Anéantir 50 ans de luttes sociales ?

Anéantir 50 ans de luttes sociales ?

Le 6 septembre dernier, la commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) du Québec, Joanne Castonguay, lançait, très discrètement, une nouvelle consultation portant sur les valeurs sur lesquelles appuyer l’évaluation de notre système de santé et de services sociaux.

Une telle consultation aurait pu nous réjouir, mais pour la Coalition Solidarité Santé, plusieurs signaux captés aux cours des derniers mois concernant les travaux de la CSBE nous inquiètent de plus en plus sérieusement.

Alors qu’elle dit vouloir sonder la population du Québec sur ses valeurs, son opinion sur le système de santé est déjà faite. Lors d’une conférence à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain le 5 juillet dernier, la commissaire a affirmé que la nécessaire transformation du système de santé du Québec passait par davantage de partenariats public-privé, et que, compte tenu de la méfiance présente dans la population concernant le secteur privé, une éducation globale sur cette question était nécessaire1.

Les enjeux en cause sont beaucoup trop importants pour accepter qu’une simple consultation très ciblée, limitée, peu médiatisée et possiblement biaisée serve de pierre angulaire aux travaux de la commissaire, qui affiche déjà publiquement sa volonté de privatiser davantage notre réseau public.

Rappelons que depuis quelques décennies, les investisseurs privés occupent une place grandissante dans le réseau de la santé québécois et, pourtant, les problèmes d’accès se multiplient et les couts ne cessent de grimper. Plutôt que la solution, le recours accru au privé est en fait le problème à résoudre. Aucune étude sérieuse ne démontre sa plus grande efficacité, bien au contraire.
 

Le droit à la santé pour toutes et tous

Depuis plus de 50 ans, les groupes sociaux du Québec se battent pour réduire les inégalités sociales et faire respecter les droits, notamment pour assurer l’accès à des services publics de santé à toutes et à tous, peu importe leur capacité de payer.

Rappelons qu’avant l’avènement de notre réseau public de santé, de nombreuses familles s’endettaient lorsqu’un de leurs membres tombait malade ou se blessait. Certaines perdaient tout. Avec l’assurance-maladie publique, nous nous sommes donné les moyens d’aider et de soigner tous les gens qui en auraient besoin, peu importe leur statut social ou économique.

Bien sûr, la pandémie, qui nous a toutes et tous ébranlés, a révélé au grand jour les vulnérabilités de notre système de santé. Bien entendu, de nombreuses personnes attendent toujours les services et les soins requis par leur état de santé. Assurément, il faut changer certaines façons de faire. De là à ouvrir toute grande la porte au privé sous prétexte d’une plus grande efficacité non démontrée, il n’en est pas question!
 

Voulons-nous vraiment jouer à la roulette russe avec notre santé?

En fait, personne ne connait quel sera son état de santé ou sa situation financière dans 15 ans. Et tout le monde voudra avoir accès à des services publics de qualité advenant un diagnostic grave. Il faut avoir une vision globale et à long terme des solutions. Car la solution privée d’aujourd’hui, pour résoudre soi-disant temporairement un problème, pourrait devenir demain notre plus grand problème. Ce qui se passe chez nos voisins du Sud est un avertissement très sérieux de ce qui pourrait se produire au Québec si nous ouvrons toutes grandes les portes au secteur privé2.
 

La principale leçon de la pandémie

Ajoutons que les grandes organisations internationales, comme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation des Nations Unies (ONU), le Fonds Monétaire international (FMI) et l’Internationale des services publics (ISP), s’entendent pour dire que les gouvernements du monde doivent renforcer leurs soins de santé et leurs dispositifs de protection sociale. Les crises climatiques et sanitaires, actuelles et à venir, imposent une intervention rapide des autorités publiques, une réponse que seuls les systèmes publics bien rodés et financés peuvent orchestrer.
 

Défendre nos valeurs collectives de justice et de solidarité sociale

Nous devons nous faire entendre en grand nombre! Il y a urgence d’agir. Il ne faut surtout pas baisser les bras, malgré la morosité ambiante et le repli sur soi assez généralisé. Les organisations de défense des droits ont le devoir d’agir, et plusieurs le font déjà très activement. La Coalition Solidarité Santé a demandé à être entendue dans le cadre de la consultation de la CSBE. Compte tenu du parti pris évident de la commissaire pour le privé, nous exigeons qu’il y ait, enfin, un vrai débat public démocratique sur nos valeurs et l’avenir de notre réseau de santé!

La Coalition Solidarité Santé est un regroupement québécois d’organisations citoyennes, communautaires et syndicales qui défendent le droit à la santé et l’accès aux services publics de qualité pour l’ensemble de la population du Québec.

https://www.ccmm.ca/fr/blog-ccmm/transition-energetique/la-necessaire-transformation-du-systeme-de-sante-du-quebec-conference-de-joanne-castonguay/
https://www.pressegauche.org/Medicare-for-All-une-bataille-transformatrice-qui-peut-avoir-un-echo-au-dela

 

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Source: Lire l'article complet de L'aut'journal

À propos de l'auteur L'aut'journal

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