Une amie m’a dernièrement suggéré de regarder le film d’Éric-Emmanuel Schimtt, «Odette Toutlemonde»! J’y ai découvert la vérité suivante : à la suite de la lecture des livres d’un écrivain populaire qui la faisait planer au-dessus des vicissitudes de la vie, Odette Toutlemonde lui déclare ceci :
«Monsieur, je ne suis pas amoureuse de vous; je vous aime.»
Aimer est tout un défi quotidien et va bien au-delà du simple sentiment humain.
«Aimer est une décision» m’a enseigné un prêtre il y a bien des décennies, lors de mes cours (obligatoires) de préparation au mariage. J’ai pensé qu’il n’avait pas tort, mais qu’il n’avait pas raison non plus. Erreur de ma part : il avait entièrement raison! La vie de tous les jours me l’a finalement prouvé. Il ne s’agit pas de dire «je t’aime» à l’autre (tout autre) pour véritablement aimer : il faut le démontrer par des actions, il faut «faire l’amour» au quotidien de tous les jours de notre vie. (Jacques Senécal, philosophe)
L’amour est rationnel et la raison doit se marier avec les émotions et les sentiments éprouvés pour véritablement être à son paroxysme. C’est le mariage de la raison et de l’émotion qui fait l’amour véritable.
«Un des grands malheurs de l’homme, c’est que ses bonnes qualités mêmes lui sont quelquefois inutiles, et que l’art de s’en servir et de les bien gouverner n’est souvent qu’un fruit tardif de l’expérience.»
«L’honnête homme, détrompé de toutes les illusions, est l’homme par excellence. … Il ne saurait être pédant, ne mettant d’importance à rien. Il est indulgent, parce qu’il se souvient qu’il a eu des illusions, comme ceux qui en sont encore occupés.»
Chamfort présenté par Frédéric Schiffter,
«La pensée console de tout», Flammarion, 2014
Réflexions 337 et 339
Est-ce que les autorités se trompent? Oui, elles se trompent, autant que quiconque; la sagesse est de le reconnaître afin de corriger les erreurs.
L’IRIS et l’IREC en vedette
Il faut dire NON à l’IRIS comme il faut dire NON à l’IRÉC : ces institutions viennent de produire des réflexions sociales économiques absolument démesurées et sans bon sens. Il faut leur dire poliment «Non, merci» : elles viennent chacune d’exagérer dans leur ambition par des réflexions idéalistes excessives. Il y a des limites à rêver une société parfaite; ce qui n’existera jamais, m’a enseigné Henri Laborit; ceci n’empêche pas qu’il faille y travailler pour corriger les erreurs du passé, mais il faut viser les bonnes cibles et de manière adéquate.
Les membres des Caisses Desjardins ne sont pas des contribuables «PLUS» d’une coopérative d’épargne et de crédit financiers au service de la province de Québec (Projet de l’IREC). Et il n’appartient pas à l’État du Québec de nourrir tous les enfants d’âge scolaire du primaire et du secondaire (Projet de l’IRIS); cette dernière responsabilité revient de droit aux parents en totalité, facilitée certes par l’État, mais absolument pas orchestrée par celui-ci.
Je viens de terminer la lecture du projet d’un «programme universel d’alimentation scolaire pour le Québec» par l’IRIS (Institut de Recherche et d’Informations Socioéconomiques); ma conclusion est la suivante :
Le rêve d’une conciliation «travail – famille» tente trop souvent de se réaliser aux frais de l’État et pratiquement jamais par un réel apport de l’entreprise privée ou par l’engagement des citoyens vis-à-vis de leurs responsabilités humaines. C’est notre système capitaliste de base qui régente tout en termes de coût-bénéfice et qui oriente trop souvent nos décisions humanitaires. Il ne faut pas penser que la «bonne gouvernance» doit venir des entreprises ou des gouvernements : c’est là un faux concept; les citoyens sont les premiers à se discipliner pour réussir une vie équilibrée. Les entreprises et l’État doivent les aider ensemble et s’en conscientiser.
Aller trop loin! Qui peut et doit trouver la limite du OÙ, QUAND, COMMENT, et du POURQUOI nous irions trop loin? C’est tout un chacun, ensemble.
Nos systèmes d’Éducation ne sont pas encore parvenus à enseigner adéquatement l’ART D’AIMER à nos futurs adultes et voici que l’on songe à instaurer un programme universel d’alimentation scolaire au Québec! Ne serait-il pas plus pertinent de commencer par apprendre à notre jeunesse qu’il est primordial de savoir que «Charité bien ordonnée commence par soi-même» et ainsi apprendre comment «aimer son prochain comme soi-même»? Ces deux préceptes n’ont rien à voir avec les religions, mais tout avec la philosophie, la sociologie et l’économie.
L’ART D’AIMER est une lacune majeure de notre système d’Éducation et quand une autorité pense que l’État devrait nourrir à son compte ses progénitures, c’est là un jugement déficient de ce que la nature même enseigne depuis la nuit des temps : il appartient aux parents de nourrir adéquatement ses descendants.
Aucune société ne doit rendre passif ses enfants : l’apprentissage à l’autonomie personnelle, à la responsabilisation, à l’indépendance intellectuelle, à la capacité d’assumer librement ses choix tout comme apprendre à AIMER doit s’inculquer dès l’âge de raison, et doit passer par l’apprentissage à ce qu’est véritablement l’amour : l’amour, bien au-delà du sentiment ou de l’affection envers l’autre (tout autre) est un art à apprendre adéquatement.
Bien que les intentions et prétentions de l’IRIS soient nobles, il faut dire NON à son projet et son emballement à rendre dépendant nos enfants, nos futurs adultes de demain. L’IRIS doit se conscientiser davantage au fait que son programme universel d’alimentation scolaire ne s’adresse pas aux classes riches de notre société, lesquelles refusent toujours de partager et laissent l’État se débrouiller avec le problème de la pauvreté. L’Éducation doit d’abord solutionner la pauvreté intellectuelle de tout un chacun; là est sa mission première pour aider à répandre la richesse matérielle à toutes et à tous.
Il est urgent que l’Éducation des citoyens se fasse à un sain apprentissage de l’autonomie et de l’indépendance; l’art d’aimer commence par soi-même. Nous sommes tous déficients dans la bonne gestion du respect. Cela inclut le respect des personnes en incapacité d’autonomie; elle doit considérer la dignité de tous dans ce respect, et donc, leur liberté d’être.
Une discipline de base est nécessaire de la part des parents pour bien nourrir leurs enfants (et eux-mêmes) avant d’aller à l’école et au travail. Avons-nous cette discipline élémentaire comme peuple? Nous devons tous l’acquérir. Se lever tôt le matin pour commencer la journée du bon pied en se donnant le repas le plus important de celle-ci : le déjeuner! Les déséquilibres constatés par l’IRIS démontrent avant tout une discipline personnelle délinquante quant aux priorités que doivent assumer les parents vis-à-vis leurs enfants et envers eux-mêmes : l’Éducation aux saines habitudes de l’existence qui n’ont pas été acquises antérieurement continue d’être déficiente par des programmes complètement inadaptés et inefficaces. Même l’IRIS le confirme.
L’IRIS aurait dû se demander dès le départ de son étude : jusqu’où l’État doit assumer des responsabilités qui relèvent d’abord des parents. Comment l’État peut-il soutenir ses citoyens dans leurs responsabilités parentales?
«La vie est un combat», nous a enseigné Darwin; avait-il tort ou raison? Jusqu’où devons-nous combattre selon la définition de ce mot? Là est la question, mais surtout combattre QUOI? Tous nos déséquilibres disciplinaires seraient à considérer. Il y a des choix et des disciplines qui exigent jugement et effort, et ce, non pas de la part de l’État seul, mais bel et bien de la part des citoyens et leur gouvernement.
Si l’IRIS encourage l’État à multiplier ses budgets à l’alimentation des enfants à l’école par une infrastructure gigantesque, c’est que l’IRIS reconnaît que le peuple du Québec ne peut faire l’effort individuel de bien nourrir ses enfants ni se donner la disciple à cette fin. Il y a donc des lacunes éducatives graves de base du citoyen que l’IRIS oublie et transfert à l’État dans un programme immensément lourd et… impossible.
L’IRIS a fait un immense travail de réflexion dont l’étendue des considérants confirme son idéalisme excessif, pratiquement irréaliste dans notre monde économique capitaliste; l’IRIS, dans sa bonne intention, projette des énergies vers de mauvaises cibles. Il faut malheureusement rejeter globalement cette perspective d’action du gouvernement à cause principalement que le ministère de l’Éducation doit en priorité former les enfants à l’autonomie, la responsabilisation, l’indépendance intellectuelle et à la capacité d’assumer librement leurs choix. De plus, l’IRIS n’a pas établi dès le départ l’objectif de sa réflexion : voulait-elle régler les petits déjeuners des enfants affamés du primaire, ou prendre à bras le corps tout le problème de la saine alimentation des enfants du primaire et du secondaire, et leur enseigner de saines habitudes de vie?
Son éparpillement final et les nombreuses contradictions inévitables d’une économie privée capitaliste avec celle du domaine public démontrent l’échec de cet examen socioéconomique; elle demande à être reprise dans son entièreté en situant mieux, dès le départ, l’objectif à atteindre et quand le pourra-t-on : des objectifs clairs et réalistes pour arriver à des résultats probants, graduels et réussis en un temps raisonnable.
Il faut remercier l’IRIS d’avoir fait ce travail de réflexion important qui est une nécessité pour le Québec : trouver la meilleure façon de bien nourrir nos enfants qui vont à l’école primaire et secondaire. Mais l’IRIS est parti du constat préalable de la solution : un immense programme universel d’alimentation scolaire! La réponse au problème de départ (les ventres creux des enfants qui, pour une raison ou une autre, arrivent affamés le matin à l’école) aurait dû commencer par chercher le «pourquoi» les enfants sont affamés ou mangent d’une façon inadéquate pour leur santé globale et pour favoriser leur capacité à apprendre. L’IRIS a élaboré la solution avant même de bien définir le problème à résoudre.
Bien qu’il semble financièrement possible que ce programme universel d’alimentation scolaire puisse se mettre en action, des considérations en ressources humaines adéquatement formées et prêtes à assumer les responsabilités de bien nourrir les enfants ont été trop négligées dans l’analyse de l’IRIS; l’immense projet dans sa conception devient ainsi une source de multiples inquiétudes d’ordre économique (privé vs public), sociologique (personnel compétent partout au Québec) et financière (les coûts d’aujourd’hui vs les coûts de demain, et les infrastructures nécessaires à l’ambition de départ) quant à sa faisabilité, sa souplesse d’utilisation, sa réussite.
Nous pensons que la responsabilité de bien nourrir les enfants d’âge scolaire du primaire et du secondaire revient aux parents qui doivent être les premiers bien instruits à cette obligation parentale. Il faut reprendre le temps perdu vis-à-vis des adultes parents d’aujourd’hui. Le réseau de l’Éducation du Québec (les commissions scolaires et les directions des écoles) pourrait informer sinon former les parents à cette fin en début de chaque année scolaire en promulguant les facilités qu’aurait chaque école en fonction de la constitution des repas dans les «boîtes à lunch» des enfants. Contrairement à la pensée de l’IRIS (et je le répète) il n’est pas de la responsabilité de l’État d’orchestrer et de nourrir les enfants; ce sont les parents qui doivent naturellement assumer ce devoir. À l’État de les former dès leur plus jeune âge à cette responsabilité parentale par un vrai enseignement de l’Art d’aimer adéquatement.
Nous ne sommes pas une société riche à ce point que les citoyens peuvent décharger à l’État leur responsabilité parentale de nourrir leurs enfants. Même si l’IRIS a découvert la fenêtre du fonds des générations pour tenter d’organiser cette infrastructure, il y a des limites à rêver l’idéalisme. Nos propres réalisations d’antan dans le domaine de la Santé (retour au privé) sont là pour nous avertir de faire plusieurs pas de recule à des ambitions irréalistes.
Je souhaite que l’IRIS accuse réception de cette réflexion. 25 septembre 2023; ce qui a été fait ce même jour à 14 h 46. Je remercie l’IRIS de son accusé de réception.
François Champoux, Trois-Rivières
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec