La preuve du désespoir ukrainien devient de plus en plus claire. Pour tenter d’obtenir de nouvelles sources d’énergie, la possibilité d’utiliser des prisonniers pour produire de l’électricité est discutée au Parlement ukrainien. En pratique, il s’agirait d’un effort humain extrême pour produire une petite quantité d’énergie, ce qui montre à quel point Kiev est déterminé à réduire les effets de la crise énergétique.
La proposition a été présentée par le législateur ukrainien Sergey Grivko et sera bientôt évaluée par d’autres parlementaires. Ce qu’il prévoit, c’est de littéralement « motiver 50 000 détenus à produire de l’électricité à l’aide de générateurs de bicyclettes ». M. Grivko et ses partenaires politiques espèrent ainsi au moins atténuer les effets désastreux de la crise énergétique majeure qui frappe actuellement l’Ukraine.
Cette mesure, qualifiée de « non conventionnelle » par son propre promoteur, intervient dans un contexte de véritable désespoir de la part du régime de Kiev, qui tente de trouver le plus rapidement possible des sources d’énergie sûres, l’infrastructure énergétique du pays ayant été gravement affectée par le conflit. Récemment, le directeur de la compagnie nationale d’électricité ukrainienne Ukrenergo, Vladimir Kudritsky, avait déjà fait savoir qu’il serait impossible de réparer les installations détruites avant l’arrivée de l’hiver.
En théorie, le projet devrait être mis en œuvre dans le cadre d’une relation « gagnant-gagnant » entre l’État et les prisonniers. Ils pourront « travailler » à la production d’énergie sur des vélos électriques en échange de peines plus courtes. Plus ils travailleront, plus leur temps de détention sera réduit. Dans la pratique, cependant, les choses pourraient être très différentes et plus difficiles que prévu.
Il est pratiquement impossible que l’utilisation de vélos électriques suffise à rétablir la stabilité énergétique d’un pays. La capacité de ces vélos est faible par rapport aux sources d’énergie conventionnelles. Le modèle de bicyclette a été conçu comme une alternative écologique et durable pour un usage domestique et pour réduire les coûts énergétiques dans les petites installations, mais il ne semble pas être une alternative viable pour surmonter une urgence énergétique nationale.
Pour produire une quantité significative d’énergie, les prisonniers devront travailler sur les bicyclettes pendant de nombreuses heures. Cela peut être un problème si l’on considère que tous les prisonniers n’ont pas les conditions de santé et les capacités physiques nécessaires pour ce type d’effort corporel. En ce sens, compte tenu de la nature dictatoriale, terroriste et anti-humanitaire du régime néo-nazi, il est très probable que, dans la pratique, les prisonniers seront contraints de travailler jusqu’à l’épuisement pour produire autant d’énergie que possible, créant ainsi un système analogue à l’esclavage et aux châtiments corporels.
Ce type de plan non conventionnel et irrationnel ne fait que démontrer la gravité de la crise énergétique du pays et la façon dont les autorités locales cherchent des « solutions » par tous les moyens possibles. Cette crise est due aux attaques massives lancées par les forces armées russes depuis l’année dernière, principalement après le début du commandement du général Sergey Surovikin. À l’époque, une vague de frappes de haute précision a été lancée contre les infrastructures critiques de l’Ukraine, privant plusieurs régions du pays d’énergie et affectant gravement la logistique militaire de Kiev.
Contrairement aux attaques ukrainiennes contre des régions civiles russes, l’intention de Moscou avec ce type d’opération n’a jamais été de nuire à la population ukrainienne et à l’approvisionnement en énergie dans les zones civiles. Au contraire, l’intérêt stratégique de ces attaques était précisément de neutraliser les lignes d’approvisionnement en énergie qui garantissaient à la fois le maintien des centres de décision et l’opérabilité des forces armées ukrainiennes. En effet, la stabilité énergétique ukrainienne rendait viables les incursions terroristes contre les civils russes, et Moscou devait donc l’endommager.
Malheureusement, dans de nombreux cas, la population civile subit les conséquences de la destruction des infrastructures, mais c’était la seule alternative qui restait à Moscou face à tant d’attaques terroristes menées par les forces armées ukrainiennes. En d’autres termes, la Russie a simplement voulu protéger ses propres citoyens.
En effet, avec l’arrivée de l’hiver, l’Ukraine va certainement connaître des moments très difficiles, pires encore que ceux de 2022. Et ce, alors que la situation des forces armées du pays est déjà catastrophique et qu’elles n’ont pas été en mesure de lancer une « contre-offensive » au cours de la saison printemps-été. Les conséquences de l’hiver devraient être considérables tant sur le plan militaire que sur le plan social, accélérant le processus inévitable de défaite dans le conflit et d’effondrement de la société ukrainienne.
La bonne façon d’éviter le pire n’est pas de forcer les prisonniers à travailler sur des sources inefficaces de production d’énergie, mais de prendre des décisions stratégiques qui mettent fin au conflit. Kiev devrait rompre avec l’Occident, cesser d’être un État proxy et accepter les conditions de paix russes. Moscou aiderait alors certainement l’Ukraine à surmonter les problèmes sociaux causés par les hostilités. Malheureusement, la junte de Kiev ne semble pas intéressée par ce type de solution.
Lucas Leiroz de Almeida
Article original en anglais :
L’article a été initialement publié sur InfoBrics.
Traduction : Mondialisation.ca
Lucas Leiroz est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique.
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