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La scandaleuse publicité américaine pour augmenter le soutien à la guerre
par Aaron Maté
Le groupe «Républicains pour l’Ukraine» dirigé par Bill Kristol a publié une publicité télévisée pour doper le soutien du Parti républicain à la guerre par procuration de Washington contre la Russie.
Elle est honnête sur le véritable objectif de cette guerre : faire progresser les intérêts stratégiques américains en utilisant les Ukrainiens comme chair à canon.
La fin justifie les moyens. Il n’y a plus de considération morale, ou humanitaire, seul comptent les intérêts supposés..
Le cynisme ne se cache pas, il s’affiche.
Voici une transcription :
«Lorsque l’Amérique arme l’Ukraine, nous obtenons beaucoup pour peu. Poutine est un ennemi de l’Amérique. Nous avons utilisé 5% de notre budget de défense pour armer l’Ukraine, et avec cela, ils ont détruit 50% de l’armée de Poutine. Nous avons fait tout cela en envoyant des armes que nous avions en stock, pas nos troupes. Plus l’Ukraine affaiblit la Russie, plus elle affaiblit également son allié le plus proche, la Chine. L’Amérique doit se montrer forte face à ses ennemis. C’est pourquoi les républicains du Congrès doivent continuer à soutenir l’Ukraine.»
Note BB c’est une singulière conception de la force que celle qui consiste cyniquement à envoyer les autres, des tiers à la mort! Moi j’appelle cela de la lâcheté.
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«Républicains pour l’Ukraine» a été lancé le mois dernier par «Défendre ensemble la démocratie», une autre opération de gestion narrative dirigée par Kristol et financée par des oligarques comme Pierre Omidyar .
Kristol, qui en tant que leader d’opinion néoconservateur a joué un rôle central dans la promotion de l’invasion de l’Irak en 2003, a tweeté samedi que la publicité «serait diffusée demain dans les émissions du dimanche à Washington».
Cette annonce révèle crument le probleme de la communication politique : elle doit viser des publics ciblés et donc diffuser des messages différenciés, mais en même temps elle risque de se contredire.
Il faut tenir un certain type de discours pour le public intérieur et un autre type de discours pour le public extérieur. Les motivations et les ressorts étant différents, il devient de plus en plus difficile de ne pas se contredire.
Les dossiers cyniques de la Rand qui exposent les tenants et aboutissants des guerres américaines sont publics et si la presse/TV faisait son métier, elle exposerait tout cela et démolirait les argumentations des puissants. Hélas les médias eux même sont tenus et au aux ordres des puissants donc ils se gardent bien de faire ce travail.
Le message mondial c’est :
nous conduisons les démocraties qui luttent contre l’autocratie et pour les libertés
le message domestique c’est
nous sommes en guerre contre les Russses et les Ukrainiens se battent pour nous à moindre cout
C’est la même chose en communication «business» : pour l’image publique vous devez tenir un discours bien-pensant, conforme d’agneau, mais pour les assemblées d’actionnaires et les banquiers vous devez tenir un discours de loup prédateur.
Macron par exemple veut attirer les capitalistes étrangers en France donc il leur promet qu’ils pourront exploiter les salariés français à moindre coût et en même temps il fait croire au peuple qu’il agit dans son intérêt.
Ces situations choquantes se révèlent de plus en plus souvent grâce aux réseaux sociaux qui diffusent tout en temps réel.
La segmentation de la Com produit des choses monstrueuses.
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EN PRIME
Les dirigeants de l’Empire discutaient ouvertement de la manière dont une guerre en Ukraine bénéficierait directement à l’empire américain bien avant l’invasion.
En 2019, un article de la Rand Corporation, financé par le Pentagone, intitulé «Extending Russia — Competing from Advantageous Ground» détaille comment l’empire peut utiliser la guerre par procuration, la guerre économique et d’autres tactiques de la guerre froide pour pousser son ennemi géopolitique de longue date au bord du gouffre sans coûter aucune vie américaine ou déclencher un conflit nucléaire. Le document commandé par l’armée américaine mentionne l’Ukraine des centaines de fois et discute explicitement de la manière dont une guerre dans ce pays pourrait être utilisée pour promouvoir des sanctions contre Moscou et attaquer les intérêts énergétiques de la Russie en Europe.
En décembre 2021, John Deni, de la société de propagande de l’OTAN The Atlantic Council, a rédigé un article pour le Wall Street Journal intitulé «Les arguments stratégiques pour risquer la guerre en Ukraine», sous-titré «Une invasion serait une erreur diplomatique, économique et militaire pour Poutine».
Deni a soutenu qu’«il y a de bonnes raisons stratégiques pour que l’Occident adopte une approche dure «à l’égard de Moscou et refuse de négocier ou de reculer sur l’Ukraine, car cela inciterait la Russie à envahir, et cela «forgerait une politique anti-terroriste encore plus forte». Le consensus anti-russe dans toute l’Europe, «entraînerait une nouvelle série de sanctions économiques plus débilitantes qui affaibliraient davantage l’économie russe» et «saperait la force et le moral de l’armée russe tout en sapant la popularité intérieure de M. Poutine et en réduisant la puissance «soft» de la Russie à l’échelle mondiale».
Les propagandistes à l’intérieur de l’empire parlaient clairement de la manière dont cette guerre bénéficierait aux États-Unis avant l’invasion, et ils parlent depuis lors de l’ampleur des bénéfices qu’elle apporte aux États-Unis .
David Ignatius du Washington Post en juillet dernier écrivait : «ces 18 mois de guerre ont été une aubaine stratégique, à un coût relativement faible (sauf pour les Ukrainiens)…. L’OTAN est devenue beaucoup plus forte avec l’arrivée de la Suède et de la Finlande. L’Allemagne s’est affranchie de sa dépendance à l’égard de l’énergie russe et a retrouvé, à bien des égards, son sens des valeurs. Les querelles au sein de l’OTAN font la une des journaux, mais dans l’ensemble, cet été a été triomphal pour l’alliance.»
Les dirigeants de l’empire obtiennent de cette guerre tout ce qu’ils veulent. En public, ils déchirent leurs vêtements, pleurent des larmes de crocodile et qualifient cela de terrible atrocité criminelle, mais de temps en temps, ils regardent la caméra et lui lancent un rapide sourire à la manière de Fleabag.
Ils savaient exactement ce qu’ils faisaient lorsqu’ils ont provoqué cette guerre, et ils savent exactement ce qu’ils font maintenant.
source : Bruno Bertez
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