Fondée à l’ONU en 1964, la coalition G77 + Chine se réunira à Cuba les 15 et 16 septembre prochains pour renforcer les voix des pays en développement et réclamer l’instauration d’un nouvel ordre économique international.
Lula da Silva pour le Brésil, Alberto Fernández pour l’Argentine, Antonio Guterres pour représenter l’ONU… Ils furent les premiers à confirmer leur présence au Sommet organisé par le G77 + Chine les 15 et 16 septembre prochains à La Havane, Cuba, bientôt rejoints par plus d’une centaine de représentants des 134 pays formant cette coalition, porte-voix des pays du Sud aux Nations unies.
Calé dans l’agenda des chancelleries à peine quelques jours avant le début de la grand-messe diplomatique annuelle -le débat de l’Assemblée générale, prévue du 19 au 23 septembre à New York – et après un G 20 marqué par un bras de fer entre pays émergents et un bloc occidental dominé par des États-Unis, nul doute que ce sommet préparé sous les auspices d’une présidence cubaine servira de tour de chauffe pour un Sud parvenant de plus en plus à faire entendre sa voix.
Réunis autour du thème des « défis actuels du développement », les membres du G77 + Chine échangeront durant deux jours sous la direction d’un pays organisateur soucieux de défendre un « système commercial multilatéral basé sur des règles transparentes, non discriminatoires, ouvertes et inclusives », mais aussi un accès universel à l’éducation et à la santé, « à travers une approche basée sur la décolonisation culturelle et économique des peuples ».
Renforcer la capacité de négociation commune du Sud
Alors que la déclaration finale a déjà été approuvée par référendum au niveau des ambassadeurs, le ministre des Affaires étrangères de Cuba, Bruno Rodríguez Parrilla, espère que le sommet se conclura par l’approbation définitive d’un texte « progressiste » reflétant des revendications qui ne manquent pas de bousculer le statut quo. En plus d’aborder de manière critique la question de la dette extérieure croissante des pays en développement, la déclaration finale « exigera l’élimination urgente des mesures coercitives unilatérales et l’instauration d’un nouvel ordre économique international », rapportait sur X (ex-Twitter) le ministère dont a la charge Bruno Rodríguez Parrilla.
Créé en 1964 par les membres du Mouvement des non-alignés à l’issue de la première Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, le G77 – la plus grande organisation intergouvernementale de pays en développement rattachée aux Nations unies – a pour objectif de promouvoir les intérêts économiques de ses membres tout en servant de levier pour amplifier leurs capacités de négociation commune au sein des organes multilatéraux.
« Nos peuples doivent pouvoir accéder à un niveau de vie décent », signalait alors un certain Ernesto « Che » Guevara, à l’époque à la tête de la délégation diplomatique cubaine à Genève. Il y pointait déjà la nécessité d’instaurer « un traitement équitable » à propos des règles régissant l’ordre économique international, et l’impérieuse nécessité de « mettre en place une nouvelle division internationale du travail ».
« Promouvoir le développement de nos pays »
Près de six décennies plus tard, le combat – encore loin d’être gagné – continue pour les pays du Sud. « Ce discours du Che est toujours d’actualité », expliquait mardi Pedro Luis Pedroso, représentant spécial de Cuba auprès du Groupe, à l’antenne de la chaîne pan-latino-américaine Telesur. « Qu’il s’agisse de la réforme du système financier international, des intérêts que représentent les institutions issues des Accords de Bretton Woods ou encore de la façon dont les pays développés tirent profit des richesses provenant des pays en développement. »
Dans un contexte où la collaboration Sud-Sud est encore très souvent entravée par les mécanismes d’un système financier conçu par et pour les grandes puissances économiques, Pedro Luis Pedroso souligne le rôle des obstacles mis par les pays du Nord pour entraver le développement du reste du monde.
Face à des pays du Nord qui « n’assument pas pleinement leurs responsabilités », le diplomate Cubain Abelardo Moreno souligne les efforts réalisés par son gouvernement durant l’année écoulée pour « faire de la coopération Sud-Sud un instrument véritablement efficace pour promouvoir le développement de nos pays ».
Avec l’entrée du Soudan du Sud en 2015, le G77 comprend aujourd’hui 134 États, auxquels s’ajoute la Chine qui y collabore depuis l’extérieur, tout en étant considérée comme un membre officiel. Bien que ses affiliés représentent 80 % de la population mondiale, il y a fort à parier que ce sommet passera inaperçu aux yeux d’une grande partie de la presse occidentale.
Source : l’Humanité du 14/09/2023
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