Ukraine : vers une Bérézina à bas bruit?

Ukraine : vers une Bérézina à bas bruit?

Philippe

Ce qui s’est déroulé au Congrès, à Washington, mardi soir, est un véritable tsunami, qui pourrait bien marquer un virage brutal dans la guerre qui oppose l’OTAN à la Russie en Ukraine.  Je dis bien l’OTAN, parce que dans cette histoire, les Ukrainiens comptent clairement pour des prunes, c’est juste un réservoir de chair à canon utilisé par les occidentaux pour tenter de détruire la Russie.   Sans succès jusqu’ici, et c’est peu dire.

Mardi soir, donc, le speaker du congrès, le mou, le mal-élu Kevin McCarthy était destitué à l’initiative d’une fronde menée par un autre républicain, Matt Gaetz.  La raison de cette destitution, qui je le rappelle a nécessité aussi des voix démocrates, afin de réunir une majorité est simple : McCarthy a essayé de faire passer un accord pour éviter le shutdown1 dans lequel il avait inclus une énième aide financière à l’Ukraine.  En gros, il est fortement soupçonné d’avoir passé un accord secret avec le camp Biden pour perpétuer la politique mortifère du « quoi qu’il en coûte ».

Pas vraiment du goût des républicains, qui voient désormais l’Ukraine comme un tonneau des Danaïdes, une ruine perpétuelle en pure perte, qui menace aujourd’hui l’ensemble de l’économie américaine qui était déjà dans ses petits souliers.   Il ne faut pas perdre de vue non plus que les États-Unis sont rentrés dans une phase de campagne électorale dont le principal enjeu est le retour de Donald Trump à la présidence, ce qui pourrait faire prendre un tour bien différent à la politique étrangère américaine.

Notons aussi qu’en novembre 2024, ce sont les 435 membres de la United States House of Representatives (chambre basse du congrès) qui remettront leur mandat aux mains des électeurs.  Ces politiciens roués, généralement pourris jusqu’au trognon comprennent que la guerre en Ukraine ne vend plus vraiment du rêve, et que les Américains, qui s’appauvrissent chaque jour un peu plus (à l’exception des ultra-riches, of course) n’acceptent plus que le pays se saigne pour soutenir une guerre perdue d’avance alors que le pays bascule dans la misère.

La guerre ne peut perdurer que par la magie de la planche à billet, mais cet expédient, désormais usé jusqu’à la corde, vient avec des conséquences à long terme que beaucoup peinent à réaliser.   Rome est tombée pour cette raison, la République de Weimar aussi, et on connaît la suite.  À force de diluer la richesse par la production de fausse monnaie, plus rien n’a vraiment de valeur.   Seule la peur est susceptible de tenir les troupes des laquais inféodés, et ceci ne dure qu’un temps.

Au-delà de la Bérézina financière, il y a la défaite sur le terrain, et elle est sèche.  La (supposée) puissante alliance militaire qu’est l’OTAN s’est trouvée mise en échec par la seule Russie, qui se bat avec un bras lié dans le dos.  Alors même que la Russie n’a rien fait pour écraser militairement l’Ukraine, ce qui aurait pu être réglé en une semaine.

Et malgré tous les milliards injectés, les armes innombrables fournies par les occidentaux à l’Ukraine, l’échec est cuisant.   Pire, le roi est désormais nu, et tant les États-Unis que leurs alliés n’ont plus rien à donner à l’Ukraine.  Alles verkauft, comme on disait au bon vieux temps de la RDA lorsque les épiciers fermaient leur magasins à 15h parce qu’il n’y avait plus rien en magasin.

Il faut comprendre que ceci a déjà commencé à avoir des conséquences pratiques sur le terrain de la géopolitique internationale.   Désormais plus personne ne craint les États-Unis ou leurs laquais, ainsi qu’en atteste le mépris désormais affiché par la plupart des pays à leur endroit.  Ceci donne lieu à des importants mouvement quasi-tectoniques en Afrique par exemple.   Le panafricanisme a la cote, et les néocolonialistes se font mettre à la porte de partout.    Pauvre Français ridicules qui ont sacrifié leur excellente politique étrangère gaullienne pour une poignée de fayots, qui se voient maintenant en tête de la peu glorieuse course à la tiers-mondisation aux côtés de leurs excellents amis ennemis Teutons.   Grandeur et décadence de deux puissances régionales qui se croyaient Prométhée et qui finiront comme lui, par se faire bouffer le foie chaque jour que Dieu fait.

Si la tendance se confirme et que le Congrès s’accroche à l’idée de ne plus donner un sou à l’Ukraine, gageons que la guerre sera terminée en deux semaines.  Et on mettra la défaite sur le dos de la corruption des élites Ukrainiennes, on a déjà commencé à le faire d’ailleurs :

Ex-EU boss says Ukraine too corrupt to join

The European Commission ex-president warned against making unrealistic promises to Kiev amid reports of upcoming membership talks

Deep-rooted and widespread corruption means that Ukraine will not be able to join the European Union any time soon, former President of the European Commission Jean-Claude Juncker has said. In addition, earlier this week, Politico reported that the US government is putting pressure on Kiev to combat graft more effectively.  Source RT

Ce n’est pas un hasard si on nous ressort du placard le vieux pochtron momifié, c’est clairement téléguidé.  À la fois un coup de sonde et un coup préventif au regard du désastre diplomatico-militaire qui se profile.

D’ailleurs la presse à la botte américaine ne dit pas autre chose :

US increases pressure on Ukraine to do more to counter corruption (CNN)

Les semaines à venir seront sans doute décisives, et nous verrons si le marigot de Washington s’accroche toujours plus à l’idée d’une victoire illusoire, ou si, de manière pragmatique, les États-Unis laisseront tomber l’Ukraine et ses alliés comme de vieux Kleenex, pour se claquemurer comme une huître, dans une tentative désespérée de retarder l’effondrement ultime qui s’en vient.

Sic transit gloria mundi.

Note :

  1. Aux États-Unis, un arrêt des activités gouvernementales (en anglais : government shutdown) est une situation politique dans laquelle le Congrès échoue à autoriser suffisamment de fonds pour les opérations gouvernementales. Dans ce cas, l’administration fédérale cesse tout service à la population à l’exception, dans un premier temps, des services dits « essentiels ». Toutefois, comme le Congrès doit autoriser toutes les dépenses, il n’y a aucune loi protégeant un service gouvernemental d’un arrêt. Les services continuant leurs activités après un shutdown sont le National Weather Service (service météorologique) et ses offices liés, les services médicaux dans des structures fédérales, les forces armées, le contrôle du trafic aérien et le système pénal.  Source : wiki

Source : Le Vilain Petit Canard (sous dictature tout court)

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À propos de l'auteur Profession Gendarme

L'Association Professionnelle Gendarmerie (APG) a pour objet l’expression, l’information et la défense des droits et intérêts matériels et moraux des personnels militaires de la gendarmerie et de toutes les Forces de l'ordre.Éditeur : Ronald Guillaumont

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