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par Andre Damon
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président américain Joe Biden se sont adressés à l’Assemblée générale des Nations unies à New York dans le but de mobiliser le soutien à la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie.
Leur intervention fait suite à l’échec de l’«offensive du printemps» de l’Ukraine, qui n’a pas permis de gains territoriaux significatifs malgré la perte de dizaines de milliers de soldats ukrainiens. Lundi, le gouvernement de Zelensky a annoncé qu’il avait limogé tous ses vice-ministres de la Défense, à la suite du renvoi, le mois dernier, du ministre de la Défense du pays, Oleksii Reznikov.
Pour ajouter au contexte de crise et de désespoir, un jour avant l’intervention de Zelensky à l’ONU, le New York Times a publié un article réfutant les affirmations selon lesquelles l’attaque de missiles du 6 septembre sur un marché ukrainien, qui a tué au moins 15 civils, était un massacre délibéré perpétré par des «terroristes» russes. Selon le Times, le désastre était plutôt le résultat d’un tir de missile ukrainien prétendument accidentel, qui a coïncidé malencontreusement avec l’arrivée du secrétaire d’État, Antony Blinken, en Ukraine le même jour.
Le licenciement massif de l’ensemble des cadres du ministère ukrainien de la Défense constitue un aveu presque ouvert de l’échec de la contre-offensive. Zelensky se rend par avion à Washington pour des entretiens d’urgence. C’est évident que le gouvernement Biden réagit à ce revers militaire par une escalade de la guerre. Il demande au Congrès de voter une nouvelle enveloppe de 21 milliards de dollars en armes et en aide à l’Ukraine, qui s’ajouterait aux 150 milliards de dollars déjà alloués. Il s’apprête également à envoyer des missiles à longue portée capables de frapper loin en territoire russe.
La couverture médiatique américaine utilise de plus en plus directement le langage de la guerre ouverte contre la Russie. «Comment mener la guerre financière contre l’économie de la Russie», peut-on lire dans un éditorial du Washington Post.
Thomas Friedman du New York Times, l’un des principaux propagandistes de guerre américains, a appelé les États-Unis dans un article d’opinion publié vendredi à lever d’urgence toutes les restrictions qui subsistent dans le cadre de l’intervention. «L’Ukraine doit infliger un maximum de dégâts à l’armée de Poutine aussi vite que possible», a écrit Friedman.
«Cela signifie que nous devons fournir massivement et rapidement les armes dont l’Ukraine a besoin pour briser les lignes de Poutine dans le sud-est du pays. Je parle d’absolument tout : des F-16…; des systèmes de missiles tactiques de l’armée MGM-140, qui pourraient frapper profondément derrière les lignes russes – tout ce que les Ukrainiens peuvent utiliser efficacement et rapidement».
Friedman a conclu que «la garantie de la justice dans la guerre exige presque toujours la défaite totale et l’occupation de l’agresseur».
Exprimant ouvertement les objectifs des États-Unis, Friedman a déclaré que «l’Ukraine est un pays qui change la donne pour l’Occident» parce que «son intégration dans l’Union européenne et l’OTAN constituerait un jour un changement de pouvoir qui pourrait rivaliser avec la chute du mur de Berlin et l’unification de l’Allemagne».
La semaine dernière, Reuters a rapporté que le gouvernement Biden se préparait à envoyer à l’Ukraine le missile «ATACMS» à longue portée, capable de frapper à des centaines de kilomètres derrière les lignes russes, exposant ainsi la capitale russe, Moscou, à un risque d’attaque avec des armes de l’OTAN.
Vendredi, un groupe de sénateurs républicains a publié une déclaration demandant au gouvernement Biden d’envoyer le système de missiles «ATACMS» à l’Ukraine.
«Nous vous écrivons pour vous demander d’envoyer immédiatement le système de missiles tactiques de l’armée MGM-140 (ATACMS) à l’Ukraine», écrivent les sénateurs. «Tout retard supplémentaire ne fera que compromettre davantage les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis et prolonger ce conflit».
Ils ajoutent : «La récente frappe ukrainienne sur le port naval de Sébastopol à l’aide de l’arme britannique à longue portée, «Storm Shadow» a démontré l’efficacité de ces armes sur le champ de bataille».
La lettre fait référence à l’attaque menée la semaine dernière par l’Ukraine contre deux navires de guerre russes en cale sèche dans le port de Sébastopol. Alors que les responsables ukrainiens n’avaient pas admis auparavant avoir mené des frappes à l’intérieur de la Russie, ils se sont vantés d’être responsables de l’attaque de la semaine dernière.
Plus importants encore, ils ont ouvertement admis avoir utilisé les missiles fournis par l’OTAN pour mener l’attaque, un responsable ayant déclaré à Sky News : «C’était Storm Shadow», en référence au missile à longue portée fourni par le Royaume-Uni à l’Ukraine au début de l’année.
La semaine dernière, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a effectivement approuvé l’utilisation par l’Ukraine de missiles à longue portée de l’OTAN pour frapper à l’intérieur de la Russie, déclarant qu’il «leur appartient de prendre des décisions sur ce qui peut être le plus efficace lorsqu’il s’agit de restaurer leur intégrité territoriale».
La trajectoire de ces développements est claire. Alors même que les forces mandataires ukrainiennes subissent une catastrophe militaire après l’autre, les États-Unis intensifient leur implication directe dans la guerre, abandonnant de plus en plus l’excuse qu’ils ne mènent pas une guerre contre Moscou.
Pour donner une idée de ce qui se discute en coulisses, le président finlandais, Sauli Niinistö, a mis en garde contre la menace d’une escalade nucléaire de la guerre dans une interview publiée dimanche dans le New York Times.
Niinistö a déclaré : «Nous nous trouvons dans une situation très délicate. Même de petites choses peuvent changer la situation et malheureusement pour le pire. C’est le risque d’une guerre à grande échelle». Il a conclu : «Le risque que des armes nucléaires soient utilisées est énorme».
En fait, ce que les États-Unis cherchent à présenter comme de l’assurance est en réalité du désespoir. Confronté à une crise économique et sociale de plus en plus grave, l’impérialisme américain cherche à préserver son hégémonie mondiale et la domination du dollar américain dans la vie économique mondiale, qu’il perçoit comme étant de plus en plus menacée par la montée en puissance de la Chine.
L’aggravation de la crise militaire fait pression sur les États-Unis pour qu’ils interviennent directement afin d’éviter un désastre. Maintenant que les armes de l’OTAN sont utilisées pour des frappes à l’intérieur de la Russie, quelle est la marge de manœuvre des États-Unis pour une escalade ? L’étape suivante est le déploiement de troupes américaines et de l’OTAN, voire le déploiement ou l’utilisation d’armes nucléaires dans le conflit.
Ce désastre peut et doit être évité. Le sentiment pour un mouvement de grève de masse dans les industries automobiles américaines et canadiennes montre la force sociale qui doit être mobilisée pour stopper la marche vers la guerre des impérialistes. La guerre est, fondamentalement, une «guerre sur deux fronts», non seulement contre les pays que les États-Unis cherchent à dominer et à soumettre, mais aussi contre la classe ouvrière nationale, que la classe dirigeante cherche à discipliner et à réprimer dans le cadre de la transition de l’Amérique vers la production de guerre.
La tâche centrale dans la lutte contre la guerre est d’unifier les revendications sociales des travailleurs et la lutte contre la politique étrangère prédatrice de l’impérialisme américain.
source : World Socialist Web Site
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