bon côté de l’histoire, celle que disent écrire les pays dits développés occidentaux. Perception à sens unique, car on voit Israël comme un pays au fort potentiel de développement économique conforme au credo du libéralisme économique; tout ce que son gouvernement fait est bon aux yeux des affairistes au pouvoir dans les pays dits développés.
Malgré de nombreux échecs pour en arriver à établir deux États de droit (Israël et Palestine), les efforts diplomatiques dans la recherche d’une paix pérenne auraient dû être poursuivis. Position naïve? Peut-être, mais qu’a-t-on fait pour désamorcer le potentiel explosif des réactions d’un peuple palestinien opprimé? Qu’a-t-on fait pour garantir la sécurité d’Israël autrement que par le fracas des bombardements? Bien peu. On a plutôt toléré que le peuple palestinien soit dominé militairement au sein d’une enclave génératrice d’inégalités, de pauvreté, de chômage et de… frustrations profondes. On s’est contenté de démoniser les réactions des Palestiniens soumis au joug à la pointe du fusil. On a omis les principes du développement d’une culture et de politiques de paix. On a accepté volontairement de jouer la carte de la violence armée dans un rapport de force inégal. Au nom d’intérêts économiques et géopolitiques, la combinaison de multiples facteurs internes à Israël et à la Palestine sous le parapluie de l’indolence des pays occidentaux a nourri le radicalisme et le fanatisme du Hamas.
Et aujourd’hui, on s’étonne du déraillement généralisé de la situation qui conduit aux massacres de civils innocents des deux côtés du MUR… Il reste tant de pages tragiques de cette histoire à écrire. En attendant, l’escalade de la violence devrait cesser maintenant. Il est inacceptable que le président américain appelle à la vengeance et que le premier ministre canadien et le chef de l’opposition officielle évoquent sur tous les tons le droit d’Israël à se défendre. On semble n’avoir rien appris de l’application du principe de la vengeance pratiquée par l’armée américaine en Irak, pour ne citer que cet exemple. Le gâchis fut absolu.
Aujourd’hui comme hier, la propagande guerrière bâtit l’acceptation de la spirale funeste de la violence guerrière par l’opinion publique. Heureusement, des voix s’élèvent dans le sens contraire, ainsi « OXFAM Québec exhorte vivement toutes les parties à cesser immédiatement toutes les offensives militaires et à faire preuve de retenue pour empêcher une nouvelle escalade de violence qui ne ferait que nuire aux civils innocents des deux côtés. Cette montée de l’escalade militaire souligne l’échec persistant des dirigeants à remédier à l’occupation prolongée et au blocus de Gaza sans qu’aucune mesure significative ne soit prise. » Beaucoup d’autres organisations pacifistes proposent aussi des positions similaires. La confrontation armée ne peut que conduire à un drame sanglant plus destructeur encore; ce constat devrait suffire à convaincre de résister aux sirènes de la violence armée comme solution au drame actuel.
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